
La guerre des talents risque de s'amplifier en 2023. Après une année marquée par des fortes embauches, le marché de l'emploi des cadres devrait être encore dynamique l'année prochaine.
« Les volumes d'emploi sont historiques. Les difficultés de recrutement ont été consistantes tout au long de l'année 2022 », a déclaré Coralie Rachet, directrice du cabinet de recrutement international Robert Walters à Paris lors d'un point presse consacré, ce mardi 13 décembre, à une vaste étude annuelle sur les rémunérations dans le monde.
« Malgré les signaux de récession, les volumes d'emplois sont supérieurs à la main-d'œuvre disponible. De plus en plus d'entreprises font appel à des cabinets de recrutement. Ce qui illustre le niveau de tensions », ajoute-t-elle.
La reprise post-pandémie en 2021 avait considérablement accru les problèmes de recrutement sur le marché de l'emploi des cadres. Un an après, ces difficultés sont loin d'être retombées malgré une économie en berne. En France, le marché du travail enregistre des résultats surprenants avec un rythme des créations d'emploi supérieur à celui de l'activité. Selon les derniers chiffres de l'Insee dévoilés ce mardi 13 décembre, le secteur privé a crée plus de 120.000 emplois nets au cours du troisième trimestre. L'emploi a ainsi augmenté de 0,6% entre juillet et septembre contre 0,4% au deuxième trimestre.
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Salaires : +4% pour les salariés en poste et... +17% pour attirer les recrues
Le rebond de l'économie en 2021 et la guerre en Ukraine ont propulsé l'inflation à des niveaux records cette année. L'indice des prix à la consommation pourrait finir au dessus de 6%, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee du mois d'octobre. En face, les entreprises ont commencé à faire des efforts en matière de rémunération. Mais, la plupart des catégories socioprofessionnelles ont connu des pertes de pouvoir d'achat, d'après les récentes enquêtes menées par la direction statistique du ministère du Travail.
Face à cette flambée des prix, les entreprises interrogées dans le cadre de cette enquête ont prévu des hausses de 4% pour les salariés en poste. Les dirigeants qui veulent recruter sont prêts à proposer des augmentations de 17%. Comment expliquer un tel différentiel ?
Prime de risque et pénurie
Le cabinet de recrutement international explique ce fossé par la prise de risque des personnes déjà en poste. Pour attirer certains profils très qualifiés, les entreprises sont prêtes à proposer des hausses substantielles de rémunération. À cela s'ajoutent les pénuries de personnes qualifiées sur certains métiers, en particulier dans la haute technologie par exemple.
Malgré ces efforts consentis, les hausses de rémunération proposées par les employeurs ne devraient pas permettre de compenser l'inflation prévue entre 4,2% et 6,9% en 2023, selon les dernières projections de la Banque de France dévoilées en septembre. Face aux craintes de « grande démission », les entreprises redoublent d'efforts pour mettre en place des nouvelles initiatives en favorisant le télétravail, des programmes de formation, ou en présentant des plans d'augmentation sur plusieurs années. « Cette dernière mesure permet aux collaborateurs de mieux se projeter, et à l'entreprise de les fidéliser », souligne le cabinet.
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La finance et les ressources humaines tirent leur épingle du jeu
Les entreprises devraient embaucher à tour de bras sur certains postes. Parmi les offres d'emploi attendues en fortes hausses, figurent les ressources humaines (+78%), la finance (+73%), le juridique (+65%) ou encore la data. Pour tous ces métiers, le cabinet prévoit des augmentations supérieures à 6% en 2023.
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Méthodologie : enquête réalisée auprès de 1.700 cadres et entreprises interrogés en ligne en septembre 2022 en France.
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