
[Entretien publié le 20 mai 2016]
LA TRIBUNE - François Hollande n'arrête pas de dire « ça va mieux ». Partagez-vous ce diagnostic ?
ALAIN JUPPÉ - Je ne partage pas du tout ce sentiment, comme d'ailleurs une grande majorité des Français. Comment affirmer que la France va mieux avec un taux de chômage de 10%, 600.000 chômeurs de plus depuis le début du quinquennat, 5,5 millions de personnes en sous-emploi ? L'investissement reste toujours en panne, les déficits publics ne sont pas maîtrisés - ce qui nous a valu une mise en garde de la Commission européenne. Sans parler du fait que le pouvoir est discrédité, car la politique menée est à l'encontre de ce qu'il avait annoncé en 2012. À l'époque c'était « halte à la finance ! », et maintenant c'est « vive Macron ! ». Je peux comprendre le désarroi des électeurs socialistes. Tout cela correspond donc à un optimisme de commande.
Vous êtes donc très pessimiste pour l'avenir du pays ?
Non, à condition de prendre les bonnes décisions et de les exécuter ! La France possède de grands atouts. Nous sommes la sixième économie mondiale, notre démographie est dynamique, nous sommes la première puissance touristique, au moins en nombre de visiteurs. Et, surtout, il y a un formidable esprit d'entreprendre dans la nouvelle génération. Nous avons donc un taux de création d'entreprises très fort. C'est un immense potentiel, actuellement étouffé par un carcan réglementaire, qu'il faut libérer.
Votre programme, justement, vise à la création d'emplois, mais, à la différence de certains de vos concurrents pour la primaire de la droite, vous maintenez une durée légale du travail fixée à 39 heures. Pourquoi ce choix ?
Mais, je suis précisément le plus audacieux en gardant une durée légale qui sera portée à 39 heures ! Car ce sera une incitation pour les entreprises à négocier, et sans cette référence, il ne se passerait rien. À elles, par la négociation, de fixer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Si elles ne le font pas, alors ce sera légalement au-dessus de 39 heures. L'augmentation du temps de travail sera synonyme d'une augmentation des salaires et de pouvoir d'achat pour les salariés qui travaillaient 35 heures, puisque, évidemment chaque heure de travail sera payée. S'agissant du marché du travail, je veux provoquer un déclic de confiance, le plus vite possible après l'élection de 2017, pour lever les freins à l'embauche. Pour aller plus loin que la loi El Khomri, très insuffisante par rapport à sa première version, je propose un CDI sécurisé avec des motifs de licenciement prédéfinis, ainsi que le plafonnement des indemnités prud'homales et le référendum d'entreprise à l'initiative de l'employeur, qui aura force obligatoire.
Vous êtes très prudent aussi concernant les baisses d'impôts des ménages et vous privilégiez plutôt les entreprises...
Je sais bien que nous sommes à l'ère des promesses, mais ce n'est pas mon style. Nous sommes à la merci de la moindre remontée des taux d'intérêt, et je ne veux pas laisser une dette insupportable aux générations futures. C'est pourquoi une baisse des prélèvements à hauteur de 28 milliards d'euros me paraît raisonnable. Alors oui, ma priorité c'est l'emploi et l'amélioration de la compétitivité de nos entreprises. C'est la raison pour laquelle je concentre la majeure partie des baisses d'impôts sur les entreprises. Mais je n'oublie pas les particuliers, et surtout les classes moyennes qui ont été « matraquées », en proposant de relever le plafond du quotient familial de 1.500 à 2.500 euros par demi-part supplémentaire et en augmentant les allégements de cotisations sociales des particuliers employeurs, alors que la politique de la gauche a fait disparaître des milliers d'emplois de services à la personne. Je n'oublie pas non plus les indépendants dont je veux baisser les cotisations de deux milliards d'euros, ce qui signifie pour eux une hausse équivalente de pouvoir d'achat.
Et donc, pour les entreprises ?
Je propose de transformer le CICE et les allégements généraux en une baisse de charges pérenne, concentrée sur les salaires compris entre 1 et 1,8 Smic, afin de permettre le recrutement de ceux qui sont peu qualifiés. J'instaurerai un dispositif « zéro charge » patronale au niveau du Smic. Je veux aussi transférer par étapes le financement de la protection sociale vers l'impôt. Je commencerai par basculer plus de dix milliards d'euros de cotisations « famille » - soit un gros tiers du total. Cette mesure sera financée par une augmentation d'un point du taux normal de la TVA.
Je veux aussi qu'en matière d'impôt sur les sociétés, la France converge progressivement vers la moyenne européenne, 22%. Je proposerai, dans un premier temps, un taux de 24% pour les PME et de 30% pour les plus grosses. Au lieu de 36% avec la majoration actuelle.
