Le Smic a-t-il plus augmenté sous Sarkozy que sous Hollande ?

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  630  mots
Lors de son premier meeting parisien mercredi au gymnase Japy, Benoît Hamon a souligné que le Smic "a plus augmenté sous le quinquennat de Sarkozy que celui de François Hollande".
[Fact-Checking] Selon le constat de Benoît Hamon, candidat à la primaire de la Belle Alliance Populaire, Nicolas Sarkozy a été plus généreux que François Hollande avec les salariés. Est-ce réellement le cas ?

Benoît Hamon continue de critiquer le bilan de l'exécutif. Lors de son premier meeting parisien mercredi 14 décembre au gymnase Japy, le candidat à la primaire de la Belle Alliance Populaire a souligné, devant 2.500 personnes, que le Smic "a plus augmenté sous le quinquennat de Sarkozy que celui de François Hollande". Le constat de l'ancien ministre de l'Education est-il juste ?

Chaque année, le gouvernement procède à une revalorisation du salaire minimum en fonction de critères objectifs : l'inflation et la progression du pouvoir d'achat. Depuis janvier 2016, il s'établit à 9,67 euros brut de l'heure, soit 1.466,62 euros bruts mensuels pour 35 heures de travail hebdomadaires. Lors de l'arrivée de François Hollande à l'Elysée en mai 2012, il s'affichait à 9,22 euros, soit une hausse de 4,9% en quatre ans et demi.

Deux mois après l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy en juillet 2007, le Smic horaire brut est passé de 8,27 à 8,44 euros. La dernière augmentation a eu lieu en janvier 2012, à 9,22 euros, soit une augmentation de 11,5% sur l'ensemble du quinquennat.

Bien que François Hollande n'ait pas encore terminé son mandat, le Smic n'a été revalorisé que cinq fois sous sa présidence, contre huit fois pour Nicolas Sarkozy. Sauf un coup de pouce surprise de la part de l'exécutif, le constat de Benoît Hamon devrait s'avérer exact.

Nicolas Sarkozy plus généreux que François Hollande ?

Présenter les chiffres de la sorte peut donner l'impression que Nicolas Sarkozy serait plus généreux que François Hollande. L'ancien président s'était pourtant félicité fin 2011 pour n'avoir accordé aucun coup de pouce au Smic depuis 2007, retrace L'Obs.

Pour rappel, l'acronyme "Smic" signifie salaire minimum interprofessionnel de croissance, ce qui implique donc une augmentation régulière. La loi prévoit en effet qu'il soit revalorisé chaque année au mois de janvier. Le calcul de cette augmentation, on l'a dit, dépend du taux d'inflation et de la croissance du pouvoir d'achat des ouvriers et employés.

De même, à chaque fois que l'inflation dépasse 2% depuis la dernière revalorisation, le Smic est automatiquement rehaussé dans les mêmes proportions. Cette règle change la donne car l'inflation est particulièrement atone depuis 2013, contrairement au quinquennat précédent. Résultat, le Smic a exceptionnellement été revalorisé deux fois en 2008, 2011 et 2012. Finalement, les augmentations du salaire minimum sous la présidence de Nicolas Sarkozy, comme celle de François Hollande, résultent de contraintes extérieures à leur volonté.

Le gouvernement peut décider, à tout moment, d'augmenter le Smic

Derrière ce constat, Benoît Hamon cherche avant tout à critiquer le manque d'interventionnisme de François Hollande, car l'exécutif n'est pas obligé d'attendre la revalorisation annuelle pour donner un coup de pouce au Smic. En effet, la loi prévoit que le gouvernement peut décider, à tout moment, de l'augmenter. Il peut aussi, le 1er janvier, l'augmenter davantage que les seuls critères objectifs. François Hollande ne l'a jamais fait, en cohérence avec sa politique de l'offre et de baisse du coût du travail. Il est vrai aussi que le comité d'experts chargé de faire au gouvernement des préconisations sur la hausse du Smic n'a jamais recommandé de tels "coups de pouce".

D'ailleurs, François Hollande a toujours assumé le fait de ne pas en accorder. Sa seule concession a été d'anticiper la revalorisation du Smic l'année de son arrivée à l'Elysée. De fait, le Smic a été augmenté dès juillet 2012, anticipant ainsi la hausse devant intervenir en janvier 2013. Le salaire minimum a donc augmenté à deux reprises en six mois entre juillet 2012 et janvier 2013. Depuis, le chef de l'Etat se contente de la revalorisation annuelle.

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