A une semaine de la grève prévue le 5 décembre prochain, le premier ministre Edouard Philippe tente de jouer l'apaisement, et démontrer la capacité d'écoute du gouvernement, dans le difficile dossier de la réforme des retraites. Pour permettre à tous les Français de s'adapter à la nouvelle donne annoncée, le gouvernement s'est dit prêt à donner du temps et décaler l'application de la réforme. Ainsi, à l'issue du Conseil des ministres du mercredi 27 novembre, le Premier ministre s'est dit "ouvert" à ce que la première génération concernée par la réforme des retraites ne soit plus la génération 1963.
Alors que le rapport Delevoye « proposait d'exclure de la réforme tous ceux qui seront à moins de cinq ans de la retraite », soit ceux nés avant 1963, le Premier ministre a ouvert la porte à ce que ceux qui seront à « dix ou quinze ans » de la retraite ne soient pas, non plus, concernés. « Ce sera le fruit de la négociation », a-t-il lancé.
Fin des régimes spéciaux
Au-delà de cette petite concessions vers les plus modérés, le premier ministre a redit sa détermination à mener la réforme jusqu'au bout. Les concertations menées par Jean-Paul Delevoye s'achèveront les 9 et 10 décembre et Édouard Philippe présentera dans les jours suivants le projet de loi, qui sera présenté au Parlement début 2020.
«Nous allons mettre fin aux régimes spéciaux», a-t-il réaffirmé «mais nous ne voulons pas stigmatiser ceux qui s'y trouvent aujourd'hui. Universalité oui, brutalité non. Chacun doit être respecté», a-t-il ajouté. Pour autant, ces catégories ne bénéficieront pas de la clause du «grand-père» (c'est-à-dire l'application de la réforme aux seuls nouveaux entrants sur le marché du travail).
«On ne peut pas répondre à des demandes catégorielles en pénalisant tous les autres», a expliqué le premier ministre. Qui a néanmoins précisé que les discussions se poursuivaient profession par profession, pour aboutir à des «mécanismes de transition équitables».