Qualité de l’air : Valérie Pécresse passe à la vitesse supérieure

Par Dominique Pialot  |   |  902  mots
La Région Ile-de-France accélère la mise en oeuvre de son plan "qualité de l'air"
Face à la multiplication des pics de pollution, la Région Ile-de-France accélère la mise en œuvre de son plan régional de la qualité de l’air sur la mandature 2016-2021, multipliant par treize le budget « Air ».

Après la Maire de Paris et la ministre de l'Environnement, c'est au tour de la présidente de la Région Ile-de France de dévoiler ses mesures pour éviter que ne se reproduisent des pics de pollution comme celui de la semaine dernière. Accompagnée de sa vice-présidente chargée de l'écologie et du développement durable Chantal Jouanno et de son vice-président en charge des transports Stéphane Beaudet, Valérie Pécresse a annoncé un budget 2017 traduisant une forte accélération des moyens mis en œuvre pour lutter contre la pollution, et des moyens afférents, votés par tous les groupes.

Elle a insisté sur sa volonté de rompre avec des années de planification pour faire du concret et innover, notamment grâce au numérique et aux startups du digital. Au sein d'un budget « environnement » accru de 34,5% pour 2017, le budget « Air » passe ainsi de 600.000 à 8 millions d'euros, soit une multiplication par treize, hors transports.

27% de la pollution due aux vieilles chaudières à bois

Cette somme sera essentiellement consacrée à l'installation de capteurs Airparif supplémentaires, à la mise en place d'un fonds « Air-Bois » destiné à accompagner les ménages modestes pour qu'ils remplacent leurs vieilles chaudières à bois, et un budget dédié aux artisans et commerçants en dehors de Paris pour les aider à s'équiper en véhicules moins polluants.

Car le chauffage au bois, surtout le fait de ménages modestes résidant en grande couronne, représente en général 27% de la pollution de fond. « Une vieille chaudière à bois pollue autant en une jour qu'une voiture polluante en un an », rappelle Chantal Jouanno. Mené en collaboration avec l'ADEME, le plan « Air-Bois » vise le remplacement de 11.000 chaudières, à raison de primes de 1.000€, attribuées en priorité à des ménages sélectionnés avec l'aide de l'ANAH (Agence nationale de l'habitat). En faisant passer le budget dédié à cette initiative de un à trois millions en 2017, la région se targue de régler plus d'un quart du problème en deux ans.

Déclenchement automatique de la circulation alternée

Concernant la circulation, le coupable le plus montré du doigt lors des pics de pollution (mais dont seulement 30% seraient le fait des trajets professionnels ou étudiants), Valérie Pécresse rappelle être favorable à la circulation alternée, et même à son déclenchement automatique afin d'éviter les habituels atermoiements précédents sa mise en place. Quant à la gratuité des transports en commun accordée pendant quatre jours la semaine dernière par le syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF) qu'elle préside, son coût s'élève à 4 millions d'euros par jour. Un retour d'expérience va être demandé aux opérateurs pour valider l'efficacité de la mesure.

Pour les commerçants et artisans en dehors de Paris (qui possède ses propres dispositifs), un budget de 4 millions doit permettre d'allouer des primes allant de 3.000 à 9.000 euros selon les types de véhicules.

Covoiturage et tiers-lieux

« Le problème, ça n'est pas la voiture, mais la voiture bruyante et polluante », assure Valérie Pécresse.

Concernant la congestion, Stéphane Baudet l'affirme : les voitures aujourd'hui bloquées dans les bouchons d'Ile-de-France transportent en moyenne 1,2 personnes. Il suffirait de passer à deux personnes par voiture pour résoudre ce problème. Oui, mais autant il séduit sur de longues distances, autant le covoiturage pour des trajets quotidiens est plus complexe à mettre en place. La Région entend le favoriser, sans préciser de quelle façon. La multiplication de tiers-lieux favorisant le télétravail est également à l'honneur, grâce au déploiement de la fibre optique.

Le sujet de la fermeture des voies sur berge a évidemment été évoqué, d'autant plus que le rapport du Comité de suivi concernant le mois de novembre a été publié ce jour même. Les interprétations qu'en font la Ville de Paris d'une part, la Région de l'autre, divergent nettement. Rappelant leur soutien au principe de cette initiative, les trois élus ont à nouveau déploré l'absence de concertation en amont, et souligné les impacts en termes de temps de trajets et de bruit, notamment la nuit, sur certains axes de circulation.

Appel à une écotaxe poids-lourds

En matière de transports en commun, les plans de remplacement des bus et des rames de métro (700 d'ici à la fin du mandat, 1.200 d'ici à 2025), doivent permettre de réaliser des progrès significatifs en matière de pollution. Des expérimentations sont menées avec des startups spécialisées dans la dépollution de l'air souterrain. Un « Lab'Air » va également être créé en partenariat avec AirParif pour regrouper les entreprises positionnées sur la qualité de l'air, tant sur un plan commercial que de R&D.

Côté transport de marchandises, en plus de la relance du fret fluvial, la Région appelle une nouvelle fois à la mise en place d'une écotaxe poids-lourds. Mais cette mesure, tout comme la fiscalité sur le diesel, est du ressort du gouvernement.

Tout en assurant que l'accroissement du budget n'entraînera pas de hausse de prix du pass Navigo, la présidente de la Région reconnaît que l'écologie incitative dont elle se dit adepte ne permet pas d'estimer précisément les résultats de son plan air. En effet, reste encore à convaincre les Franciliens de changer de chaudière ou de véhicule...