Retraites  : le Sénat a voté le report de l'âge légal à 64 ans

Par latribune.fr  |   |  817  mots
Elisabeth Borne compte sur un vote des Républicains à l'Assemblée nationale pour éviter d'utiliser le 49.3 qui serait perçu comme un passage en force. (Crédits : Reuters)
Le Sénat a voté peu après minuit le décisif article 7 reculant l'âge de départ à la retraite à 64 ans mais rien ne dit encore que le gouvernement pourra faire l'économie du 49.3 tant les Républicains avancent divisés à l'Assemblée nationale.

« Je me réjouis que les débats aient permis de parvenir à ce vote ». La Première ministre Elisabeth Borne a exprimé sa satisfaction par un tweet après l'adoption (201 voix pour, 115 contre) par les sénateurs de l'article 7 qui recule l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

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La majorité sénatoriale avait sorti l'artillerie lourde du règlement pour accélérer les débats face à « l'obstruction » de la gauche. « Vous bâclez le débat », « la prétendue sagesse du Sénat en a pris un coup », a critiqué la cheffe des sénateurs communistes Eliane Assassi. « Jamais nous n'accepterons que vous mélenchonisiez le Sénat », a rétorqué son homologue des Républicains Bruno Retailleau.

Les débats à la chambre haute reprendront jeudi à 10H30 autour d'un amendement polémique de Bruno Retailleau qui plaide pour que l'extinction progressive des régimes spéciaux, votée à l'article 2, s'applique aux salariés déjà en poste.

L'intersyndicale ne se sera pas reçue par Emmanuel Macron

De son côté, l'intersyndicale, qui veut continuer à mettre la pression avec une nouvelle mobilisation samedi et la multiplication des actions, a demandé à être reçue « en urgence » par le chef de l'Etat « pour qu'il retire sa réforme ».

« La porte du ministre du Travail, Olivier Dussopt, reste toujours ouverte », leur a répondu mercredi Elisabeth Borne, assurant que « le gouvernement est toujours prêt et ouvert au dialogue », et que « c'est dans la concertation et dans le dialogue que ce texte a été construit ».

L'exécutif parie aussi sur un essoufflement du mouvement social

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait expliqué que le président de la République « respectait les institutions (...) aujourd'hui, c'est le temps parlementaire qui a cours ». Emmanuel Macron, qui avait fait de la réforme un pilier de son programme présidentiel, est resté en retrait depuis sa présentation début janvier, laissant la Première ministre et son gouvernement en première ligne.

« La France n'est pas à l'arrêt » comme promis par les syndicats et « on est très loin du record » que les syndicats « revendiquent », relativisait-on de source gouvernementale. Les syndicats ont fait descendre dans la rue mardi 1,28 million de manifestants selon la police, 3,5 millions d'après la CGT. Mais les taux de grévistes sont restés en-deçà des records, tandis que la circulation des trains et métro parisiens s'améliorait mercredi.

Le vote des Républicains à l'Assemblée nationale n'est pas acquis

Elisabeth Borne compte maintenant sur un vote des Républicains à l'Assemblée nationale pour éviter d'utiliser le 49.3 qui serait perçu comme un passage en force. Députés et sénateurs vont devoir trouver un accord en commission mixte paritaire qui devra être validé par les deux chambres. L'Assemblée aura le dernier mot.

La majorité saura-t-elle se montrer unie ? Ne pas voter la réforme serait « déloyal », a prévenu sur FranceInfo la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, à l'intention des élus macronistes récalcitrants. Chez LR, des dissensions persistent, alimentées par une rencontre mercredi entre le député Aurélien Pradié et le leader de la CFDT, Laurent Berger. Celui qui a récemment perdu son statut de numéro 2 refuse toujours de voter en l'état le texte « qui pénalise les travailleurs ». L'adoption définitive de la réforme pourrait intervenir le 16 mars.

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Encore de fortes perturbations à la SNCF, des expéditions de carburants toujours bloquées

La circulation des trains restera encore « fortement perturbée » jeudi, selon la SNCF, mais celle des transports parisiens s'améliorera, selon la RATP. Dans l'aérien, entre 20 et 30% des vols devront être annulés jeudi et vendredi, comme mardi et mercredi. Air France prévoit d'assurer ce jeudi « près de 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers », mais des retards et des annulations de dernière minute « ne sont pas à exclure ». La navigation sur le Rhin reprenait mercredi après-midi après l'intervention des forces de l'ordre contre le blocage de l'écluse EDF de Marckolsheim.

La CGT-Chimie a affirmé que les expéditions de carburants étaient toujours bloquées à la sortie des raffineries, où le ministre des Transports, Clément Beaune, a menacé de faire intervenir les forces de l'ordre. près de 6% des stations-service de France étaient à court d'essence ou de gazole mercredi, une situation mise par le secteur pétrolier sur le compte, non pas des grèves mais d'un « emballement » des automobilistes inquiets.

Les poubelles commencent à s'entasser dans plusieurs arrondissements de Paris, où 35% des éboueurs municipaux sont en grève selon Régis Vieceli, secrétaire général du syndicat CGT nettoiement (FTDNEEA), ainsi qu'à Niort.

(Avec AFP)