
La rentrée parlementaire s'annonce brûlante au Palais Bourbon. Alors que la France enregistre des records de température en septembre, le président de la Commission des finances à l'Assemblée nationale, Eric Coquerel s'apprête à attaquer cette nouvelle session parlementaire à haut risque. Entre la loi de programmation des finances publiques et la présentation du budget 2024, le calendrier des prochaines semaines s'annonce particulièrement chargé. Au lendemain de la réunion tardive des « Dialogues de Bercy », le député (LFI) de Seine-Saint-Denis a dressé un bilan « positif » des échanges avec les ministres Bruno Le Maire (Economie) et Thomas Cazenave (Comptes publics). Il n'a toutefois pas caché des sujets de clivage importants au cours de la discussion.
« Le budget est rempli de contradictions [...]. D'un côté, le gouvernement dit qu'il faut investir dans la transition écologique. Et de l'autre, il se fixe comme objectif de baisser le déficit public pour le ramener à 2,7% d'ici 2027. Et enfin, il se refuse à augmenter les impôts », a-t-il asséné, lors d'un point presse à l'Assemblée nationale, ce mercredi 6 septembre.
Les 7 milliards d'euros « loin d'être à la hauteur »
Au début du mois de juillet, la Première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé une enveloppe de 7 milliards d'euros supplémentaires pour financer la transition écologique dans les colonnes du Parisien. Cette enveloppe doit permettre de doubler la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'Hexagone et de tenir les objectifs pour 2030.
« C'est un investissement inédit de l'État qui servira à financer les rénovations énergétiques, les transports en commun, les énergies renouvelables et la transition agricole », avait-elle précisé.
Pour Eric Coquerel, « cette somme n'est pas au niveau. On est très loin du compte ». Et même si le gouvernement espère parvenir à « 20 milliards d'euros » par « un effet levier », ce sera « insuffisant ».
L'élu a notamment rappelé que « c'est une somme bien inférieure aux préconisations du rapport Pisani-Ferry ». Pour rappel, l'économiste, et ancien pilier du programme économique et social d'Emmanuel Macron pour la présidentielle de 2017, avait chiffré les besoins d'investissements privé et public à 66 milliards d'euros par an d'ici 2030. Outre ce fossé abyssal entre l'argent mis sur la table par l'exécutif et les besoins calculés par Pisani-Ferry, Eric Coquerel a rappelé que, sur les 7 milliards d'euros, « 3,3 milliards sont déjà budgétisés ».
Le casse-tête du financement de la transition écologique
Face à cette montagne d'investissements, le gouvernement risque de se retrouver « coincé ». L'exécutif « espère dégager des marges avec la croissance à venir. C'est ce qui s'est passé en 2022. Les recettes ont été plus importantes que prévu », a souligné l'élu francilien.
Jusqu'à maintenant, l'économie tricolore a échappé à la récession et le coup de frein en 2023 pourrait être moins important que prévu. La Banque de France prévoit de réviser à la hausse ses prévisions de croissance pour 2023. « Le problème est que l'on n'est pas toujours dans un rebond post-Covid. Beaucoup de monde s'accordent à dire que 2024 ne va pas être une année terrible avec la récession en Allemagne et le ralentissement de la Chine », a indiqué Eric Coquerel.
Lors des débats parlementaires à l'automne sur le budget 2024, le député de la France insoumise veut pousser certains amendements proposés par des membres de la majorité, comme Jean-Paul Mattei. Le patron du groupe MoDem avait défendu une hausse de la flat tax de 30% à 35% en 2022. Mais le ministre de l'Economie s'y était fermement opposé. Eric Coquerel a également promis d'appuyer dans le débat les propositions pour un meilleur partage des richesses, pour le logement, l'éducation et la lutte contre la précarité.
Face aux ravages de l'inflation chez les ménages les plus modestes, les associations de solidarité ont tiré la sonnette d'alarme ces derniers jours. Les Restos du Cœur ont dû faire face à une envolée des demandes de soutien ces derniers mois. De son côté, l'exécutif a promis de conserver les exonérations fiscales pour inciter aux dons. Mais ce coup de pouce pourrait être loin d'être suffisant. La température risque encore de monter sur les bancs du Palais Bourbon.