Alors que l'interdiction des vols intérieurs sur les axes assurés par le train en moins de 2h30 (hors vols vers les hubs comme Roissy) est en cours d'examen au Sénat, une question taraude bon nombre de professionnels de l'aérien. Qu'adviendra-t-il si l'aviation réussit sa décarbonation, grâce à l'utilisation d'avions à faible ou zéro émission de CO2 ? Reviendra-t-on en arrière ? C'est la question qu'a posée ce lundi au Paris Air Forum Augustin de Romanet, le PDG du groupe ADP, à l'occasion d'un débat sur l'intermodalité intitulé "Comment réconcilier le train et l'avion", auquel participaient également Anne Rigail, directrice générale d'Air France, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF et Florent Menegaux, président du groupe Michelin.
Des avions électriques en 2028
Citant les convictions du constructeur d'avions légers Pipistrel de mettre en service des avions électriques avec 19 passagers en 2028, Augustin de Romanet a déclaré :
"Le fait que la collectivité nationale veuille freiner la carbonation de l'économie est une bonne idée. Mais qui vous dit qu'en 2029 il n'y aura pas de loi climat qui interdira de faire des lignes de TGV parce que la construction d'une ligne de TGV est très émettrice en CO2, et qu'on ne privilégiera pas l'avion électrique pour les courtes distances ?"
Les constructions des LGV (lignes à grande vitesse) sont souvent pointées du doigt par les professionnels du transport aérien. Leur bilan carbone est en effet souvent oublié par les partisans du train, à l'heure où le gouvernement, après quatre ans de pause sur les grands projets, a relancé la construction de lignes à grande vitesse, en annonçant en mai un financement pour la ligne Bordeaux-Toulouse et en accélérant Montpellier-Béziers.
Pour Augustin de Romanet, les avions électriques seraient une bonne chose pour les petits aéroports.
"Les avions électriques pourront être extrêmement utiles pour aller d'un point à un autre du pays sans beaucoup de contraintes. Pour aller de Lannion à Auxerre, il vaudra mieux prendre l'avion électrique que le TGV', a-t-il dit.
La décarbonation de l'aéronautique sera plus rapide que dans l'automobile
Augustin de Romanet n'a pas caché sa confiance sur la capacité du secteur aéronautique à réussir sa décarbonation.
"La direction est très claire. Il y aura des avions électriques pour les courtes distances, des avions propulsés à l'hydrogène sur les moyennes distances et des avions propulsés par des carburants durables sur les longues distances", a-t-il fait valoir.
Dans le dernier numéro de la Revue T de la Tribune, il avait déjà déclaré : "il aura fallu un quart de siècle à l'automobile pour passer des combustibles fossiles à l'électrique. Il en faudra beaucoup moins pour que l'aérien échange une propulsion à 100% au kérosène au profit de l'hydrogène et des carburants durables."
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