Thalys-Eurostar : pressée de réduire les coûts, la SNCF relance son projet de fusion

La fusion, souhaitée dès 2019, avant la crise Covid, est plus que nécessaire pour la compagnie française. D'une politique de "petits prix" menée en plein Covid pour relancer le segment voyageurs, la SNCF va devoir s'imposer avec cette nouvelle marque issue de la fusion.
Les deux entités, comptant 2.300 salariés, continueront à exister sous une nouvelle holding, détenue en majorité par SNCF Voyageurs et avec un siège social à Bruxelles.
Les deux entités, comptant 2.300 salariés, continueront à exister sous une nouvelle holding, détenue en majorité par SNCF Voyageurs et avec un siège social à Bruxelles. (Crédits : Francois Lenoir)

Le rapprochement des marques Thalys et Eurostar, majoritairement contrôlées par la SNCF, aura bien lieu. Mais alors que la fusion en une seule entité devait être effective dès cette année, la pandémie de Covid-19 et l'analyse du dossier par la Commission européenne, devraient finalement la concrétiser à 2022, confirme la compagnie ferroviaire aux Echos mardi.

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D'ici quelques années, les deux marques à grande vitesse se fondront ainsi sous le seul nom Eurostar qui bénéficie d'une plus grande notoriété en Europe, selon la SNCF. "La fusion ne va pas se réduire à un changement de couleur de peinture des rames. Pour la classe affaires, c'est notamment plus de synergies et homogénéité grâce à un système informatique unique (de réservation NDLR)".

Après avoir perdu 3 milliards d'euros en 2020 en raison des confinements imposés par la pandémie, l'enjeu pour la SNCF est en effet de se repositionner sur la grande vitesse et sur la clientèle voyageurs, particulièrement malmenées par la crise sanitaire, avec une baisse du trafic de 48%, et - du fait des "petits prix" consentis pour regagner le cœur des voyageurs.

Les pertes du Covid ont accéléré le projet

Thalys, qui relie la France, la Belgique, les Pays-Bas et le nord-ouest de l'Allemagne, cherche alors à se relancer. En 2020, la société franco-belge a vu son chiffre d'affaires chuter de 70%, à 165,6 millions d'euros et a essuyé une perte nette de 137,7 millions d'euros. Aussi, la filiale de la SNCF (60%) et de la SNCB (40%), avait obtenu un prêt bancaire de 120 millions d'euros en mai pour l'aider à sortir de la phase Covid.

De même, Eurostar (autre filiale de la SNCF à 55%) a conclu au même moment un accord de financement de 250 millions de livres (290 millions d'euros) avec ses actionnaires et ses banques pour échapper à une faillite imminente.

Aujourd'hui, Thalys exploite 80% de son plan de transport nominal, dont 16 aller-retours quotidiens Paris-Bruxelles (contre 21 en temps normal), et Eurostar a remonté son offre à 5 aller-retours quotidiens Paris-Londres (contre 19 en temps normal), et 3 aller-retours Londres-Bruxelles dont un prolongé à Amsterdam.

Une fusion nécessaire

Dès lors, cette fusion, souhaitée dès 2019, avant la crise Covid, est plus qu'urgente pour la compagnie française. Elle doit permettre "de chercher des synergies", de faire des économies en optimisant la rotation des rames ou en unifiant l'informatique et les systèmes de distribution, avait expliqué Alain Krakovitch, le directeur général de Voyages SNCF à l'AFP. L'objectif étant de "se développer en Europe du Nord".

Pour Alain Krakovitch, interrogé ce mardi matin par La Tribune, ce rapprochement doit permettre d'optimiser l'utilisation du capital de l'infrastructure réseau.

Une nécessité d'autant plus pressante que la SNCF doit désormais affronter l'ouverture du marché du ferroviaire à la concurrence, grâce à laquelle les homologues espagnol ou italien (Renfe, Trenitalia) lorgnent déjà des lignes en France et au-delà.

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La SNCF doit également tenir ses engagements financiers auprès de l'Etat actionnaire qui est venu la secourir pendant la crise sanitaire. Des objectifs d'équilibre budgétaire qui sont, pour l'heure, loin d'être tenus selon un récent rapport sénatorial.

Opérationnelle d'ici 2-3 ans

Reste ensuite à la Commission européenne d'être saisie d'ici début 2022 pour des questions de concurrence, avant une mise en œuvre de la holding au deuxième trimestre 2022. La mise en œuvre opérationnelle et commerciale de la fusion interviendrait environ 2-3 ans plus tard, a précisé SNCF Voyageurs.

Les deux entités, comptant 2.300 salariés, continueront à exister sous une nouvelle holding, détenue en majorité par SNCF Voyageurs et avec un siège social à Bruxelles.

Patina Rail, consortium qui réunit chez Eurostar la Caisse de dépôt du Québec et le fonds d'investissement britannique Hermes GPE, recevra 25,7% de la nouvelle société, et les chemins de fer belges SNCB 18,5%.

L'opération, appelée "Green Speed" en interne, a donné lieu à un processus d'information-consultation initié lundi auprès des instances représentatives des salariés des deux sociétés.

 (Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 07/10/2021 à 9:17
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Quand cessera-t-on de cracher au bassinet de la SNCF ?

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