Plan pauvreté : le gouvernement présentera son « Pacte des solidarités » le 18 septembre

Par latribune.fr  |   |  763  mots
La pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes aujourd’hui en France, soit près de 15% de la population selon l'Insee. (Crédits : Reuters)
Le nouveau plan pauvreté du gouvernement, baptisé « Pacte des solidarités », sera présenté le 18 septembre à Matignon. Un plan attendu dans un contexte marqué par l'inflation persistante qui pèse sur le pouvoir d'achat des Français. De nombreuses associations font face à un afflux de demandes et ont appelé l'exécutif à les aider financièrement.

Rendez-vous a été donné le 18 septembre prochain par le gouvernement pour découvrir le nouveau plan pauvreté. Le Collectif Alerte, qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et la Fondation Abbé Pierre ont indiqué à l'AFP avoir reçu une invitation pour ce jour. La date a également été confirmée par une source proche du dossier.

Ce « Pacte des solidarités », comme il a été baptisé, doit succéder à la Stratégie pauvreté lancée en 2018. Ce premier plan du quinquennat d'Emmanuel Macron prévoyait plusieurs mesures, dont des « bonus mixité » pour les crèches accueillant davantage d'enfants défavorisés dans les quartiers sensibles, des petits-déjeuners gratuits à l'école en zone prioritaire ou encore la création d'un « revenu universel d'activité », qui n'a jamais vu le jour.

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Le nouveau plan « est une opportunité pour le gouvernement de répondre à la crise sociale », estime le collectif Alerte dans un communiqué publié ce lundi 11 septembre. « Les associations se rendront unies à ce rendez-vous pour faire respecter l'engagement du président de la République d'éradiquer la grande pauvreté ».

35% des Français ne font pas trois repas par jour

Ce plan est attendu de longue date. Il devait initialement être présenté en janvier, avant d'être reporté à deux reprises. Dans un contexte de forte inflation - l'indice des prix à la consommation a progressé de 4,8% en août, contre 4,3% en juillet - il suscite sans surprise de nombreuses attentes.

La pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes aujourd'hui en France. Soit près de 15% de la population selon l'Insee, qui définit le seuil de pauvreté monétaire comme un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian de la population française. Plus d'une personne sur 10 en France rogne par ailleurs sur le chauffage, l'alimentation, divers produits et services, selon le taux de « privation matérielle et sociale » calculé par l'Institut national de la statistique.

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D'autres chiffres, ceux du dernier baromètre annuel du Secours populaire publié la semaine dernière, ont fait l'effet d'une bombe. Il en ressort que 43% des personnes interrogées se disent dans l'impossibilité de consommer des fruits et légumes tous les jours. Pire encore : 35% des sondés déclarent ne plus faire trois repas par jour. Et ils sont un tiers à se priver pour que leurs enfants mangent à leur faim. Enfin, près d'un Français sur cinq vit à découvert.

Cette situation n'est pas nouvelle et a été accentuée par la crise liée au Covid-19. « La crise a été un révélateur et un amplificateur de la pauvreté », expliquait en mai 2021 Fiona Lazaar, alors présidente du conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, dans une interview à La Tribune. Selon elle, la crise « a précipité dans la pauvreté des gens qui n'étaient pas dans la pauvreté, mais qui vivaient sur le fil » et a « entravé les sorties de la pauvreté ».

Le SOS des associations

Dans ce contexte, les demandes affluent auprès des distributeurs d'aide alimentaire, conduisant certaines associations au bord de la rupture. À l'image des Restos du Cœur, qui assure 35% de l'aide alimentaire en France, qui ont poussé un cri d'alarme début septembre. Le gouvernement a, certes, répondu rapidement, allouant 15 millions d'euros (dont 10 millions étaient déjà précédemment dans les cartons). Mais cet appel a ouvert la porte à d'autres requêtes : les autres associations, comme la Croix-Rouge, elles aussi en difficultés, ont également sollicité la générosité du gouvernement et des Français.

Reste que, dans un objectif affiché de réaliser 10 milliards d'euros d'économies, l'exécutif n'a pour l'instant pas prévu dans son budget 2024 de mettre plus la main au porte-monnaie. Or, une étude de 2022 publiée par la Drees, la direction des statistiques des ministères sociaux, a montré que les prestations sociales en France (allocations logement, prestations familiales et prime d'activité, hors assurance chômage) permettent de baisser le taux de pauvreté. En 2019, c'est grâce aux aides sociales qui ont été versées aux quelque 9,2 millions de personnes touchées par la pauvreté que le taux de pauvreté a baissé de 7,6 points le taux de pauvreté, à 14,6%. Sans ces versements, le taux de pauvreté aurait atteint 22,2%.

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(Avec AFP)