Pour l'OFCE, 2016 sera la vraie année de la reprise

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  739  mots
Selon l'OFCE, le taux de chômage pourrait baisser de 10% fin 2015 à 9,7% fin 2016, puis 9,4% en 2017
Dans ses dernières prévisions, l'Observatoire des conjonctures économiques table sur une croissance française de 1,8% en 2016 puis de 2% en 2017. L'investissement des entreprises devrait - enfin- croitre de 4% l'année prochaine et le taux de chômage tomberait à 9,7%.

La croissance revient mais lentement, très lentement. Les nouvelles prévisions économiques de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFE) sont plutôt positives pour la zone euro en général et la France en particulier. Mais ce retour de la croissance n'est pas très vigoureux, notamment en raison du poids du passé récent : la France paie toujours et encore sept ans de désinvestissement. Ainsi, en 2015,  l'investissement total en volume est encore 9,3% en-dessous de son niveau d'avant crise fin 2007. Dit autrement, actuellement, la France investit annuellement près de 40 milliards d'euros de moins qu'au cours des quatre trimestres qui ont précédé la faillite de Lehmann Brothers.

L'année 2015 plombée par l'absence d'investissements...

Du côté du marché du travail, les sureffectifs dans les entreprises, analysés au regard du cycle de productivité, sont de l'ordre de 100.000 salariés au 2ème trimestre 2015 et les taux d'utilisation des équipements ne sont pas encore revenus à leur moyenne de long terme. Dit autrement, les entreprises disposent donc de réserves de productivité, ce qui ne les incitent pas du tout à embaucher. C'est l'une des principales causes du chômage, beaucoup plus primordiale que le poids du code du travail...

Mais, promis juré selon l'OFCE, la tendance va se redresser en 2016 et surtout en 2017. Pour 2015, avec un taux de croissance du PIB de 0,3% au troisième trimestre, puis de 0,4% au quatrième, soit des rythmes équivalents à ceux de la croissance potentielle, la progression du PIB devait atteindre in fine sur l'année 1,1%. Ce qui permettrait de stabiliser le taux de chômage à son niveau actuel de 10% de la population active.

Mais l'investissement des ménages en baisse de 3,6% et celui des administrations publiques (en diminution de 2,6%) continuent de plomber l'activité et expliquent en grande partie cette croissance molle insuffisante pour faire baisser le chômage.

... qui devraient rebondir en 2016

Pour l'OFCE, 2016 serait donc la vraie première année de la reprise avec un PIB en croissance de 1,8%, soit le même niveau que celui de la zone euro. Surtout, on devrait assister à un vrai redémarrage des investissements des entreprises non financières. Alors que leur taux d'investissement atteignait un petit 1,5% en 2015, il devrait grimper à 4% l'année prochaine. Selon Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, en effet, « tous les facteurs d'une reprises de l'investissement sont réunis ». D'abord le taux de marge des entreprises se redresse sans discontinuité depuis la mi-2014 : il était de 29,5% fin 2014, il grimperait à 31,1% de la valeur ajoutée en 2015, puis à 31,8% en 2016 et à 32% en 2017. Et ce grâce à la baisse des prix du pétrole, à la montée en charge du CICE et au pacte de responsabilité. Ensuite, les taux d'intérêt restent à des niveaux faibles et les perspectives d'activité s'améliorent. La consommation des ménages resterait également soutenue en 2016 (+1,6%), notamment grâce aux créations d'emplois. Car, c'est la bonne nouvelle selon l'OFCE, l'emploi total progresserait de 200.000 postes en 2016. Or, comme la population active ne croîtrait naturellement « que » de 135.000 personnes, le chômage commencerait à réellement diminuer. Le taux de chômage descendrait ainsi fin 2016 à 9,7% contre 10% en 2015. Et en 2017, ce sont 239.000 postes qui seraient créés et le taux de chômage régresserait encore à 9,4%.

Le déficit public, lui, se réduirait de 0,5 point de PIB (passant de 3,7 à 3,2 points de PIB), sous l'effet de la remontée des recettes fiscales avec la reprise de l'activité mais aussi en raison des économies réalisées sur la dépense publique dans le cadre du plan de réduction de 50 milliards d'euros sur trois ans. A cet égard, effet notamment de la baisse des dotations aux collectivités locales, les investissements publics reculeraient  encore de 2,6% en 2016.

Attentions aux facteurs de croissances très volatils !

Des données encourageantes donc... Mais qui ne constituent pas encore une réalité. Car de nombreux facteur sur lesquels reposent ces perspectives s'avèrent très volatils. De fait, l'OFCE a basé ses prévisions sur un prix de baril de pétrole stable à 50 dollars en 2016 et 2017 et un taux de change de l'euro à 1,05 dollar, toujours sur ces deux années. Enfin, il ne faudrait pas que se produise un nouveau tour de vis budgétaire - mais à l'approche des échéances électorales cela paraît peu probable - ou que le ralentissement chinois et la normalisation attendue de la politique monétaire de la Fed (relèvement des taux) déclenche une crise financière.