Macron en opération séduction auprès des patrons d'ETI

Par Grégoire Normand  |   |  1022  mots
(Crédits : Reuters)
Emmanuel Macron a invité plus de 500 patrons d'entreprises de taille intermédiaire au palais de l'Elysée ce mardi. S'il a vanté leur rôle économique et continue de défendre avec conviction sa politique de l'offre, il appelle les dirigeants à faire des efforts pour embaucher les jeunes et les seniors.

L'opération de conquête d'Emmanuel Macron auprès du patronat se poursuit. Après avoir déroulé le tapis rouge à plus de 200 dirigeants étrangers et français dans l'enceinte du château de Versailles, le président de la République a accueilli en grande pompe des représentants de 500 entreprises de taille intermédiaire (ETI) au palais de l'Elysée ce mardi 21 janvier. Le chef de l'Etat a annoncé son plan de bataille pour ces établissements parfois méconnus du grand public.

"Il y a une forme d'injustice française. Les entreprises du CAC40 sont très connues à l'international, les startup sont également très connues. Depuis longtemps, les mesures économiques ont été ciblées sur les petites et moyennes entreprises. En revanche, les ETI ont souvent été oubliées. C'est une des faiblesses françaises."

Profitant de la présence des chefs d'entreprise et du Meti (mouvement des entreprises de taille intermédiaire, principal syndicat des ETI), il a vanté son bilan en matière de créations d'emploi et d'attractivité. Il a également défendu les mesures gouvernementales en faveur d'une politique de l'offre avec la baisse de l'impôt sur les sociétés, la transformation du CICE en baisse de cotisation pérenne, la transformation de l'impôt sur la fortune en IFI. Il a également tenté de répondre à certaines critiques.  "Nous avons baissé le coût du capital avec l'ISF et la Flat tax. Là aussi, il faut faire de la pédagogie. Je suis accusé d'être "le président des riches" mais je suis pour l'intérêt général. Un capitalisme sans capital, ça n'existe pas. Nous avons voulu rendre l'économie plus compétitive en incitant l'investissement"a-t-il insisté devant le parterre d'invités séduit par ce type de discours.  Malgré cette opération de communication menée sur près d'une semaine, les tensions sociales et les crispations demeurent bien présentes. Si le mouvement de grève perd du terrain, la présentation du projet de réforme des retraites le 24 janvier prochain pourrait à nouveau mettre le feu aux poudres.

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Une stratégie nationale pour les ETI

L'exécutif veut mettre le paquet sur les entreprises de taille intermédiaire définies comme des firmes qui emploient entre 250 et 4.999 salariés. Dans son allocution, le chef de l'Etat a détaillé la stratégie nationale qu'il voulait déployer pour ces établissements spécifiques. Ce plan doit passer notamment par le lancement d'une marque à partir de ce mois de janvier et la promotion des entreprises sur tout le territoire.

En outre, l'ancien ministre de l'Economie veut faciliter les échanges entre les organismes de sécurité sociale et les entreprises. "A l'issue de la concertation lancée par l'ACOSS et le réseau des URSSAF et des travaux en cours sur ce sujet, une offre d'accompagnement social comparable à l'accompagnement fiscal existant, notamment au bénéfice des ETI, sera proposée, permettant d'instaurer une véritable « relation de confiance dans les domaines fiscal et social" précise des documents communiqués par Bercy. L'exécutif doit également nommer un binôme composé d'un haut-fonctionnaire (Philippe Bouyoux) et Olivier Schiller (Président de Septodont) "pour promouvoir les priorités et les préoccupations des ETI auprès des services de l'Etat" rapporte le ministère de l'Economie.

Une baisse de la fiscalité sur la production

Les impôts de production sont dans le viseur du gouvernement depuis le début du quinquennat. Sans surprise, la C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés) ou la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) font l'objet de multiples contestations dans les milieux patronaux. Il y a quelques mois, le conseil d'analyse économique rattaché à Matignon avait rendu publique une note sur cette fiscalité qui représente des recettes non négligeables pour les collectivités locales. Après avoir repoussé la mise en oeuvre d'une baisse de ces impôts, le gouvernement semble déterminé à inscrire cette réforme à l'agenda au printemps prochain. Cette diminution pourrait intervenir à partir de 2021 si le gouvernement arrive à convaincre les associations d'élus locaux qui critiquent régulièrement ces velléités.

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Des recrutements toujours difficiles

En dépit d'une refonte profonde du code du travail et des multiples mesures pour baisser le coût du travail, les entreprises semblent toujours confrontées à des difficultés pour embaucher. Pour tenter d'améliorer l'appariement entre l'offre et la demande sur le marché du travail, l'exécutif veut poursuivre ses efforts sur l'apprentissage et la formation professionnelle. "Il faut se mobiliser sur l'embauche des jeunes. Il y a le problème des jeunes sans qualification, des femmes seules après une interruption de travail, le problème des seniors. J'ai besoin de vous sur l'emploi des seniors" a clamé le locataire de l'Elysée. Alors que la réforme des retraites a soulevé une grève et un mouvement social sans précédent, la question de  l'emploi des seniors et celle de la pénibilité au travail sont loin d'être résolues.

"On rentre de plus en plus tard et on vit en meilleure santé plus longtemps. La règle d'or de la réforme est de ne pas baisser les pensions. On ne peut pas dire dans une société de travailler plus longtemps et d'arrêter d'embaucher après 50 ans. On a également besoin d'engagement à l'égard des quartiers difficiles" a argué Emmanuel Macron.

 En outre, le sujet des compétences devient central dans les politiques de l'emploi. "Lorsque l'on a fait les ordonnances travail, on a fait sauter un verrou psychologique avec les barèmes. On embauche plus souvent en CDI. Dorénavant, le discours que j'entends souvent, c'est le problème des compétences. Il y a eu un sous investissement dans la formation de l'emploi industriel" a ajouté la ministre du Travail, Muriel Pénicaud en fin d'après-midi.