Les patrons de TPE n'apprécient pas les organisations patronales

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  594  mots
81% des petites entreprises de moins de 20 salariés n'adhèrent à aucune organisation patronale
Selon un sondage Ifop-Fiducial, 81% des entreprises de moins de 20 salariés n'adhèrent à aucune organisation patronale. Et 65% estiment que la future loi Rebsamen ne va pas améliorer le dialogue social.

C'est peu de le dire : chez les dirigeants des très petites entreprises, la méfiance règne. Méfiance à l'égard du monde politique, méfiance à l'égard des syndicats... Mais méfiance également à l'endroit des organisations patronales qu'elles ne jugent pas représentatives. C'est, en tous cas, ce qui ressort du dernier baromètre Ifop-Fiducial réalisé auprès d'un échantillon de 1.003 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés.


Rejet des organisation patronales nationales

Ainsi, il s'avère que... 81% des dirigeants de TPE ne sont pas adhérents d'une organisation patronale. Et parmi celles qui sont encartées, 70% ont choisi une autre centrale que les quatre plus connues : Medef, CGPME, Unapl (professions libérales) et UPA (artisans). D'ailleurs, 60% des TPE estiment que la représentativité des organisations patronales est insuffisante pour assurer des négociations nationales au nom des TPE. Et parmi la minorité qui fait tout de même confiance aux organisations patronales, ce sont le Medef et la CGPME qui seraient les « moins pires» des organisations pour 43% des sondés, devant l'Unapl (30%) et l'UPA (28%). Des scores très faibles donc pour l'ensemble de ces structures patronales qui ont de quoi s'inquiéter alors que vont bientôt commencer les opérations visant à vérifier la représentativité de chaque organisation patronale.

On peut d'ailleurs s'étonner de la faible popularité de l'UPA qui est censée pourtant représenter plus spécifiquement ces entreprises. Pire, 45% des patrons de PME déclarent ne pas connaître l'UPA et l'Unapl...
En revanche, l'organisation patronale au niveau de la branche est davantage appréciée : 62% des patrons de PME en ont une bonne image et 56% considèrent qu'elle défend mieux leurs intérêts. Mais ce que ces dirigeants ne savent pas forcément c'est que cette structure de branche est elle-même adhérente d'une organisation nationale. Par exemple, la Capeb (patronat des petites entreprises du bâtiment) est adhérente de l'UPA.

Le projet de loi sur le dialogue social jugé inutile

Cette méfiance des « petits patrons » on la retrouve aussi face au projet de loi sur la modernisation du dialogue social qui sera examiné en séance publique à l'Assemblée nationale du 26 au 29 mai prochains. Si 62% des dirigeants de TPE se disent favorables à la création de commissions paritaires régionales réunissant des organisations patronales et syndicales pour faciliter le dialogue social, ils sont tout de même 65% à penser que ces structures ne vont pas améliorer le dialogue social. Pis, 59% des sondés estiment même que le projet de loi sur le dialogue social va renforcer la présence des syndicats de salariés au sein des TPE. Pourtant, au contraire, le texte tend plutôt à les en éloigner... Et ils sont même 78% à craindre que le projet de loi de François Rebsamen ne soit qu'une étape vers de nouvelles contraintes.
Enfin, 98% des patrons de TPE estime que la qualité du dialogue social dans leur entreprise est bonne. Mais dans 8% des cas seulement, un salarié discute avec son patron au nom de la collectivité de travail.

Tout ceci tend à prouver que les dirigeants de TPE sont favorables à un dialogue direct et individualisé avec leurs salariés, ce qui est bien entendu plus aisé dans une petite structure que dans une grande. Et ces dirigeants craignent par-dessus tout toute forme d'institutionnalisation de ce dialogue, surtout s'il doit se faire via les syndicats. Mais ce n'est absolument pas la voie choisie par le projet Rebsamen. Manifestement le projet de loi n'est pas encore très bien connu.