Réformes des retraites : le combat contre la réforme persiste... et signe

La proposition de loi présentée par le groupe indépendant Liot maintient la flamme des opposants à la réforme promulguée mi-avril. Les syndicats appellent à une nouvelle journée de mobilisation le mardi 6 juin.
Laurent Lequien
(Crédits : Reuters)

Une "arnaque" pour les uns, l'espoir d'un "séisme politique" pour les autres: le texte d'abrogation de la retraite à 64 ans devrait donner lieu à un premier round musclé mercredi à l'Assemblée, avant son examen prévu le 8 juin dans l'hémicycle.

La contestation s'est invitée de manière inattendue à Cannes samedi soir, lorsque la réalisatrice Justine Triet, récemment récompensée par la Palme d'or, a dénoncé la manière « choquante » dont le gouvernement a nié le mouvement contre la réforme.

Le camp présidentiel serre les rangs

Le camp présidentiel cherche par tous les moyens à empêcher la proposition de loi Liot de progresser. Dès mercredi, lors de la commission des Affaires sociales, il prévoit de vider le texte de sa substance.

Reste alors l'étape décisive du 8 juin en séance, où les rapports de force semblent plus favorables à l'opposition qu'en commission... si toutefois un vote a lieu.

« Nous ferons tout notre possible pour éviter que ce débat ait lieu », a déclaré la secrétaire d'État Charlotte Caubel.

Le texte d'abrogation est considéré comme un « manque de respect envers les Français » par Elisabeth Borne, et même comme une « arnaque » selon certains députés de la majorité. Ces derniers soulignent que même s'il était adopté par l'Assemblée, il n'aurait aucune chance de poursuivre son parcours parlementaire.

Peu importe, répliquent le chef du groupe hétéroclite Liot, le député Bertrand Pancher, et le rapporteur de son groupe Charles de Courson, confiants en une possible victoire en rassemblant les voix de la gauche, du Rassemblement National et de certains membres des Républicains. « Je ne vois pas comment le président Macron pourrait l'ignorer ». Ce serait un « séisme politique », affirme Bertrand Pancher.

La Première ministre a répondu en insistant dimanche matin sur Radio J :

« Il n'est pas sérieux pour deux parlementaires, peut-être à la recherche d'un moment de gloire médiatique, de se livrer à ce genre de tromperie envers les Français ».

Le débat sur l'article 40 fait rage en commission

En commission, la majorité devrait sans surprise dégainer à nouveau sa principale arme pour faire barrage : l'article 40 de la Constitution. Ce dernier dispose que les initiatives des parlementaires ne sont pas recevables si elles entraînent un alourdissement des charges publiques.

La présidente Renaissance de la commission des Affaires Sociales, Fadila Khattabi, met en avant le coût de ce texte, qui s'élève à « plus de 20 milliards, ce n'est quand même pas une paille ». Elle a écrit à son homologue de la commission des Finances pour lui demander d'examiner la conformité du texte Liot à l'article 40.

La réponse d'Eric Coquerel, membre de la commission des Finances et de la France Insoumise, ne fait guère de doute : il n'a aucune intention de bloquer la proposition de loi.

Le plan du camp présidentiel

Cependant, le camp présidentiel a élaboré un plan pour contourner cet obstacle. Il espère tout d'abord réussir à supprimer l'article d'abrogation des 64 ans en commission lors de la séance de mercredi. Cela obligerait Liot à réintroduire sa mesure par le biais d'un amendement en vue de la séance du 8 juin. Un scénario qui permettrait à la présidente de l'Assemblée de brandir elle-même l'argument de la recevabilité financière.

Cette perspective déplaît fortement à certains membres du camp présidentiel. Yaël Braun-Pivet a jusqu'à présent refusé de le faire, estimant que le règlement de l'Assemblée nationale ne lui conférait pas le droit de le faire lors des premières étapes de recevabilité du texte, franchies sans difficulté.

Cependant, face à un amendement réintroduit pour la séance, la donne pourrait changer :

« Elle n'aurait plus le choix, elle devra prendre ses responsabilités », insiste un député de la majorité.

Le camp présidentiel dispose de plusieurs autres armes pour éviter un vote le 8 juin, notamment celle de l'« obstruction parlementaire », même si cette stratégie divise les députés.

