Neymar au PSG : comment peut-il rapporter de l'argent au club ?

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  1464  mots
La superstar brésilienne fait son arrivée ce vendredi à Paris.
L'arrivée de l'attaquant brésilien dans la capitale devrait booster les recettes du PSG, en particulier sur les droits TV et les sponsors. Mises en avant, les retombées issues de la billetterie et de la vente de maillots ne devraient pas être si conséquentes. Explications.

Après trois semaines de suspense, le Paris-Saint-Germain a réalisé l'impensable en convaincant la superstar brésilienne, Neymar Jr, de quitter le FC Barcelone et surtout en déboursant les 222 millions d'euros de sa clause libératoire, sans compter les charges. Ce transfert devient le plus cher de l'histoire du football, et s'élève à près du double du précédent record, détenu par Manchester United lors de l'achat du Français Paul Pogba en 2016 pour 120 millions d'euros.

En plus de cette somme astronomique, le PSG rémunérera sa nouvelle superstar 30 millions d'euros par an. Au total, le club devrait dépenser pour ce seul joueur un demi-milliard d'euros sur cinq ans, selon les estimations. Outre les performances sportives que peut apporter Neymar, l'arrivée de la superstar devrait impacter positivement les recettes du club. Ventes de maillots, billetterie, droits TV et sponsors, La Tribune fait le points sur les potentielles retombées économiques pour le PSG.

[Crédits : Statista.]

■ Ventes de maillots : Paris va-t-il entrer dans la cour des grands ?

Neymar n'a pas encore mis les pieds dans la capitale française, que la boutique du PSG commercialise déjà un maillot floqué à son nom. Neuvième club de football vendant le plus de maillots dans le monde avec 685.000 répliques en 2016, le Paris-Saint-Germain n'a en revanche plus de joueur dans le Top 10 des ventes depuis le départ de Zlatan Ibrahimovic pour Manchester United, selon le site Total Sportek. Au cours de cette même année, Neymar figurait à la 6e place de ce classement, après avoir occupé la 2e lors de la saison 2014-2015, quand il avait remporté la Ligue des champions avec le FC Barcelone.

[Le maillot de Neymar est déjà en vente à la boutique officielle du PSG. Crédits: REUTERS/Christian Hartmann]

En intégrant le club mancunien, Zlatan Ibrahimovic a vu le nombre de maillots vendus à son nom multiplié par 9, le hissant à la 4e place mondial en 2016 juste devant son coéquipier Paul Pogba, arrivé la même année chez les "Red Devils". Très médiatisés, les transferts font généralement exploser les compteurs. La venue du Français Anthony Martial dans le même club en 2015 l'avait placé sur le podium, avant de disparaître du Top 10 l'année suivante.

Indéniablement, le méga-deal historique du PSG va booster les ventes de maillots floqués au nom de Neymar. Le seront-elles dans les mêmes proportions que les joueurs mancuniens ? Difficile à dire. Au-delà de la médiatisation des transferts, les trois "Red Devils" évoluent dans le club qui vend le plus de maillots au monde chaque année. En 2016, Manchester United en a écoulé plus de 2,85 millions, soit 4 fois plus que le PSG ! L'équipe parisienne étant beaucoup moins populaire à l'international, les ventes de maillots de Neymar devrait logiquement être moins exceptionnelles, à moins que l'aura du Brésilien ne change la donne.

Enfin, les retombées des ventes de maillots sont à relativiser. Les clubs touchent entre 5% à 10% du prix affiché en boutique. En 2014, après de belles prestations en Coupe du monde, le Colombien James Rodriguez avait été acheté par le Real Madrid. La vente des maillots a permis au club de compenser le tiers du montant de son transfert, d'après Total Sportek, qui était de "seulement" 75 millions d'euros. Les recettes que peut espérer le PSG avec Neymar, par rapport aux 222 millions d'euros déboursés, risquent d'être quelque peu légères.

■ Les gains sur la billetterie limités par la taille du stade

Ce n'est pas sur la billetterie du Parc des Princes que le club devrait le plus y gagner. Le PSG détient déjà les tarifs les plus chers du pays et la première affluence du championnat français (45.160 spectateurs, pour un maximum d'environ 48.000) mais seulement la 24e européenne. Cette attractivité peut encore progresser grâce à Neymar, mais restera limitée par le nombre total de place du stade. Une capacité faible par rapport à ses concurrents européens : plus de 75.000 pour Old Trafford (Manchester United) et près de 100.000 pour le Camp Nou (FC Barcelone) par exemple. Un agrandissement, portant la capacité à 60.000 places, est prévu par le club mais fait face aux réticences du voisinage dans le XVIe arrondissement parisien.

