Macron de retour à Davos pour une France au sommet !

Par Philippe Mabille  |   |  926  mots
Emmanuel Macron à Davos en janvier 2018 avec le fondateur du WEF, Klaus Schwab (Crédits : Reuters)
VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. Pour sa troisième participation dans le programme officiel, le président de la République sera la star de la 54ème édition du Forum économique mondial mercredi 17 janvier. Il profitera de son retour à Davos pour vanter la « fierté française » en cette année olympique. Le chef de l'Etat sera accompagné de quatre présidents de région et de vingt startups et PME et rencontrera les plus puissants dirigeants de la planète pour attirer les investissements étrangers en France.

« Make it iconic. Choose France », la campagne de marketing lancée par le gouvernement pour attirer les investissements étrangers fera partie des bagages du président de la République pour sa venue au Forum économique mondial qui se tient à Davos du 15 au 19 janvier. C'est la troisième fois qu'Emmanuel Macron participe comme chef de l'Etat au forum de Davos puisqu'il avait été invité déjà à s'y exprimer en 2018 en présentiel, et en visio-conférence en 2021 dans un « Davos virtuel » pendant l'épidémie de Covid. A chaque occasion, le président de la République a utilisé cette vitrine internationale, où se pressent dans la petite station des Grisons suisses le ban et l'arrière-ban des dirigeants mondiaux de la politique et des affaires, pour défendre l'attractivité du pays. Mais cette édition 2024 est particulière puisque cette année mettra particulièrement à l'honneur la France, entre le 80ème anniversaire du débarquement du 6 juin 1944, les Jeux Olympiques et Paralympiques cet été et la fin de la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L'occasion de vendre la destination France est donc encore plus belle.

Mercredi 17 janvier sera donc à Davos une journée très française même si d'autres chefs d'Etat importants s'exprimeront aussi en plénière dont Javier Milei, le président argentin, et le Premier ministre chinois Li Qiang. Présent uniquement pour une journée, Emmanuel Macron qui prononcera un grand discours à 17h00, fera de sa venue une sorte de mini-sommet Choose France, cette manifestation qu'il organise chaque année au château de Versailles en présence de nombreux chefs d'entreprises étrangères qui y annoncent des projets d'investissement.

En délocalisant à Davos l'opération, le chef de l'Etat rencontrera ainsi une soixantaine de « CEO » des principales multinationales et sera accompagné pour des ateliers spécifiques pour chacun par quatre présidents de régions : Valérie Pécresse pour l'Île-de-France, Renaud Muselier pour la Région Sud, Christelle Morançais pour les Pays-de-la-Loire et Franck Leroy pour le Grand Est. Une initiative inédite amplifiée par la présence de 20 patrons ou patronnes de PME, ETI ou de startups. Car le Forum économique est aussi une vitrine pour se faire connaître et rencontrer des clients internationaux. Seront aussi présents quelques « happy few » du CAC 40 et habitués de Davos comme Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Benoît Potier (Air Liquide), Catherine McGregor (Engie), Bernard Charlès (Dassault Systèmes), Jean-Pascal Tricoire (Schneider Electric), Sabrina Soussan (Suez).

Tous les Français de Davos se retrouveront pour une soirée « Make it iconic » mercredi soir, à l'invitation de Business France, l'agence publique de promotion de l'attractivité de la France. Seront notamment présents le chercheur en IA Yann Le Cun, le patron français du laboratoire d'intelligence artificielle de Meta (ex-Facebook) ainsi que Fanny Moisant, la fondatrice de la startup Vestiaire Collective. Deux des égéries de Make it iconic... Une belle opération de com' donc, pour la bonne cause, celle d'attirer en France les investissements nécessaires à la réindustrialisation et à la bataille de la souveraineté. Un des thèmes clés de Davos cette année sera évidemment l'intelligence artificielle générative avec la présence de Sam Altman, fondateur d'Open AI et de Satya Nadella, le CEO de Microsoft, entre autres. Emmanuel Macron consacrera d'ailleurs une partie de son discours aux enjeux de l'IA pour la France et l'Europe et aux frontières entre régulation et innovation. 

Mais pas question de rééditer la folle soirée de la French Tech du CES Las Vegas organisée en janvier 2016 par Havas pour le futur candidat Macron, qui avait fait couler beaucoup d'encre. L'Elysée a expliqué vendredi que cette « équipe France », qu'il s'agisse des représentants des régions ou des PME qui accompagnent le président de la République, sont les invités du World Economic Forum. Le chef de l'Etat ne s'attardera pas d'ailleurs à Davos. Emmanuel Macron, qui vient de remanier son équipe gouvernementale, sera de retour en France et "au travail, au travail, au travail" dès jeudi matin. D'ici là, il devrait enfin lever le voile, ce mardi, avant Davos donc, sur la mystérieuse « initiative politique d'ampleur » qu'il a promis aux Français. Après s'être remanié lui-même en nommant un Quinze de combat avec le gouvernement resserré annoncé jeudi, composé de seulement quinze ministres dont le Premier d'entre eux, le jeune Gabriel Attal, qui va avoir plus d'un os à ronger (pour reprendre la formule de son mentor Jean Castex), Emmanuel Macron se prépare pour un marathon dont il espère un résultat tangible : la réduction de l'écart avec la liste RN menée par Bardella aux Européennes du 9 juin. 

A Davos, le chef de l'Etat pointera aussi les risques géopolitiques qui sont les principales menaces sur 2024, une année au cours de laquelle plus de 4 milliards d'humains vivront une échéance électorale. En champion du camp du progrès, il sera sans doute aussi comme plus jeune président du monde occidental, une sorte d'antithèse de Donald Trump, dont l'ombre assombrira sans nul doute les échanges à Davos, dont les participants sont partisans d'une mondialisation triomphante et opposés à la curée protectionniste promise par l'ancien président des Etats-Unis. Un calcul rapide donne le tournis : à eux deux, Macron, 46 ans, et Attal, 34 ans, ont un an de moins que Joe Biden (81 ans). Comme quoi, l'âge du capitaine est quand même un sujet...