Retraites : le bras de fer se durcit entre le gouvernement et les syndicats

Par Grégoire Normand  |   |  744  mots
Au moins 800.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, sont descendues dans la rue partout en France, et des secteurs entiers d'activité ont tourné au ralenti en ce jeudi noir de grèves et manifestations contre le futur "système universel" de retraite. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Au lendemain d'une mobilisation massive, l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU et quatre organisations de jeunesse ont appelé vendredi à une nouvelle journée de grèves et de manifestations mardi contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. De son côté, l'éxecutif doit rendre des arbitrages en milieu de semaine prochaine.

Retraités, étudiants, enseignants, cheminots, agents de la RATP, personnel soignant, ouvriers de l'industrie et cadres....au moins 800.000 personnes sont descendues dans la rue ce jeudi pour protester contre la réforme des retraites, promesse phare du quinquennat d'Emmanuel Macron. Au lendemain de cette mobilisation massive, le rapport de force entre les confédérations syndicales et l'exécutif pourrait s'affermir dans les jours à venir.

Plusieurs syndicats ont annoncé une reconduction de la grève au moins jusqu'à lundi et le mouvement des "gilets jaunes", qui doit se mobiliser ce week-end  à l'occasion de l'acte 56, pourrait encore favoriser la coagulation des contestations redoutée par les membres du gouvernement. Après avoir été à l'écart pendant la première partie du mandat d'Emmanuel Macron, les organisations syndicales se retrouvent au centre des débats.

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Une réunion au sommet lundi avant des annonces en fin de semaine

Dès ce vendredi matin, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a expliqué qu'elle recevrait tous les partenaires sociaux à partir de lundi avec le haut-commissaire en charge de la réforme Jean-Paul Delevoye. "Aujourd'hui nous continuons et nous terminons les concertations avec les partenaires sociaux, nous les recevrons tous au ministère des Solidarités et de la Santé lundi avec le haut-commissaire aux Retraites", a-t-elle déclaré sur Europe 1, expliquant que la "colère des Français" qui s'est exprimée la veille avait été "entendue".

"En fonction de tout ce qui aura été remonté par ces concertations, ces négociations avec les partenaires sociaux sur les différents points, le Premier ministre fera des annonces en fin de semaine prochaine pour dessiner les contours définitifs de cette réforme", a-t-elle ajouté. De son côté, le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye doit participer à une rencontre bilatérale avec des représentants du Medef ce vendredi matin et devrait se rendre au 27ème congrès de l'union nationale des professions libérales (UNAPL) dans la journée organisé au palais Brongniart.

Les syndicats prêts à l'affrontement dans la durée

Après une première journée de fortes mobilisations à Paris et dans les régions, plusieurs centrales ont exprimé leur détermination à poursuivre leur mobilisation. Vendredi, après une paralysie importante des transports la veille en particulier en région parisienne, la situation restait extrêmement perturbée. A Paris, la reconduction du mouvement à la RATP a été votée jusqu'à lundi et 9 lignes de métro restaient fermées.

Dès ce samedi, une manifestation nationale est prévue contre le chômage et la précarité à l'appel notamment de la CGT.  L'intersyndicale mobilisée contre le projet gouvernemental de réforme des retraites a appelé ce vendredi midi à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le mardi 10 décembre, a annoncé Catherine Perret, représentante de la CGT, à l'issue d'une réunion avec les autres organisations. Il s'agira de la deuxième journée de ce genre après celle de jeudi, qui s'est traduite par de fortes perturbations dans les transports, notamment, et des manifestations dans plusieurs dizaines de villes de France. L'intersyndicale réunit CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl, MNL et UNL. De son côté, La CFE-CGC qui, fait rare, a manifesté jeudi, est venue à la réunion de l'intersyndicale. Mais la confédération des cadres est sortie avant la fin de la réunion, ne souhaitant pas s'associer à un communiqué commun avant les annonces du gouvernement "sur la méthode".

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La bataille de l'opinion

Dans un récent baromètre réalisé par BVA pour La Tribune, 82% des Français interrogés en milieu de semaine pensent que le mouvement pourrait s'inscrire dans la durée. Au moins de novembre, seuls 71% des interrogés étaient de cet avis. Cette dynamique pourrait être défavorable à l'exécutif qui a tenté de déminer le terrain social avant la grève de ce jeudi 5 décembre. Surtout, la plupart des enquêtes réalisées ces derniers jours indiquent qu'une majorité de l'opinion publique est favorable à la grève. Les risques d'un enlisement du mouvement sont multiples en cette fin d'année chargée pour le gouvernement.

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