Une hirondelle fait-elle le printemps ?

CHRONIQUE L'ŒIL DE L'ÉCO — Retrouvez chaque semaine la chronique de Philippe Mabille, directeur de la rédaction de La Tribune.
Philippe Mabille
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Philippe Mabille. (Crédits : © DR)

Ah, le jolie mois de mai ! À tous ceux qui désespéraient de la reprise, la voici qui s'annonce, balbutiante, mais bien là. Enfin avec le retour du soleil arrive ce printemps de l'économie. Tous les signaux sont en train de se mettre au vert, certes, un vert encore bien pâle mais mieux vaut cela que le rouge de la récession. Avec un premier trimestre à + 0,2 % (comme en Allemagne), la France va non seulement y échapper, mais pourrait même bien atteindre la prévision de 1 % de Bruno Le Maire.

Le ministre de l'Économie et des Finances, qui célébrera le 17 mai son septennat à Bercy, un record, l'espère, comme une forme de rédemption après s'être trompé de 21 milliards  d'euros dans les prévisions de recettes fiscales de 2023, cause du dérapage du déficit public. Bruno Le Maire dépassera-t-il le score de Valéry Giscard d'Estaing, qui occupa le poste huit ans et dix mois, mais en deux fois ? Seuls lui et Emmanuel Macron ont la réponse. Mais les deux hommes ne peuvent que se féliciter du redémarrage précoce de l'économie, qui change l'atmosphère. L'exécutif compte beaucoup sur l'effet JO, encouragé par la ferveur populaire de l'arrivée de la flamme à Marseille.

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La rapide désinflation en Europe nourrit la reprise partout. La croissance reprend en Espagne, au Portugal et au Royaume-Uni. En France, le salaire mensuel de base a progressé de 3,3 % en un an, plus vite que l'inflation, de 2,1 %. Certes, l'écart devrait se resserrer en fin d'année avec, selon Bercy, une transmission rapide du ralentissement
de l'inflation à la progression des salaires. Mais, même dans ce cas, les salariés devraient enregistrer un gain de pouvoir d'achat réel.

Son objectif bientôt atteint, la Banque centrale européenne va baisser la garde et réduire une première fois ses taux d'intérêt, dès le 6 juin selon toute vraisemblance. Même aux États-Unis, l'inflation s'assagit, plus lentement que prévu certes, mais le président de la Réserve fédérale a convaincu les marchés que celle-ci ne remontera pas ses taux directeurs. Il n'en fallait pas plus pour remettre une pièce dans la machine à sous de la finance. Vendredi soir, les Bourses mondiales caracolaient à des niveaux record, portés par les bons résultats des entreprises, notamment du secteur de la tech.

Il faut se réjouir de la mise en service prochaine du premier EPR français

Une hirondelle ne fait toutefois pas le printemps, et il reste encore de gros nuages noirs à l'horizon. Le principal reste la géopolitique mondiale : guerres en Ukraine et au Proche-Orient, présidentielle américaine de novembre, les incertitudes ne manquent pas. Signe qu'il faut rester vigilants, le taux de chômage remonte  depuis plusieurs mois en France, et le nombre des défaillances d'entreprises était en forte hausse au dernier trimestre de 2023. Près de 57 000 procédures collectives ont été enregistrées en 2023, en hausse de 35 % selon le cabinet d'audit EY. Avec la hausse des salaires et des matières premières, celui-ci s'attend à ce que 2024 soit marquée par une nouvelle poussée des faillites dans le monde, à hauteur de 21 % en Amérique du Nord et de 8 % en Europe. En France, l'immobilier est particulièrement exposé, avec de nombreux plans sociaux lancés ou envisagés. Ce sont plus de 100 000 emplois qui risquent de disparaître.

L'industrie française est aussi particulièrement exposée, et subit de plein fouet les e ets des prix élevés de l'énergie, trois fois supérieurs à ceux constatés aux États-Unis. Dans ce contexte, il faut se réjouir de la mise en service prochaine du premier EPR français à Flamanville. Avec le feu vert cette semaine de l'ASN au chargement du combustible nucléaire, les tests vont pouvoir démarrer pour une mise en production progressive du plus puissant réacteur du monde, après dix-sept ans de travaux. Si tout va bien, la centrale tournera à plein régime en fin d'année. Une bouffée d'oxygène pour la production électrique, qui va permettre à la France de bénéficier d'une électricité décarbonée plus abondante et moins chère. Les industries électro- intensives espèrent y gagner un avantage concurrentiel en négociant avec EDF des contrats à long terme. Dans la transition écologique à venir, le prix de l'électricité va devenir un élément déterminant de la compétitivité. En avril, les prix de gros en Allemagne étaient ainsi supérieurs de 30 euros par mégawattheure en moyenne par rapport à ceux pratiqués en France. Un écart qui devrait se maintenir dans les années à venir, révélateur de la différence de stratégie énergétique entre la France et l'Allemagne. Quand on voit la panique qui atteint les industriels outre-Rhin, on se dit que le choix de ne pas renoncer au nucléaire, compatible avec le développement de l'éolien et du solaire, était le bon.

D'ailleurs, Emmanuel Macron ira saluer les progrès des deux énergies en se rendant au parc éolien de Fécamp mercredi 15 mai, puis a Flamanville le lendemain, un « en même temps » destiné à tenter de réconcilier renouvelables et nucléaire.

Philippe Mabille

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Commentaire 1
à écrit le 12/05/2024 à 8:26
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Une hirondelle !? Diantre vous avez vu une hirondelle quelque part ? Faudrait arrêter de de sa la raconter surtout hein... ^^

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