Mobilisation pour l'emploi : le plan de bataille du gouvernement

Par Grégoire Normand  |   |  859  mots
A l'issue de la matinée, Édouard Philippe a mis l'accent sur les six chantiers à mener avec les corps intermédiaires. (Crédits : Reuters)
Emploi, apprentissage, territoires... lundi dernier, le chef du gouvernement a détaillé les chantiers prioritaires qu'il souhaitait mener avec les corps intermédiaires dans les prochaines semaines.

Après la conférence de presse du jeudi 25 avril dernier, le président de la République a décidé de mettre son gouvernement en ordre de bataille pour fixer le calendrier et la méthode des prochains grands chantiers. Confronté à une crise sociale sans précédent, l'exécutif peine à trouver des solutions alors que le mouvement des "gilets jaunes" se poursuit depuis le 17 novembre dernier. Lundi, le Premier ministre avait réuni un grand nombre d'organisations en présence de plusieurs ministres comme François de Rugy, Muriel Pénicaud ou encore Bruno Le Maire.

"Territoire par territoire, il faut qu'on fasse de la haute couture, en tout cas du sur-mesure, pour être certain que les solutions concrètes sont bien apportées et que les changements se voient", a déclaré le chef du gouvernement, d'après des propos rapportés par l'AFP.

"Mon objectif c'est de faire en sorte que les changements se voient, que les Français voient la différence, c'est pour ça que nous avons mis, d'une certaine façon, beaucoup de pression sur le calendrier", a-t-il poursuivi en affirmant vouloir "aboutir pour le mois de septembre".

Six chantiers à venir

Édouard Philippe a mis l'accent sur six chantiers prioritaires pour les prochains mois en concertation avec les corps intermédiaires invités lundi à l'hôtel de Matignon: l'apprentissage, les emplois non pourvus, les freins à la reprise de l'emploi, l'accompagnement des territoires aux transitions, et les gestes écologiques du quotidien. Après la matinée, et à l'initiative de la CFDT, "nous avons décidé d'en rajouter un sixième: celui de la rénovation thermique ou énergétique des bâtiments", a indiqué Édouard Philippe. "Il nous a semblé que, là encore, si nous voulions obtenir de bons résultats en la matière, il fallait mettre autour de la table territorialement l'ensemble de ceux qui peuvent intervenir sur le sujet: les entreprises, les organisations syndicales, les acteurs locaux qui sont essentiels, les grands opérateurs, l'État", a détaillé l'ancien maire du Havre. "Et, avec ce travail en commun, nous allons trouver les solutions précises qui seront d'ailleurs parfois différentes ici ou là", a-t-il fait valoir. Le gouvernement a annoncé un nouveau rendez-vous au mois de juin qui interviendra "après un travail territorial".

Un changement de méthode salué

Plusieurs organisations syndicales ont salué le changement de méthode de l'exécutif. "Il y a un changement de méthode", a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. "Il faut le noter, il est clair, il est net. (...) Les thèmes qui sont ouverts sont de bons sujets mais il en manque... De toute façon, la CFDT jugera sur pièces," a-t-il ajouté. De son côté, l'UNSA a souligné le besoin d'associer "l'ensemble des travailleurs, qu'ils soient du public ou du privé, sur l'ensemble de ces chantiers". Le secrétaire général de l'UNSA, Laurent Escure, dans un communiqué"a alerté pour que ces discussions soient l'occasion d'une nouvelle méthode prenant en compte réellement l'expression des partenaires sociaux et que les syndicats soient non seulement écoutés mais aussi entendus".

En revanche, la CGT et Solidaires ont annoncé dans  communiqué qu'ils n'allaient pas participer à cette réunion. "Le président de la République souhaite « associer » les syndicats, pour ce qui nous concerne, à la mise en œuvre de ces décisions. De manière épisodique, il se souvient qu'il existe des syndicats dans ce pays et qu'il serait bon de les réunir. C'est ce qu'il avait déjà fait le 10 décembre dernier en pleine mobilisation des « gilets jaunes » avec le résultat que tout le monde connaît".

Au Medef, on rappelle que "le problème des emplois non pourvus, qui devient un véritable handicap pour de très nombreuses entreprises, doit mobiliser tous les acteurs pour apporter des réponses concrètes en termes de formation, mais aussi de logements et de mobilité".

Contacté par La Tribune, Pierre Goguet, président de CCI France, a noté "un format très large avec plus de soixante personnes autour de la table [...] On était dans un format de lancement d'une réflexion qui se veut territoriale." "S'il y avait un biais de corporatisme et une diversité d'acteurs, l'ensemble des représentants semblait satisfait de cette réunion. Elle a été perçue comme très positive et comme un reconnaissance de l'utilité des corps intermédiaires dans une problématique nationale. [...] Le Premier ministre a évoqué l'agenda d'un pacte productif 2025 qui propose des ambitions en demandant des engagements assumés et territorialisés pour les entités concernées", a ajouté Pierre Goguet. "Au niveau consulaire, les CCI s'impliqueront en tant que corps intermédiaires en fonction des chantiers qui vont être lancés."

Confronté à des réductions de moyens depuis des années, le réseau des CCI doit faire face à un changement de modèle de financement risqué à un moment où le gouvernement fait appel aux corps intermédiaires.

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