Les militants socialistes votent la confiance au gouvernement

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  598  mots
Jean-Christophe Cambadélis sera élu le 28 mai Premier secrétaire du Parti Socialiste
Dans la perspective du Congrès de Poitiers du Parti Socialiste, la motion défendue par le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, et soutenue par le gouvernement a remporté environ 60% des suffrages des militants. Le Premier ministre Manuel Valls se trouve conforté dans sa politique. Les "frondeurs"' enregistrent une sévère défaite.

A l'Elysée, à Matignon et dans les hautes sphères du Parti Socialiste, on doit pousser un « ouf » de soulagement. Dans le cadre de la préparation du congrès du PS du 5 au 7 juin à Poitiers, La motion « A », conduite par le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, est arrivée largement en tête lors de la consultation des militants, appelés à choisir la ligne du parti et qui devaient se prononcer sur quatre textes. La motion du premier secrétaire, signée par la quasi-totalité des ministres socialistes ainsi que par les poids lourds du parti - dont Martine Aubry -, a recueilli environ 60 % des suffrages. Environ 55% des 130.000 militants du PS se sont déplacés pour voter. Pour Jean-Christophe Cambadélis, « c'est un vote de sortie de crise, c'est un vote de renouveau ». Il est vrai que le Premier secrétaire, tablait plutôt sur une courte majorité.

Déception des "frondeurs"

La motion « B », défendue par les « frondeurs » du PS ainsi que par l'aile gauche du PS est arrivée en seconde position avec un peu moins de 30 % des voix. Christian Paul, député de la Nièvre, déçu, ne veut cependant pas abandonner le combat interne : « Il faut faire en sorte que le Parti Socialiste soit respecté, y compris par le gouvernement ». Il estime aussi que son combat, via le refus des « frondeurs » de voter certains textes de loi présentés par Manuel Valls, a également porté ses fruits : « Nous avons réveillé le PS qui était en hibernation ».

Christian Paul se présentera jeudi 28 mai face à Jean-Christophe Cambadélis, pour l'élection au poste de Premier secrétaire du PS. Il sera a priori battu mais espère rassembler la plus forte minorité possible.
Les deux autres motions, la « D » défendue par la députée Karine Berger et la « C » emmenée par Florence Augier, ont pour leur part recueilli des scores entre 8 % et 10 % pour la première et entre 2 % et 3 % pour la deuxième.

Une voie dégagée pour Manuel Valls

En tout état de cause, avec les résultats de la motion « A », les amis de Jean-Christophe Cambadélis devraient obtenir la majorité absolue des sièges au bureau national et au conseil national du PS. De quoi rassurer Manuel Valls et François Hollande pour la suite du quinquennat. De fait, le Premier ministre espère ainsi ne plus avoir besoin de recourir au « 49-3 » pour faire voter des textes, comme il avait dû le faire à l'occasion de la « loi Macron » du fait de la réticence des « frondeurs ». Or Manuel Valls a encore des projets de loi difficiles à présenter, notamment ceux qui vont s'attaquer au Code du travail.
Pour autant, il n'est pas du tout certain que le vote des militants doive être interprété comme un chèque en blanc adressé à la ligne sociale libérale de Manuel Valls. L'ambiguïté demeure. Les militants n'ont-ils pas plutôt exprimé leur souhait de faire cesser les polémiques internes, alors que les échéances électorales très difficiles de 2017 se profilent ?
Ceci dit, Manuel Valls et François Hollande peuvent dire merci à Martine Aubry. En apportant sa caution à la motion « A », la maire de Lille a refusé de jeter de l'huile sur le feu et de diviser davantage encore le PS. Si elle avait rejoint la motion « B », comme le souhaitaient beaucoup de ses amis, l'histoire aurait été différente. Mais alors, la crise interne se serait amplifiée. Ce que ne souhaitait pas l'ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin.