PODCAST A Davos, le sommet de la post-mondialisation

HISTOIRES ECONOMIQUES. À Davos, en Suisse, vient de s'ouvrir le Forum économique mondial. C'est la grand-messe de l'économie mondiale. Quel est l'état d'esprit, cette année ? Réponse avec Philippe Mabille, directeur du journal La Tribune, en direct de Davos. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : DENIS BALIBOUSE)


_________

L'inquiétude domine sur la succession de crises que nous traversons depuis le Covid. Pour cette première session d'hiver depuis la crise sanitaire de 2020, les participants au forum reviennent en nombre, mais ils ont le moral dans les chaussettes. Selon le sondage annuel du cabinet PwC, réalisé pour l'occasion, 7 dirigeants économiques sur 10 pensent que la croissance va ralentir au cours de l'année qui vient.

Ce pessimisme inédit depuis dix ans se comprend mieux quand on regarde la hiérarchie des risques mondiaux qui les préoccupent :

  • le plus cité, c'est celui de troubles sociaux et politiques liés à l'inflation et à la baisse du pouvoir d'achat ; Davos a très peur des Gilets jaunes, dans une époque où les écarts entre les riches et les pauvres se creusent un peu partout sous l'effet des crises, comme l'a montré le rapport de l'ONG Oxfam.
  • Le deuxième risque, c'est la crise climatique et ses conséquences sur l'humanité : serons-nous capables de nous adapter à temps ?
  • Et enfin en troisième position, il y a bien sûr les risques géopolitiques.

Le Forum de Davos a longtemps été considéré comme le temple de la mondialisation. Est-ce toujours le cas ?

En réalité, c'est un peu cette année le sommet de la post-mondialisation. La crise sanitaire, le retour de la guerre en Europe, la menace chinoise sur Taïwan, la flambée des prix de l'énergie et le dérèglement climatique ont mis fin à la perception d'un monde ouvert. Le mot de l'année, c'est la résilience : vais-je survivre à toutes ces crises ? se demandent les entreprises. La transition écologique accélère aussi les transformations, alors même que les investissements à faire sont colossaux. Le coût carbone de la mondialisation devient un obstacle à celle-ci et ce n'est pas bon pour la croissance.

Qui sont les têtes d'affiche cette année à Davos ?

Par rapport aux autres années, ce qui frappe c'est la très faible présence de chefs d'État ou de gouvernement au plus haut niveau. Sur les 40 attendus cette semaine, un seul appartient au G7, il s'agit du Chancelier allemand Olaf Scholz qui intervient demain après-midi. Ils étaient 6 en 2018. Emmanuel Macron, pourtant un habitué de Davos, ne fait pas le déplacement. Joe Biden ne vient pas non plus, pas plus que le président chinois Xi Jinping qui en 2018 avait plaidé pour le maintien d'un monde ouvert.

Il faut relever aussi l'absence de la Russie qui a été exclue du Forum depuis son entrée en guerre il y a presque un an. En revanche, il y aura une délégation ukrainienne importante conduite par la femme de Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien s'exprimera demain en vision-conférence et demandera du soutien pour préparer la future reconstruction du pays, évaluée à 350 milliards de dollars, mais pourrait atteindre le double. À Davos, on ne perd jamais le sens des affaires, même en temps de guerre !

-----

►► RETROUVEZ ICI TOUS LES EPISODES D'HISTOIRES ECONOMIQUES

Philippe Mabille
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.