Rémunération des cadres : un écart considérable entre l'Ile-de-France et les autres régions

Par Grégoire Normand  |   |  927  mots
"En 2018, 67 % des cadres ayant changé de poste au sein de la même entreprise ont été augmentés" explique l'Apec. (Crédits : Reuters/Gonzalo Fuentes)
En Ile-de-France, les cadres gagnent 52.000 euros par an en valeur médiane contre 47.000 dans les autres régions selon le dernier baromètre de l'Apec.

Les fractures territoriales demeurent bien ancrées. Selon le dernier baromètre réalisé par l'association pour l'emploi des cadres (Apec), l'écart de rémunération entre les cadres franciliens et ceux des autres régions est de 11%. Le revenu médian de ce type de personnel dans la région parisienne est de 52.000 euros brut par an contre 47.000 euros dans les autres régions. L'enquête de l'organisation indique que l'Ile-de-France concentre 40% des emplois des cadres du privé. "Qu'ils soient mobiles ou non, les cadres franciliens sont les mieux lotis en termes d'augmentation de la rémunération : 54 % ont été augmentés, soit 6 points de plus que les cadres qui habitent dans une autre région", souligne l'organisation.

La Bourgogne Franche-Comté en tête

En dehors de l'Ile-de-France, c'est la Bourgogne-Franche-Comté (50.000 euros) qui est la plus attractive en termes de rémunération. Elle est suivie du Centre Val de Loire (49.000 euros) et du Grand Est (49.000 euros). À l'inverse, l'Occitanie et l'Aquitaine figurent en bas de tableau avec 45.000 euros annuels.

Outre ces disparités géographiques, la rémunération des cadres a bondi de 4% entre 2016 et 2018 après des années de stagnation. Les inégalités de rémunération sont toutefois criantes. 10% des cadres gagnent moins de 36.000 euros alors que la même proportion a des revenus supérieurs à 83.000 euros.

Des inégalités entre les hommes et les femmes toujours persistantes

Par ailleurs, les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes demeurent bien visibles. Ainsi, l'écart observé entre les deux sexes est de 16% en 2018 alors qu'il était similaire en 2009, même si de nombreuses variations ont eu lieu sur cette période. L'année dernière, la rémunération des hommes s'élevait à 52.000 euros contre 45.000 euros pour les femmes. Durant ces trois dernières années, la rémunération des femmes cadres s'est stabilisée autour de 45.000 euros selon les auteurs de l'enquête. A l'opposé, celle des hommes est passée de 50.000 euros en 2016 à 52.000 euros en 2018. Ainsi, la hausse observée depuis 2016 "est donc totalement imputable à la progression de la rémunération des hommes (qui représentent plus de 6 cadres du privé sur 10)", signale l'association.

Si les inégalités ont tendance à se réduire dans l'industrie et la construction, les disparités dans les services persistent, les rémunération des femmes et des hommes évoluant au même rythme. Dans ces trois derniers secteurs, la différence de rémunération est de l'ordre de 10%. Dans les activités liées au commerce, les écarts ont tendance à se creuser. En 2018, les femmes cadres gagnaient en médiane 20% de moins que leurs collègues masculins.

Par ailleurs, les hausses sont plus fréquentes pour les hommes que pour les femmes (51% contre 49%). Et cet écart est encore plus marqué chez les jeunes cadres. Ainsi, 74% des cadres hommes de moins de 30 ans ont été augmentés contre 63% chez les femmes.

La mobilité peut booster la rémunération

L'autre enseignement de ce baromètre est que la mobilité peut faciliter la hausse de la rémunération. L'année dernière, les deux tiers des cadres qui ont changé de poste au sein de la même entreprise ont connu une augmentation. De même, 62% des cadres ayant changé d'entreprise ont profité d'une revalorisation de leur rémunération. "Historiquement, qu'elle soit interne ou externe, la part de cadres augmentés à la suite d'une mobilité professionnelle progresse", souligne l'Apec.

> Lire aussi : La mobilité des cadres s'accentue depuis 10 ans

Les jeunes ont profité des dernières augmentations

En proportion, ce sont les cadres de moins de 30 ans qui ont profité des dernières augmentations. Ainsi, plus de 8 cadres sur 10 ayant changé de poste dans l'entreprise ou ayant changé d'entreprise sans avoir connu de période de chômage ont été augmentés en 2018.

"Un écart de 36 points sépare la proportion des jeunes cadres augmentés ayant changé de poste en interne de celle des plus âgés dans la même situation de changement, et la différence est du même ordre selon l'âge pour ceux ayant changé d'entreprise après une période de chômage", explique l'Apec.

Des cadres confiants dans l'avenir

48% des cadres interrogés déclarent avoir demandé ou vont réclamer une augmentation en 2019. C'est trois points de plus qu'en 2019. Cette proportion augmente avec la taille de l'entreprise. Dans les entreprises de 1 à 19 salariés, 41% vont faire une telle demande contre 52% dans les établissements de plus de 1.000 salariés. En parallèle, 36% des cadres interrogés pensent obtenir une revalorisation cette année.

Six cadres sur 10 négocient leurs salaires à l'embauche

Dans une autre enquête, l'Apec explique que 60% des cadres ont négocié leur salaires lorsqu'ils ont changé d'entreprise. Malgré cette proportion, beaucoup déclarent avoir eu des difficultés pour jauger leur valeur sur le marché du travail en raison par exemple de leur âge. D'autres se retrouvent en situation plus délicate lors de l'entretien, notamment lorsqu'ils sont en période de reconversion ou de chômage. "On observe ainsi que les femmes sont moins nombreuses, en proportion, que les hommes à avoir tenté de négocier leur salaire" résume l'Apec.

Méthode : Un questionnaire a été envoyé par e-mailing à un échantillon de clients cadres de l'Apec. Le terrain de l'enquête a eu lieu en mars 2019. L'enquête a permis d'obtenir 16 827 questionnaires complets et exploitables du point de vue de la rémunération. L'interrogation a été réalisée par l'institut CSA.