Santé : le plan de Macron pour redessiner le système

Par latribune.fr  |   |  1033  mots
Cette réforme de la santé prévoit notamment d'endiguer les déserts médicaux. (Crédits : POOL New)
Lutte contre les déserts médicaux, fin du numerus clausus, création de 4.000 postes d'assistants médicaux pour décharger les médecins de la paperasse... Emmanuel Macron a dévoilé ce mardi 18 septembre les grandes mesures de sa « stratégie nationale de transformation du système de santé ». Une réforme, financée à hauteur de 3,4 milliards d'euros d'ici à 2022, qui permettra notamment de renforcer l'offre de soins.

« Ce système de soins n'est plus adapté ni à l'offre ni à la demande ni à l'offre de soins [...] Nous devons restructurer pour les cinquante années à venir ». Lors de sa conférence de presse à l'Elysée ce mardi 18 septembre, le président Emmanuel Macron a annoncé la couleur, en détaillant  les points essentiels de sa « stratégie de transformation du système de santé ». Porté par la ministre de la santé Agnès Buzyn, le plan « Ma Santé 2022 » comprend 54 mesures touchant aussi bien l'organisation de la médecine libérale que celle de l'hôpital.

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Parmi les annonces phare, la suppression, à la rentrée 2020, de l'emblématique « numerus clausus ». Depuis 1971, cette mesure limite le nombre d'étudiants admis en deuxième année d'études de médecine, de maïeutique, d'odontologie ou de pharmacie. Un système de quotas qualifié de « gâchis » par Agnès Buzyn et d' « inefficace et injuste » par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. « Le numerus clausus sera supprimé pour cesser d'entretenir une rareté superficielle », a justifié ce mardi le chef de l'État.

400 médecins recrutés pour endiguer les déserts médicaux

Autre mesure importante : la création, d'ici 2022, de 4.000 postes subventionnés d'assistants médicaux chargés de seconder les médecins libéraux. Si leur profil (infirmier, aide-soignant ou assistant administratif) reste à définir, ce dispositif devrait permettre aux médecins de gagner 25% à 30% de temps médical.

Pour bénéficier de ces assistants, les médecins devront toutefois se réunir au sein de cabinets de groupe et s'engager à augmenter le nombre de patients suivis.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a appelé à « lutter contre les déserts médicaux ». Pour endiguer leur développement, 400 médecins généralistes vont être recrutés sur la base du volontariat et seront salariés par des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé situés dans ce type de zone. Une mesure élaborée comme un dispositif d'urgence avant que les effets de la réforme ne se fassent sentir. Sur cette approche fondée sur le volontariat, l'Élysée précise néanmoins qu'il n'exclut pas de prendre des mesures coercitives dans « deux ou trois ans » en l'absence de « prise de conscience collective » et de sens de la responsabilité.

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Les crédits de l'assurance maladie en hausse

Véritable casse-tête, le financement des hôpitaux va être revu conformément à la promesse de campagne d'Emmanuel Macron de réduire la part de la tarification à l'activité (T2A) dont les dérives entraînent une inflation du nombre d'actes dans les établissements hospitaliers. Mise en place en 2004 dans le cadre du plan « Hôpital 2007 », cette méthode de financement rémunère les établissements en fonction de l'activité médicale qu'ils effectuent et constitue quelque 63% des ressources des hôpitaux publics. Dès 2019, de nouveaux financements seront mis en œuvre pour des maladies chroniques comme le diabète et l'insuffisance rénale, obligeant hôpitaux et professionnels de santé libéraux à se coordonner et à partager une rémunération forfaitaire.

D'autre part, les crédits de l'assurance maladie augmenteront ainsi de 2,5% l'an prochain, au lieu des 2,3% prévus, soit près de 400 millions d'euros supplémentaires. Le plan global sera doté d'un budget de 3,4 milliards d'euros d'ici à 2022, a indiqué le ministère de la Santé. Dans le détail, 1,6 milliard d'euros seront consacrés à « la structuration des soins dans les territoires », 920 millions à l'investissement hospitalier, 500 millions à la « transformation numérique » et 420 millions à « l'évolution des métiers et des formations », selon le ministère de la Santé.

Des efforts portés sur le numérique

Le président a indiqué vouloir « construire un système autour du patient dans un parcours de soins fluide et coordonné ». Cela « suppose le développement de nouveaux outils numériques, a-t-il ajouté. Rien ne sera possible sans une mise à jour verticale de l'architecture de l'outil numérique », afin de « partager l'information médicale ». Aussi, quelque 4,9 milliards d'euros seront mobilisés pour « accélérer la numérisation du système de santé et de cohésion sociale » dans le cadre du grand plan d'investissement 2018-2022. « Nous devrons nous doter dans les trois prochaines années d'une véritable offre de santé numérique. Cela partira du dossier médical partagé déployé au plan national en novembre prochain », a expliqué le chef de l'Etat.

Attendu depuis plus de dix ans et déjà expérimenté dans neuf territoires, le dossier médical partagé (DMP) sera généralisé à partir d'octobre. Autre nouveauté numérique, la télémédecine, qui doit permettre de lutter contre les déserts médicaux, est depuis samedi dernier remboursée par la Sécurité sociale. Emmanuel Macron souhaite que les premières mesures parmi celles qu'il a évoqué devrait pouvoir être appliquée dès le début de l'année 2020, après une loi dédiée à la santé débattue au parlement dans le courant de l'année 2019, sans donner plus de détails.

« Ce défi est essentiel pour notre nation », a assuré le chef de l'Etat.

(Avec AFP et Reuters)