Rémunérations : fin de la diète pour les fonctionnaires

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  678  mots
Le gel du point d'indice dans la fonction publique depuis 2017 à permis d'économiser 7 milliards d'euros de dépenses publiques. (Crédits : © 2010 Thomson Reuters)
Après six ans de diète, le gouvernement a décidé de revaloriser (en deux temps) de 1,2% le point d'indice des fonctionnaires malgré les réticences du ministère des Finances. cette hausse représente un coût de 2,4 milliards d'euros pour les finances publiques.

C'est fait. Le point d'indice qui sert à l'évolution de la rémunération des quelques 5,4 millions de fonctionnaires est « dégelé », il sera revalorisé d'un montant de 1,2% en deux fois. A un an de l'élection présidentielle, il devenait impossible de continuer de geler la valeur du point d'indice (4,63 euros), une décision prise en 2010 par François Fillon, alors premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Arrivée au pouvoir en 2012, la majorité socialiste avait maintenu ce gel... jusqu'à aujourd'hui. Six ans de gel donc qui ont permis d'économiser... 7 milliards d'euros tout de même.


Une hausse politiquement nécessaire

Mais il fallait mettre fin à cette diète. Notamment pour des raisons électorales. Il semblait en effet difficile d'imaginer que le gel continue durant l'intégralité du quinquennat de François Hollande. Cela aurait été une première. En outre, indirectement, les remous provoqués dans le privé par le projet de loi réformant le code du travail ont servi les fonctionnaires. L'obsession du gouvernement - déjà préoccupé de voir les jeunes dans la rue - étant d'éviter une agglomération des mécontentements. Il était donc temps pour le gouvernement de lâcher du lest, même contre l'avis du ministre des Finances Michel Sapin, tout à son obsession de maintenir en 2017 le déficit de la France sous la barre des 3% du PIB.

La revalorisation annoncée interviendra en deux temps: +0,6% au 1er juillet 2016 et +0,6% au 1er février 2017. Selon la ministre de la Fonction publique Annick Girardin, cette revalorisation, représente "2,4 milliards d'euros d'effort pour le budget de la France", dont 552 millions d'euros pour la fonction publique hospitalière et 648 millions d'euros pour la fonction publique territoriale.

Les collectivités locales vont devoir encaisser le choc

C'est d'ailleurs pour ces collectivités locales, qui subissent une diminution de 3,67 milliards d'euros par entre 2015 et 2017 de leur dotation globale de fonctionnement, que le coup va être le plus rude à encaisser. En effet, on leur demande de maintenir leurs dépenses d'équipement et de « serrer » leurs dépenses de fonctionnement. Or, la rémunération des agents constitue leur premier poste de dépenses de fonctionnement...

Reste qu'il ne faut pas « fantasmer » non plus sur le niveau de rémunération des agents -surtout ceux de la fonction publique territoriale - par rapport aux salariés du privé. Selon des données du ministère de la Fonction publique, le salaire net moyen mensuel des fonctionnaires d'Etat s'élève à 2.469 euros, celui des fonctionnaires territoriaux à 1.851 euros et celui des fonctionnaires du secteur hospitalier à 2.243 euros. Dans le privé, ce montant moyen atteint 2.202 euros.

Des syndicats déçus , et la droite contre la mesure

Du côté des organisations syndicales, sans critiquer drastiquement le geste salarial, on le trouve cependant insuffisant. Pour la CGT qui est la première organisation syndicale de la fonction publique, la mesure est jugée « sérieuse mais pas suffisante » et surtout très tardive.

Même réaction pour Brigitte Jumel de la CFDT (deuxième force syndicale), qui dit "voir et entendre le geste" du gouvernement, néanmoins "insuffisant". Bernadette Groison de la FSU (cinquième force syndicale et premier syndicat enseignant), parle également d'un "premier geste, pas suffisant au regard des pertes subies", estimant que les fonctionnaires ont besoin d'une mesure "immédiate".

Quant à Christian Grolier de FO (troisième force syndicale), il affiche un "sentiment mitigé", tout en se disant satisfait de "sortir de la spirale" du gel du point d'indice. C'est "au-dessus d'une annonce symbolique mais pour autant, pas satisfaisant".

C'est surtout du côté de de la droite que la mesure est la plus critiquée. "Les décisions du gouvernement d'augmenter les fonctionnaires sans augmenter leur temps de travail et sans diminuer les effectifs vont encore accroître la dette", a ainsi déclaré François Fillon (parti "Les Républicains") mercredi 16 mars sur RMC/BFMTV. De fait, plusieurs candidats déclarés ou potentiels - tel Nicolas Sarozy- souhaitent augmenter la durée du travail des fonctionnaires d'au moins deux heures.