Toujours en matière de fiscalité, je trouve aberrant de vouloir taxer les revenus du capital au même niveau que ceux du travail. Car on oublie que le capital est taxé à sa constitution, à sa cession avec les plus-values ou à sa transmission avec les droits de succession, ou encore pour sa détention avec l'ISF. Je propose de revenir à une taxation forfaitaire, que certains appellent la « flat tax », sur les revenus de l'investissement et les dividendes.
Pour les dividendes, le taux sera fixé à un niveau proche de ce qu'il était avant 2012, soit autour de 20%, hors prélèvements sociaux. Pour les plus-values, la taxation sera dégressive avec la durée de détention, avec l'objectif de n'être plus imposé qu'au taux de 25%, prélèvements sociaux inclus, au bout de six ans.
Vous voulez aussi supprimer l'ISF, comme d'autres. Pourtant, il permet de financer les PME...
On ne peut pas justifier un mauvais impôt par le fait qu'il comporte une « bonne » niche fiscale ! Oui, avec cette mesure, je prends un risque politique, car je sais que les Français n'y sont pas favorables et estiment normal que l'on fasse payer les riches. Mais c'est un impôt qui est devenu confiscatoire avec la baisse des taux de rendement, compte tenu de son barème, malgré le plafonnement. Depuis sa création, l'ISF a fait fuir des milliers de détenteurs de capitaux qui auraient pu investir en France. Le coût de sa suppression dès 2018 sera élevé, 5,1 milliards d'euros, mais sera compensé par le pari d'un retour sur investissement dans nos entreprises et nos emplois. Quant au dispositif ISF-PME, qui permet de déduire de l'ISF les montants investis dans une PME, je le remplacerai par un accroissement de la réduction d'impôt sur le revenu, qui existe déjà pour encourager les business angels. La réduction d'IR maximale sera ainsi portée à 63.000 euros. L'aide sera équivalente aux 500 millions d'euros de l'actuel ISF-PME. De même, le dispositif ISF qui encourage le financement des organismes d'intérêt général bénéficiera d'un mécanisme équivalent au titre de l'IR.
Je veux aussi encourager l'actionnariat salarié en réduisant de 20% à 16% les prélèvements sociaux payés par l'entreprise et en relevant fortement le plafond d'exonération des plus-values des salariés au-delà de cinq ans de détention des actions.
Que proposez-vous pour mieux encadrer la nouvelle économie sans l'entraver ?
Cette nouvelle économie, c'est une nouvelle croissance et de nouveaux emplois. C'est une transformation qui va tout changer, tout ! De la révolution numérique dans les usines au commerce en passant par la santé, nous entrons dans un monde nouveau.
C'est la même chose que la révolution écologique avec le changement climatique. Notre modèle de croissance devra être « COP21 compatible ». Il va falloir nous adapter. La production et la consommation en sortiront bouleversées, tout comme le travail. On me parle de l'expérience au Canada, où j'ai passé quelques années, où, via la technologie Blockchain, des particuliers s'échangent directement de l'électricité solaire qu'ils produisent. Les imprimantes 3D - qui s'étendent jusqu'à l'alimentation ! -, me fascinent. Il ne faut pas avoir peur de ces changements, mais traiter les défis qu'ils nous posent : quelles seront les conséquences pour l'emploi ? Comment protéger notre vie privée face à la masse des données et à la cybercriminalité ?
Il nous faut donc renforcer l'éducation au numérique, pas seulement par la mise à disposition de tablettes, mais réellement, dès l'école. Nous devons aussi mieux identifier les filières stratégiques où la formation doit être prioritaire. Il faut bien sûr renforcer toutes les mesures en faveur de l'innovation, comme le Programme des investissements d'avenir, que j'ai soutenu avec Michel Rocard, en le ciblant sur le numérique. Enfin, là où c'est nécessaire, prendre des mesures correctrices pour assurer une concurrence équitable dans les secteurs qui sont « ubérisés », comme l'hôtellerie, la restauration, les taxis. Dans le domaine de l'hôtellerie, il n'est ainsi pas normal que les plateformes ne collectent pas la taxe de séjour dans toutes les villes, comme c'est désormais le cas à Paris.
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Retour aux 39 heures légales, instauration d'un CDI "sécurisé", transfert du financement de la protection sociale vers la TVA, baisse de l'impôt sur les sociétés, suppression de l'ISF... Dans son nouvel ouvrage "Cinq ans pour l'emploi", Alain Juppé expose ses recettes pour faire baisser le chômage.