En revanche, les clients fortunés et les grandes entreprises pourraient se presser davantage aux portes du Parc pour voir jouer Neymar. Le club a investi 75 millions d'euros pour sa rénovation et installé de luxueuses loges VIP dont le prix d'entrée dépasse les 200.000 euros par an, et la plus chère aurait été vendue 600.000 euros, selon Le Parisien. Sur la saison 2015-2016, les revenus de la billetterie s'élevaient à 43 millions d'euros pour le PSG.

[Le Parc des Princes, situé dans le XVIe arrondissement à Paris, est le stade du PSG. Crédits : REUTERS/Charles Platiau.]

■ Enfin des droits TV internationaux compétitifs pour la Ligue 1 ?

Concernant les recettes perçues au titre des droits de diffusion à la télévision (ou droits TV), le Paris-Saint-Germain devrait être gagnant dans la durée. Cette saison, le club a perçu le plus gros montant versé par la Ligue de football professionnel (LFP) au titre des droits TV, soit 58 millions d'euros. Un montant dérisoire comparé aux autres championnats européens. Arrivé dernier de Premier League, le club de Sunderland a reçu plus de 100 millions d'euros !

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Cette situation s'explique par le montant des droits négocié par la Ligue avec les chaîne de télévision. Pour la période 2016-2020, les droits nationaux de retransmission de la Ligue 1 ont été adjugés à 749 millions d'euros par saison. Un montant en hausse de 23% par rapport au précédent contrat, qui s'explique en partie par la montée en puissance du PSG, marqué par l'arrivé de superstars comme Ibrahimovic (mercato d'été 2012) et Angel Di Maria (été 2015), et par la qualité de ses concurrents, en particulier l'AS Monaco. Mais cette somme reste bien inférieure à ce qui est pratiqué en Europe. La Liga espagnole a obtenu 883 millions d'euros par saison, quand la Bundesliga vient de conclure un contrat à 1,16 milliard, sans parler de la Premiere League, toujours plus chère, à 2,3 milliards d'euros.

[L'attaquant suédois, Zlatan Ibrahimovic a évolué au PSG de 2012 à 2016. Crédits : REUTERS.]

La plus forte marge de progression pour le championnat français réside dans les droits internationaux. Sous "l'effet Zlatan", comme le titre Le Figaro, ces droits ont plus que doublé (+150%) entre le contrat signé pour 2018-2024 et le précédent. Adjugés à beIN Sports (chaîne du groupe qatari Al-Jazeera), les droits internationaux versés à la Ligue 1 s'élèvent désormais à 80 millions d'euros par saison. Là-aussi le montant est dérisoire comparé ce qui est pratiqué en Europe : 635 millions d'euros en Espagne et 1,2 milliard en Angleterre ! La ligue française a donc une grande marge de progression et l'arrivée du meilleur joueur du monde, derrière Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, devrait relever sa popularité à l'étranger, lui permettant de négocier de meilleurs contrats à l'avenir. Sachant que le PSG est le club qui perçoit le plus de droits TV en Ligue 1, il en sera le premier à en profiter, mais les autres clubs aussi devraient voir leur part augmenter.

Enfin, avec Neymar, le club parisien ambitionne de meilleures performances en Ligue des champions, ce qui devrait, là-aussi, lui permettre d'augmenter ses recettes en droits TV.

■ Les sponsors qataris vont-ils mettre la main au portefeuille ?

Les sponsors et la publicité représentent le plus important poste de recettes du PSG : 150 millions d'euros sur l'exercice 2015-2016, sans compter le juteux contrat de 175 millions d'euros signé en août 2016 avec la QTA, l'Office du tourisme qatari, un record dans le monde du football. La QTA rémunère le club contre quelques tournées et matchs de gala à Doha, accompagnés de "selfies 'instagrammables'" selon l'expression de Libération. Nul doute que l'arrivée de Neymar, avec ses 79 millions d'abonnées sur le réseau social - il en possède par ailleurs 31 millions sur Twitter et 60 millions sur Facebook -, devrait réjouir la QTA.

Outre l'équipementier Nike et la marque de luxe Hugo Boss, le club compte de nombreux sponsors qataris, notamment la banque QNB et l'opérateur de Télécoms Ooredoo. Ces sociétés, possédées par la famille de l'émir Al Thani comme le PSG, pourraient mettre davantage la main au portefeuille dans les années à venir. Depuis l'arrivée des Qataris en 2011, les recettes issues de sponsors ont été multipliées par 6 et l'achat d'une star internationale de l'envergure de Neymar devrait entretenir cette dynamique.