Nouveau coup de pouce pour la SNCF : l'Assemblée nationale supprime deux taxes sur les TGV

Par latribune.fr  |   |  514  mots
La compagnie va ainsi pouvoir commander à Alstom 12 "TGV du futur" (TGV M) par an comme prévu. (Crédits : Reuters)
Pressée par l'ouverture à la concurrence, la SNCF doit passer à l'offensive avec de nouveaux TGV pour conquérir, face à ses homologues européennes, de nouveaux marchés. L'activité Voyageurs est aussi cruciale pour le redressement des comptes de la compagnie.

C'est un nouveau coup de pouce post-Covid pour la SNCF. Pour continuer d'aider la compagnie ferroviaire française qui peine à redresser sa trajectoire budgétaire, l'Assemblée nationale a voté jeudi soir la suppression progressive de deux taxes pesant sur les TGV, comme voulu par Emmanuel Macron lors des 40 ans du train à grande vitesse mi-septembre.

Ces deux taxes représentaient quelque 200 millions d'euros par an de rentrée fiscale pour l'Etat-actionnaire, qui servait à financer les Intercités. Mais cette aide doit permettre à la SNCF de poursuivre sa nécessaire modernisation de ses trains, en pleine ouverture à la concurrence, fixée pour 2023, et qui voit déjà arriver ses concurrents sur le sol français. Tout en garantissant une commande pour un acteur privé français, par le biais de l'Etat. La compagnie va ainsi pouvoir commander à Alstom 12 "TGV du futur" (TGV M) par an comme prévu au départ, alors qu'elle avait décidé de se contenter de neuf trains, faute d'argent.

Un allégement ciblé sur le TGV car la compagnie doit redresser en particulier la situation de la branche SNCF Voyageurs qui "fait peser une menace sur la viabilité des modèles économiques de la SNCF et du secteur ferroviaire dans son ensemble", pointait un rapport sénatorial.

De plus, avec ces nouveaux TGV, la SNCF doit aussi passer à l'offensive en Italie, pour riposter à l'arrivée de Trenitalia en France. La compagnie tente aussi de tailler des croupières à l'espagnol Renfe avec son TGV OuiGo.

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Suppression de la taxe sur deux ans

Aussi, le président de la commission des Finances Éric Woerth (LR) a justifié que financer la concurrence n'aurait "pas beaucoup de sens" pour la SNCF. Les Intercités pourront trouver leur "équilibre" par des subventions ou d'autres moyens, selon lui.

La suppression de la taxe se fera en deux temps: en 2022 pour la contribution de solidarité territoriale (sur le chiffre d'affaires), et 2023 pour la taxe sur le résultat des entreprises ferroviaires, selon un amendement adopté en ce sens du député LREM Jean-Marc Zulesi dans le projet de budget 2022.

En plein pendant la crise sanitaire, l'Etat avait déjà allégé la dette de la compagnie à hauteur de 25 milliards au 1er janvier 2021. Sous la pression de son actionnaire, la SNCF avait d'ailleurs affiché son volontarisme, en annonçant mi-septembre 2.000 à 3.000 postes, soit 1,5% à 2% de ses effectifs.

Mais jusqu'ici la santé financière de la SNCF n'a toujours pas convaincu, comme le révélait un rapport sénatorial qui pointait une mauvaise gestion persistante. La compagne a perdu 3 milliards d'euros suite à la crise Covid-19, après avoir vu fondre 801 millions d'euros en 2019, plombée par la grève contre la réforme des retraites en décembre et des effets comptables défavorables.

Enfin, la SNCF ne s'attend pas à retrouver un trafic normal - comparable à avant le Covid-19, avant 2023.

(Avec AFP)

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