Donc, moins que sous Sarko et Fillon .On peut noter que nous savons déja qu'avec Fillon ce sera 500.000 en plus ou 250.000 avec Juppé et je n'évoque même pas le privé qui continuera de plus belle malgré toute les aides comme avec le CICE.
Pour que tous les francais soient au SMIC ?
=> Il faut supprimer les charges patronales sur tous les salaires.
Pour compenser :
- taxer les revenus du capital de 30% forfaitaire (c'est moins que le taux actuel vous pensez ? Et bien non car il faut prendre en compte tous les revenus du capital : PEA, PEE, Assurance vie inclus) = >bref il faut supprimer les niches sur les revenus du capital, mais avoir un taux d'imposition limité a 30% (aujourd'hui 15.5% + taux marginal IR soit 45.5% voire 55.5%)
- taxer l'immobilier ancien, cette rente improductive qui favorise une génération au depend d'une autre
- 4% de la valeur des biens immobiliers par an, avec abattement par personne (5,000€ par habitant) + abattement de l'impot sur le revenu payé
Bref avec tout ceci : cout du travail en baisse et salaire en hausse (charge patronale doivent etre partagé 50/50 entre entreprise et salariés)
Dans l émission des experts sur BFM business la mondialisation pour certains et la globalisation pour les identiques mais du camp opposé commencent à trouver que l inflation est un impôt indolore .
Ils vont finir par découvrir qu elle est le moteur du progrès, puis encore un petit effort pour comprendre que la démographie ne l est plus .
ces ignobles personnage croit que en remurerant les ouvriers au smig
ceux ci vont produire des qualite superieur ou est la motivation
c'est avec ces ringards que la France est dans cet états
visiblement ils ont jamais rien compris
decidement les personnage de droite responsable de la faillitte du pays avec les socialiste qui n'on aucun projet pour que la France retrouve sa grandeur
il continue de penser comme l'ena seule impots et taxes
mais jamais produire
si le prochain ne sort pas le pays ,je craint une revolte profonde et grave
Par exemple, les baisses de charge qu'on nous propose encore et encore ça n'a rien de neuf et a eu des effets à la marge. Il vaut mieux réfléchir à comment on finance maintenant notre protection sociale et son périmètre pour une réforme globale et expliquer qu'elle en est le but.
Idem sur le sujet des fonctionnaires d'ailleurs.
Ce sont des projets vieille droite conservatrice, pas pour le XXIème siècle. On verra en mai, mais ça sera dur à vendre...
Il s'en fiche, ce n'est pas pour l’électorat aisé de la primaire de droite.
dont la progressivité le rend confiscatoire.
j'ai du mal à trouver les gagnants au final...en tout cas se ne sera pas nous!
cette droite là au lieu de s'inscrire dans la ligné de de gaulle fait de la surrenchère libérale face à Valls et macron.....et selon moi tombe dans le piège de Hollande.
les Français rejettent la loi travail..vu le programme de droite plus dure...pas certains qu'ils vont l'accepter
D'autant que la droite veut remettre la version 1 ,la plus hard et avec un sénat à la botte et un nombre de députés suffisant cela va passer rapidement.Pour l'instant seul un ou deux décrets sont appliqués sur 127 cela devrait se prolonger jusqu'en 2018.
En même temps, ça n'est pas un sujet vendeur d'un point de vue électoral.
Par contre dans la fonction publique c'est l'inverse !!!!!!!! Merci aux syndicats et aux énarques qui tuent progressivement le Prive qui les nourrit .
En sous-traitant dans les pays à bas coût ,le service paie par exemple ,même la RH est concerné.
Les promesses de baisses d'impots et de baisse de charges relevent du bon sens mais elles ne seront crédibles qu'au moment ou il documentera de façon précise comment il compte les financer par des économies sinon ca voudrait dire qu'il veut creuser les déficits et la dette
Va y Juju tu as tout compris
Vive la république, vive la France
Et pendant tout ce temps là tous les rentiers favorisés je n'en doute pas une seule seconde.
Pour les gens qui tirent sur Hollande car il ne fait pas assez de gouvernement de gauche, ils vont être servis.
Donc qui va payer ces baisses de charges? Les cadres off course!
Les salaires versés inférieurs à 1,6 fois le SMIC ouvrent droit à une réduction des cotisations patronales (réduction dite « Fillon ») dues au titre des assurances sociales (maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès) et des allocations familiales. Cette réduction concerne également la contribution au Fonds national d’aide au logement (FNAL), la contribution solidarité autonomie (CSA) et dans une certaine limite, les cotisations patronales AT/MP (accidents du travail/maladies professionnelles). C’est dans ce cadre qu’est mis en œuvre le dispositif « zéro cotisations Urssaf » au niveau du Smic prévu par le Pacte de responsabilité et de solidarité.
