Retraites  : le RN votera la motion de censure déposée par la Nupes, les Républicains passent leur tour

Par latribune.fr  |   |  887  mots
Pour Elisabeth Borne, « régulièrement, une partie des oppositions nous amène à redémontrer qu'il n'y a pas de majorité alternative ». (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Les députés vont se prononcer ce lundi sur une nouvelle motion de censure déposée par la Nupes, initiée par les Insoumis, la 17e contre le gouvernement d'Elisabeth Borne en un an. La chance qu'elle soit votée est quasi-nulle.

Les oppositions ne désarment pas. Après l'échec d'une tentative d'abrogation de la retraite à 64 ans, la députée socialiste Valérie Rabault défendra dans l'hémicycle, à partir de 16h00, une motion de l'alliance de gauche Nupes, soutenue par le Rassemblement National.

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Mais faute du soutien de la droite, il est peu probable que la censure soit votée, en ce jour qui coïncide avec l'anniversaire du premier tour des élections législatives il y a un an. Dix-neuf députés LR sur 61 avaient pourtant voté pour une motion du groupe indépendant Liot, après le recours à l'arme constitutionnelle du 49.3 par la cheffe du gouvernement pour faire passer la réforme des retraites. La donne a changé, juge l'un d'eux, Aurélien Pradié, qui « ne pense pas » voter la motion lundi : « Elle est déconnectée du sujet, de la réforme des retraites ».

Les députés Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) n'ont d'ailleurs pas déposé de nouvelle motion, « les conditions de succès » d'une telle initiative n'étant « pas réunies actuellement, notamment du fait de l'attitude d'une partie du groupe Les Républicains ». De plus, « nous ne souhaitons pas qu'un rejet d'une motion de censure puisse être instrumentalisé par le gouvernement et sa majorité relative comme un vote de rejet » de la proposition d'abrogation, précise le groupe présidé par Bertrand Pancher qui laisse la liberté de vote à ses membres. « Régulièrement, une partie des oppositions nous amène à redémontrer qu'il n'y a pas de majorité alternative », a ironisé la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne.

 « Marquer le coup »

Pour le président de la commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel (LFI), il faut malgré tout « marquer le coup », des « lignes rouges » ayant été franchies, même si « a priori on aura un résultat un peu moins bon que la dernière fois » en mars. Dans son texte, la gauche pointe que « le gouvernement et sa majorité ont à nouveau bafoué les droits du Parlement pour l'empêcher de se prononcer sur l'abrogation » des 64 ans. Les députés LFI, PS, EELV et PCF y dénoncent également « le mépris constant, depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, affiché à l'égard de nos concitoyens et concitoyennes et des organisations syndicales ».

« Les 88 députés du Rassemblement national seront là pour voter la motion de censure »

La Nupes pourra compter sur le soutien des députés RN qui voteront d'un bloc la motion Nupes, comme cela s'est déjà produit ces derniers mois. « Nous voulons que Mme Borne s'en aille avec sa réforme sous le bras, et surtout, nous voulons qu'il y ait un vote car il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée nationale » sur les retraites, explique Sébastien Chenu, vice-président RN de l'Assemblée nationale. « Les 88 députés du Rassemblement national seront là pour voter la motion de censure parce que nous voulons la fin de ce texte », a expliqué le député du Nord à RTL-Le Figaro-LCI. « Nous voulons que Mme Borne s'en aille, avec sa réforme sous le bras, et surtout, nous voulons qu'il y ait un vote car il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée nationale » sur les retraites, a-t-il ajouté. « Il ne s'agit pas d'une alliance avec LFI mais nous avons déjà démontré que nous étions capables de voter une motion de censure déposée par d'autres ». Interrogé sur les chances de réussite de cette motion, il a répondu : « C'est possible, la dernière fois, il a manqué neuf voix, tout dépend des Républicains ».

Des dissensions se font jour au sein de l'intersyndicale

De son côté, l'intersyndicale ne devrait pas annoncer de nouvelle journée d'action contre la réforme des retraites, mais va s'efforcer de maintenir son unité autour de nouveaux combats. « Il y a des rythmes différents. C'est un peu compliqué d'accorder les violons », a convenu mardi en marge de la manifestation parisienne Benoît Teste, secrétaire général de la FSU.

Signe de ce flottement, l'intersyndicale ne s'est pas réunie la semaine dernière et n'a communiqué ni sur la dernière journée de mobilisation, la quatorzième, ni sur l'échec jeudi de la proposition de loi Liot visant à abroger la loi du 14 avril. Les numéros un devraient échanger en ce début de semaine avant une réunion de l'intersyndicale au siège de la CFE-CGC jeudi, suivie d'une conférence de presse.

Autre sujet sur lequel les organisations pourraient adopter des postures différentes : la participation ou non à une « conférence sociale » à l'invitation de l'exécutif. Si le président de la CFTC Cyril Chabanier a jugé mardi que c'était « le bon moment pour négocier sur d'autres sujets », Frédéric Souillot (FO) « n'ira pas », ne voulant pas se prêter à une opération de « communication ». Ces divergences signent-elles la fin de l'intersyndicale ? Toutes les organisations s'en défendent, conscientes que le mouvement social a en partie puisé sa force dans son unité.

 (Avec AFP)