Réformes économiques : les Français sévères avec Macron

Par Grégoire Normand  |   |  929  mots
"La proportion de personnes critiques est ainsi toujours nettement majoritaire (61% la jugent mauvaise) mais c’est 14 points de moins qu’en décembre dernier. Ils sont 29% (+5 points) à considérer que la politique économique menée par le gouvernement est bonne" explique BVA. (Crédits : POOL New)
61% des Français jugent que la politique économique du gouvernement est mauvaise selon le dernier baromètre réalisé par BVA pour La Tribune.

La colère des Français est loin d'être retombée. Selon le dernier baromètre réalisé par BVA pour La Tribune, la part des répondants ayant un avis négatif sur la politique économique d'Emmanuel Macron s'élève à 61%.

À l'inverse, seuls 29% des Français la jugent de manière favorable. Malgré ces résultats peu flatteurs pour l'exécutif, l'indicateur de qualité perçue des réformes économiques du gouvernement montre des signes d'amélioration. Après une longue période de détérioration entre mai et décembre dans les enquêtes, le président de la République semble susciter moins de défiance.

En pleine crise des "gilets jaunes", 75% des Français avaient désapprouvé les choix de la présidence, soit 14 points de plus que le dernier sondage mené cette semaine. L'issue du grand débat organisé sur l'ensemble du territoire pourrait être déterminante pour la poursuite des réformes. En effet, même si selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur, la mobilisation semble perdre du terrain, les "gilets jaunes" ont prévu de se mobiliser pour un acte 13 ce week-end.

Par ailleurs, la Commission européenne a abaissé ses prévisions de croissance pour la France en 2019 selon un communiqué publié ce jeudi. L'institution estime que le PIB de l'économie tricolore ralentirait à 1,3% cette année contre 1,5% en 2018. Il y a encore quelques jours, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire maintenait sa prévision de croissance à 1,7% pour cette année lors de ses voeux aux acteurs de l'économie. Les marges de manoeuvre pourraient encore se réduire pour le gouvernement confronté à un mouvement social inédit depuis maintenant plus de trois mois. Dans sa dernière livraison, la Cour des comptes a mis en doute la solidité des prévisions économiques du gouvernement.

> Lire aussi : Budget : la Cour des comptes étrille les prévisions du gouvernement

Macron impopulaire chez les retraités

Par catégorie, ce sont les employés et les ouvriers (66%) qui restent les plus critiques à l'égard de l'ancien ministre de l'Économie. Le mécontentement est aussi particulièrement visible chez les retraités (66%) et dans les communes inférieures à 20.000 habitants (69%). En dépit des annonces en faveur des retraités modestes le 10 décembre dernier, la colère semble toujours présente. La désindexation des pensions a suscité une vive opposition chez les foyers composés de retraités . Selon une récente étude de l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE),  la moitié d'entre eux verront "leur revenu disponible se réduire sous l'effet du quasi gel des pensions de retraite notamment" en 2019.  Pour les couples retraités, la perte est évaluée à 390 euros par an en moyenne alors que pour ceux vivant seuls, elle est estimée à 240 euros.

Sur le plan politique, les sympathisants de la République en marche soutiennent en grande majorité (82%) les choix de l'exécutif alors qu'ils sont 82% à s'y opposer au Rassemblement national, 74% chez la France insoumise et 64% au Parti socialiste. Chez les Républicains, 37% des répondants approuvent les mesures économiques de Macron et 54% les estiment mauvaises.

Prélèvement à la source : un impact psychologique non négligeable

Un mois après sa mise en oeuvre, une grande majorité de contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu et concernés par la retenue à la source n'ont pas constaté de problème majeur. D'après les résultats communiqués par l'organisme de sondages, "80% déclarent que le montant prélevé correspondait à ce qu'elles attendaient et 74% estiment que ce montant est clairement indiqué sur leur fiche de paie, pension ou relevé de prestations sociales." Malgré ces résultats encourageants pour le gouvernement, 20% des personnes interrogées ont toutefois été surprises par le montant prélevé et un quart des Français indiquent qu'ils vont devoir contacter le Trésor public "car le taux d'imposition qui a été appliqué en janvier n'est pas correct (erreur, harmonisation nécessaire avec les revenus de 2019)."

Par ailleurs, près de la moitié des répondants (47%) signalent avoir le sentiment que leurs revenus ont diminué. Ce résultat révèle un impact psychologique non négligeable du prélèvement à la source.

"C'est notamment le cas des plus jeunes (63% des moins de 35 ans), des employés et ouvriers (60%) et des salariés (51%), mais aussi des personnes qui ont l'impression d'appartenir aux classes sociales défavorisées (72%)."

Plus de deux tiers des Français affirment enfin n'avoir pas anticipé cette perte de revenus immédiate et vont devoir s'adapter en conséquence.

Si la mise en oeuvre du prélèvement à la source ne semble pas avoir suscité d'opposition majeure, les Français réalisent "néanmoins davantage l'impact que cet impôt représente chaque mois, ce qui peut contribuer à un sentiment de perte de revenus potentiellement problématique en période de contestation sociale", concluent les auteurs du sondage.

> Lire aussi : Prélèvement à la source : ce qui change pour le contribuable

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(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet le 06 février 2019. L'échantillon est constitué de 1.002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, CSP du chef de famille et de la personne interrogée, après stratification par région et catégorie d'agglomération.