Près d'un million de jeunes exclus de l'emploi et de la formation

Par Grégoire Normand  |   |  660  mots
En 2018, ils représentaient plus d'une jeune sur 10 de cette classe d'âge. (Crédits : Eric Gaillard)
963.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans sont ni en emploi, ni en formation, ni en études selon une étude de la Dares publiée ce vendredi 7 février. Ce chiffre masque des situations hétérogènes au sein de cette population.

Le calvaire des jeunes exclus du marché du travail et de la scolarité est loin de s'enrayer. Dans une étude publiée ce vendredi 7 février, le service de statistiques du ministère du Travail (Dares) a recensé plus de 963.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans qui ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation. Dans le langage des statisticiens européens, ils sont appelés les NEET (pour Not in Education, Employment or Training). Si leur nombre a reculé ces dernières années, ils représentent tout de même plus d'un jeune sur 10 (12,9%) de cette classe d'âge.

Derrière ces chiffres, la situation de ces personnes révèle parfois des parcours chaotiques et une scolarité souvent hachée. Pour tenter de lutter contre le décrochage scolaire et l'absence de diplôme, l'obligation de formation jusqu'à 18 ans doit entrer en vigueur à partir de septembre 2020. "Tous les jeunes de cette tranche d'âge devront se voir proposer une formation. Les pouvoirs publics et les institutions devront les accompagner et leur proposer une formation" avait expliqué le secrétaire d'Etat, Gabriel Attal, dans un entretien accordé à La Tribune en décembre dernier. En attendant, des milliers de jeunes restent en dehors des circuits d'insertion malgré la baisse du chômage. Parmi les jeunes actifs, le taux de chômage était proche de 21% en 2018 contre 9% pour le reste de la population. Sur ce point, la situation des non-qualifiés demeure particulièrement préoccupante.

Des jeunes moins diplômés

Les statisticiens du ministère du Travail ont brossé un portrait sombre et précis de cette population. Il existe une surreprésentation de jeunes peu diplômés à l'intérieur de ce groupe. Ainsi,"deux tiers des jeunes ayant abandonné les études au collège ou pendant leur BEP ou leur CAP sont ni en emploi ni en formation contre un tiers des jeunes qui ont obtenu un CAP ou un BEP, et un jeune diplômé de l'enseignement supérieur sur six",explique le document. Les tableaux dressés par l'organisme statistique dévoilent des disparités faramineuses au sein de cette catégorie. 52,1% des jeunes ayant un niveau inférieur au CAP ou BEP sont considérés comme NEET contre 6,3% qui ont un niveau de diplôme supérieur au baccalauréat. Le rôle du diplôme demeure déterminant face au chômage et la précarité même si de récents travaux ont montré que l'insertion professionnelle, même pour les plus diplômés, peut s'avérer bien plus complexe qu'auparavant.

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Une situation familiale dégradée

La famille peut avoir une influence majeure sur le parcours des jeunes. Les résultats de l'enquête indiquent qu'un jeune qui a au moins un parent au chômage a beaucoup plus de chances de se retrouver sans emploi ni formation qu'un enfant de cadre. Ainsi, parmi les jeunes sortis de formation initiale, 49,7% des NEET ont au moins un parent chômeur ou inactif contre 18,7% chez les enfants de cadre. En outre, les jeunes mères d'un enfant vivant dans leur logement sont plus souvent NEET.

Un calvaire de longue durée

Le parcours d'obstacles pour ces jeunes peut s'étaler dans le temps. Près de la moitié (47,7%) des jeunes NEET sont sans emploi ni formation depuis un an ou plus. Cet éloignement de longue durée du marché du travail ou des lieux de formation peut amplifier l'exclusion de cette population déjà confrontée à de multiples difficultés. Cet isolement se traduit par l'absence de contact avec des organismes de service public. D'après des chiffres communiqués par le ministère du Travail, 37% des jeunes NEET ne seraient pas en contact par des organises de service public de l'emploi comme Pôle emploi, les missions locales ou des associations d'insertion.