Mathilde Panot, cheffe de file des députés Insoumis, estime que les Français « verront à quel point ils manœuvrent » pour éviter un vote.

Selon élue LFI, « ce qui est en train de se passer, c'est une brutalité démocratique ».

Laurent Lequien
Commentaires 16
à écrit le 30/05/2023 à 9:22
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Il n'y a pas réforme des retraites, mais, comme d'habitude, un ajustement des paramètres, y comprise l'âge théorique. Je rappelle que, jusqu'aux années 80, l'âge de départ, pour la plupart, était de 65 ans. Saurons nous un jour pourquoi il a été rame...

le 30/05/2023 à 10:08
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On s'est aperçu que travailler plus longtemps faisait baisser l'espérance de vie en même temps que les services de santé se dégradaient !

à écrit le 29/05/2023 à 10:45
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Justine Triet est très mal placée pour critiquer la réforme des retraites quand ce même gouvernement a soutenu et soutien sans faille le cinéma Français, la Culture, ainsi que les intermittents du spectacle pendant la période Covid.(Exonérés au passa...

à écrit le 29/05/2023 à 9:22
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Espérons que la lutte continue aussi dans la rue en empêche la préparation des JO 2024 puis empêche ces JO aussi. Si les dirigeants des autres pays refusent de venir dans notre pays a cause de cette réforme, Macron commencera a réfléchir a la retirer

le 29/05/2023 à 13:54
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Quand la France n'arrivera plus à se financer il devra penser en effet à changer la reforme portant les 43 ans à 45 et les 67 à 70, tout en gardant les 64 ans d'age légal. Et la reforme sera plus juste et la France moins en faillite

à écrit le 29/05/2023 à 9:11
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A quand la réforme pour tous ? Pension forfaitaire et égale pour tous à 60 ans/40 annuités sans cessation d'activité, si en capacité, pour une cotisation proportionnelle au salaire, pour plus de modération salariale ! ;-)

à écrit le 29/05/2023 à 7:15
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Ben disons que ça empeste la dictature tout simplement et que nous sommes en France dont les dirigeants adorent habituellement faire la leçon démocrate aux uns et aux autres dans le monde.

à écrit le 28/05/2023 à 23:03
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La minorité présidentielle fait feu de tous bois, pour trouver une façon d'empêcher le vote à l'Assemblée nationale. Le dernier subterfuge sorti de leurs fertiles imaginations consiste à vider le texte de son sens en supprimant son article principal ...

à écrit le 28/05/2023 à 17:29
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enjeu principal des futures élections l'abrogation de cette réforme mettra hors jeu certains partis ( LR et LREM) reste à savoir qui en tirera bénefice ?

le 29/05/2023 à 11:02
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@Bourdiga On sent chez vous un besoin d'extremisme. FN/RN vs LFI: La Garantie d'un chaos assuré. Hélas, ce n'est qu'après que les choses ont eu lieu qu'on se rend compte de leur pertinence. (ou pas)

à écrit le 28/05/2023 à 15:24
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l'ineptie de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes) al...

le 29/05/2023 à 11:10
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@P.Calvier. Votre constat est juste. Mais peut on confier au FN/RN ou à LFI en toute confiance les clés de la maison France? L'utopie sécuritaire VS l'utopie économique ne sont pas des options possibles dans un Monde où nous ne sommes pas seuls ni...

à écrit le 28/05/2023 à 14:12
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Un peu de patience, cette réforme sera abrogé à la prochaine présidentielle et le parti LR va regretter de ne pas avoir renverser le gouvernement sur la motion de censure car il avait un boulevard pour revenir au pouvoir.

le 28/05/2023 à 15:36
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à la prochaine présidentielle il n'y aura pas l'argent pour payer les retraites à 64 ans figurons-nous si on pourra revenir à 62... Le temps de la rècré est fini, il a duré 42 ans.

le 28/05/2023 à 17:18
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Quel homme de peu de foi vous êtes...! ;-) Si la pension est également forfaitaire pour tous à 40 annuités pour une cotisation proportionnelle au salaire, ... à 60 ans, tout ceux qui le désirent peuvent partir en retraite ! ;-)

à écrit le 28/05/2023 à 12:53
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N'oubliez jamais que selon LREM, M. Macron est la seule et unique alternative à l'autoritarisme et au fascisme des extrêmes. Gloire à notre bon Roi !

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