Penser qu il suffit de baisser les cotisation sur le smic pour redresser la France ... ca va surtout amplifier la smicardisation du pays !
Enfin en 2022 on aura peut etre un president digne de ce nom. Et si vous etes jeune, votez avec vos pieds ! car Juppe c est un retraité au service des retraités: ceux qui vont devoir en baver c est les jeunes
Comme 43% de l’électorat de la primaire,donc ,plutôt nantis par contre.
Normalement il ne pourrait pas se présenter , mais il est là, malgré ses antécédents .
En 1995 il a mis le pays sans dessus dessous.
Il a cautionné toutes les erreurs de Sarkozy.
Ce n'est pas sérieux , il a fait ses preuves , qu'il prenne sa retraite.
Le but ne doit pas être "tous au Smic"
Il faut developer la classe moyenne supérieur (75-130k€ par an)
=>au États Unis un développeur touche entre 90k$ et 150k$ les 5 premières années de travail. En France entre 38k€ et 50k€
Bref il serait temps de moins taxer les salaires pour qu un jeune qui souhaite s investir dans son travail gagne bien sa vie
Par contre licenciement sans justification mais grosse indemnité (3mois + 1 mois par année d ancienneté - plafonné à 150k€ et 15 mois) => indemnité non négociable pour tous (fonctionnaire, salarié, PDG, cadre, ouvrier...)
Pour l’électorat de la primaire apparemment si, enfin par pour eux bien sûr .
A quand une nouvelle génération de politicien avec un logiciel adapté aux besoins/réalités d'aujourd'hui ?
De plus, aucun ne propose une réforme structurelle de leurs droits/devoirs/avantages. Les temps ont changé, les pratiques doivent également changer.
Il faut être cohérent jusqu'au bout pour être crédible. Ceci dit, pour l'instant, nous assistons à de la com généralisée. Suite au prochain épisode avec des programmes constructifs et réalistes avec des personnes responsables qui ont un métier autre que politicien à vie et qui connaissent le travail dans le privé.
Montant total de la dette sociale : 160 milliards
C'est encore le citoyen lambda qui va financer ces énièmes mesures d'exonérations de charge par des déremboursements, des augmentations de CSG, une explosion des coûts des mutuelles et j'en passe.
Super comme proposition....... :(
A quand la liberté d'affiliation à une assurance santé de son choix ?
tous au SMIC.....!!!!!
quand je pense qu'on dit que le FN a un programme économique peut crédible....
Les Français ont bien comprit que Juppé veut trainer les Français dans la misère plus propfonde, pour parfaire le desastre orchestré par ChiracRaffarin, puis Sarkozy-Fillon et HollandeVallsAyrault ;
chacun des précités organisent l'esclavage rampant.
Ils s'inscrivent dans la très longue tradition historique du "parti de l'étranger", c'est-à-dire depuis ces prétendues "élites" qui ont régulièrement opté pour la fin de la France et la soumission à l' Europe atlantiste, rien ne le différencie d' avec les autres..
Et pourtant très peu ose en parlé cherchez l' erreur.
en 2016, les retraites sont les privilegies du systeme et c est sur que c est pas juppe a 70 ans qui va changer ca
Distortion du language par le jeu sémantique.
Une spécialité politique de nos énarques qui, au passage, ne sont en rien concernés par les réformes qu'ils s'acharnent à imposer dans leurs schismes.
Les libéraux adorent appeler Charges se qui correspond en fait aux cotisations.
Cherchez Lepage la guerre des mots sur Google. 5:02 le clip
ça permettra à certains de sortir peu-être du Mainstream...
Il nous faut des gens d'expériences issus de la société civile, pragmatiques ayants le sens du bien être commun, et tout ira mieux ;).
comme ca ca sera tous les gens au dessus qui vont payer......... et au passage ca ne va faire qu'accelerer la smicardisation de la france ( qui est deja bien en marche!) ......
tant qu'il ne dira pas ou il va faire des economies et comment il va gerer le pb de la secu, c'est du flanc
de la farce et qu'ils verront leurs impôts baisser. Monsieur Juppé ne parle pas d'une réforme de l'IR qui est beaucoup trop concentré sur une minorité de citoyens ce qui devient
injuste et insupportable. Monsieur Juppé devrait aussi nous éclairer sur les impôts locaux
qui explosent avec les dépenses sociales.
Quand aux candidats de droite, ils devraient commencer par s'appliquer à eux meme les mesures "courageuses" envisagees....A commencer par Mr FILLON qui n'a rien foutu pendant ces 5 avec Sarkozy ce qui ne l'a pas empeche de percevoir ses indemnites.