[ article publié le jeudi 12 avril 2018 à 13h27, mis à jour à 14h41 ]
Non qu'il prenne les Français pour des enfants, mais sûrement parce qu'il s'agit d'un environnement apaisant, c'est depuis une classe d'école primaire joliment décorée qu'Emmanuel Macron a choisi de s'exprimer pour tenter d'apaiser les inquiétudes des Français, notamment des retraités et des ruraux, ce jeudi. Avare d'interviews télévisée - c'est sa troisième depuis son élection il y a près d'un an -, il a accordé celle-ci au présentateur vedette du JT de 13H Jean-Pierre Pernaut dans une diffusion à la fois sur TF1 et LCI. Le chef de l'Etat est arrivé à 12H15 à Berd'huis (Orne), le petit village à 150 km de Paris dans lequel le JT a été délocalisé pour l'occasion.
Il renouvellera l'exercice dimanche soir sur RMC-BFMTV et Mediapart, une expression en deux temps qui doit permettre de toucher des publics différents, selon le porte-parole du gouvernement.
Ce jeudi, plus d'une centaine d'habitants lui ont réservé un accueil chaleureux à son arrivée à l'école primaire où l'entretien se déroulera dans la salle de CM2, l'une de ses huit classes, a constaté une journaliste de l'AFP.
Menu copieux : hôpitaux, universités, grèves, ZAD...
Alors que les cheminots mènent le mouvement social le plus percutant du quinquennat et que la grogne s'exprime dans des hôpitaux, des universités ou parmi les fonctionnaires, "la prise de parole du président de la République n'a pas été organisée pour répondre à l'actualité" sociale, assure son entourage. D'ailleurs, quelque dizaines de manifestants, dont des cheminots et des agriculteurs, étaient maintenus à distance du village, dont les accès étaient strictement limités.
Le JT va durer environ une heure durant laquelle Jean-Pierre Pernaut devrait interroger le président sur les grands sujets d'actualité, dont l'évacuation des zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui se poursuit mercredi.
Les sujets que le président va aborder
Le projet de loi Asile et immigration, qui divise le parti présidentiel, pourrait également s'inviter dans le débat, ainsi que plusieurs autres sujets de la vie quotidienne, en tête la hausse de la CSG qui frappe les retraités, la limitation de vitesse à 80 k/heure et la réforme de l'accès à l'université, qui demande aux facs de trier les dossiers des lycéens et provoque des blocages dans plusieurs facs.
Au plan international, Emmanuel Macron devrait s'expliquer sur ses intentions en Syrie, où l'utilisation d'armes chimiques pourrait déclencher des frappes, en coordination avec les Etats-Unis.
"La France agira en Syrie quand elle aura vérifié toutes les informations", a déclaré le président qui dit "avoir la preuve que des armes chimiques ont été utilisées la semaine dernière par le régime syrien.
Loi Pacte : forte baisse de charges en vue pour toutes les PME
Le forfait social sera supprimé sur l'intéressement pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés à compter du 1er janvier 2019, a annoncé jeudi EmmanuelMacron.
"Je le dis à la fois aux salariés et aux employeurs : au 1er janvier prochain, dans toutes les entreprises en-dessous de 250 salariés, il n'y aura plus de forfait social sur l'intéressement distribué", a-t-il dit sur TF1.
Le chef de l'État ajoutait :
"On a permis qu'il y ait plus de flexibilité (dans les entreprises), on doit permettre aussi quand ça va mieux que tout le monde puisse en profiter."
La décision annoncée par le président de la République sera intégrée au futur projet de loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), dont un des objectifs est de renforcer l'intéressement et la participation des salariés des entreprises.
Le coût du forfait social, dont le taux était de 20% depuis 2012, avec un taux réduit de 8% pendant six ans pour les plus petites entreprises, était considéré comme un obstacle au développement de l'intéressement dans les TPE-PME, où les salariés couverts par de tels accords sont très minoritaires.
Sur Europe 1, le ministre de l'Économie Bruno le Maire a déclaré que la suppression du forfait social qui pèse sur l'intéressement versé aux salariés, va créer un manque à gagner de près d'un demi-milliard d'euros pour l'État.
Le choix du JT de TF1 (5,3 millions de téléspectateurs), pas un hasard
Le choix du JT de TF1 n'est pas un hasard. Suivi par 5,3 millions de téléspectateurs en moyenne, c'est le plus regardé par les retraités, les employés et les habitants des campagnes.
"C'était une demande du président de venir en milieu rural", a expliqué la préfète de l'Orne, Chantal Castelnot. L'école de Berd'huis a ensuite été choisie car "elle est très dynamique avec une équipe très motivée", notamment avec l'introduction du numérique.
La popularité de Macron chute dans les classes populaires
Selon un récent sondage de l'institut Elabe, la cote de confiance d'Emmanuel Macron recule à la fois dans les classes populaires, à 27%, et dans les classes moyennes (-6 points à 41%), alors qu'elle progresse chez les cadres, à 65%.
Préférant les longs discours ou les échanges directs avec la population, Emmanuel Macron n'a donné jusqu'ici que deux entretiens à des chaînes françaises (TF1 en octobre, France 2 en décembre).
Après cette offensive médiatique, il sera deux jours la semaine prochaine dans les Vosges, un département très rural.
(Avec AFP et Reuters)