Réforme des retraites : la majorité se fissure

Par AFP  |   |  559  mots
Dans l'ordre, de gauche à droite : Élisabeth Borne, ministre du Travail, Marc Fesneaux, ministre des Relations avec le Parlement et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie. (Crédits : Reuters)
Ces derniers jours, plusieurs ministres se sont publiquement opposés sur la question du calendrier et de l'esprit de la réforme. Bruno Le Maire (Économie) estime que cette dernière doit permettre en priorité de rembourser la dette du Covid-19, quand Marc Fesneau (Relations avec le Parlement) et Élisabeth Borne (Travail) soutiennent qu'il faut d'abord "régler la crise sanitaire".

La question de la réforme des retraites divise ouvertement le gouvernement et la majorité: le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau s'est opposé ce lundi, comme sa collègue Élisabeth Borne, à son homologue de l'Économie Bruno Le Maire pour qui ce dossier est une "priorité absolue".

Le patron de LREM Stanislas Guerini a souhaité en revanche sur RTL "avancer d'ici la fin du quinquennat" sur ce "chantier essentiel".

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Désaccord sur le calendrier

"Il me semble qu'il faut mettre les choses dans l'ordre dans lequel elles ont été prévues", a taclé M. Fesneau sur France Inter.

"La priorité absolue du gouvernement c'est de régler la crise sanitaire, [...] c'est de faire en sorte que les gens puissent sortir de la précarité dans laquelle ils sont en train de s'enfoncer du fait de cette crise sanitaire et sociale. C'est ça la priorité, c'est pas autre chose", a expliqué le ministre (Modem).

"Le Premier ministre a indiqué une méthode qui est de mettre ça sur la table des partenaires sociaux, il faut faire confiance aux partenaires sociaux", a-t-il rappelé.

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Dans Le Parisien dimanche, Bruno Le Maire a dit avoir "la conviction forte" que la réforme des retraites doit être "la priorité absolue" pour rembourser la dette du Covid-19.

"La priorité absolue, c'est de sortir de la crise sanitaire, économique, sociale, de protéger les emplois, c'est l'avis unanime des partenaires sociaux", a répondu la ministre du Travail Élisabeth Borne lors de l'émission "Dimanche en politique" sur France 3.

Opposition sur l'esprit de la réforme

Autre point de désaccord entre M. Fesneau et Mme Borne d'un côté, M. Le Maire de l'autre, le sens de la réforme.

"La réforme des retraites, telle qu'elle avait été posée, c'était une réforme qui vise à avoir plus de justice, et l'angler sur la question budgétaire ne me paraît à ce stade pas la question", a regretté M. Fesneau.

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Pour Stanislas Guerini, "il ne faut pas abandonner notre ambition de transformation du pays" et, alors que dans la crise actuelle les emplois précaires font partie des "grands perdants du système", il faut faire cette réforme "pour eux, pour la justice sociale". "Il faut aller au bout de ce chantier", a-t-il plaidé, en invitant à "reprendre la concertation, le dialogue social".

Face à ce débat relancé, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a appelé le gouvernement à "dire la vérité aux Français": "Dans le contexte actuel, qu'est-ce qui peut sérieusement justifier que la réforme des retraites soit une 'priorité absolue' ?! Bruno Le Maire, qui exige cela de vous? La Commission en contrepartie du plan de relance?", a-t-elle interrogé dans un tweet.