Retraites  : Laurent Berger salue une « mobilisation historique », la CGT revendique 700.000 manifestants à Paris

Les syndicats ont tenté de mettre la France « à l'arrêt » ce mardi, afin de protester contre la réforme des retraites en examen au Sénat. Plusieurs secteurs d'activité dont l'énergie et les transports ont été affectés. Quelque 700.000 personnes manifestaient mardi à Paris pour la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l'AFP.
Les syndicats annoncent 250 manifestations partout en France.
Les syndicats annoncent 250 manifestations partout en France. (Crédits : Reuters)

Mis à jour à 17h23 avec les chiffres de la mobilisation

Les syndicats vont-ils gagner leur pari et réussir à mobiliser massivement contre la réforme des retraites ? Quelque 700.000 personnes ont manifesté mardi à Paris pour la sixième journée de mobilisation, a annoncé la CGT à l'AFP. C'est davantage que lors des précédentes journées d'action, où les estimations du syndicat n'avaient jamais dépassé 500.000 personnes. Le chiffre des autorités, lui, n'était pas immédiatement disponible.

Lors de la dernière journée de mobilisation, le 16 février, la CGT avait fait état de 300.000 manifestants dans la capitale, contre 37.000, selon la préfecture. Il en avait compté 500.000 le 11 février (93.000, selon la préfecture), comme le 31 janvier (87.000, selon la préfecture).

Avant même la publication des chiffres de participation, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a salué une « mobilisation historique (...) mieux que le 31 janvier ». Son homologue de la CGT, Philippe Martinez, avait lui assuré que cette journée « va être la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit ».

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L'énergie en première ligne

L'économie française fait les frais de ce mouvement social. Les expéditions de carburants ont été bloquées à la sortie de « toutes les raffineries » mardi, a affirmé à l'AFP la CGT-Chimie.

La grève est partie partout, (...) avec des proportions de grévistes très variables en fonction des sites, mais avec des expéditions bloquées en sortie de toutes les raffineries ce matin, a déclaré Eric Sellini, élu national de la CGT-Chimie. Selon lui, les raffineries de TotalEnergies, Esso-ExxonMobil et Petroineos sont affectées par ce mouvement social.

Tous les sites de stockages français de gaz ont subi le mouvement de grève à l'appel de la CGT, mais sans les mettre totalement à l'arrêt. La CGT a fait ainsi état de 80% de grévistes en moyenne sur les 11 sites de Storengy, filiale d'Engie. Sur ces sites, des barrages filtrants ont été mis en place, pour empêcher les entreprises prestataires de rentrer. Si ces blocages se poursuivaient, ils pourraient mener à l'arrêt des raffineries qui n'auraient plus de place pour stocker le carburant produit sur place, et à des pénuries dans les stations-service comme en octobre dernier, même si les professionnels du pétrole estimaient mardi ce scénario encore peu probable.

Moins de la moitié des salariés d'EDF en grève

Par ailleurs, trois des quatre terminaux méthaniers qui permettent d'importer du gaz naturel liquéfié (GNL) en France ont été mis à l'arrêt pour « sept jours », a indiqué lundi soir le syndicat CGT Elengy.

EDF a annoncé mardi midi une perte de puissance disponible de 5.300 mégawatts (MW) sur les barrages, et de 9.900 MW sur l'ensemble du parc nucléaire, un niveau très élevé, équivalent à la capacité de neuf ou dix réacteurs. Ces baisses de production n'ont pas occasionné de coupures à ce stade. Mais des grévistes ont procédé à des coupures sauvages auprès de 4.000 clients d'Enedis dans la zone de Boulogne-sur-Mer.

Moins de la moitié des salariés d'EDF (41,5%) avaient cessé le travail mardi à la mi-journée, selon la direction. Le taux de grévistes était de 44,5% le 19 janvier, au premier jour de la mobilisation, et de 40,3% le 31 janvier.

La CGT Pétrole a appelé à la grève reconductible. Plus globalement, dans l'énergie, le secrétaire général de la CGT Energie, Sébastien Ménesplier, a prévu une « semaine noire » dans le secteur, avec des baisses de production principalement dans le nucléaire.

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Les transports très perturbés

De leur côté, la SNCF et les transports parisiens anticipaient un trafic très perturbé mardi. On sait déjà que le trafic sur le métro parisien s'améliorera mercredi mais restera « très perturbé ».

A la SNCF, 80% des TGV Inoui et Ouigo étaient annulés, ainsi que presque tous les Intercités. Le taux de grévistes atteignait 39% à midi, dont 76% de grévistes chez les conducteurs et 55% chez les contrôleurs, selon une source syndicale à l'AFP, soit moins que le 19 janvier (46,3%), première journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Et mercredi, le trafic restera "très fortement perturbé", selon la SNCF, en attendant les prévisions pour jeudi et vendredi. Rassemblés en assemblée générale ce mardi, les cheminots ont sans surprise reconduit l'arrêt de travail à l'unanimité, pour 24 heures.

Une adoption de la réforme au Sénat dimanche ?

Elisabeth Borne a regretté, lundi soir, sur France 5 que « les premiers pénalisés, quand on a des grèves, ce sont les Français les plus modestes ». La Première ministre a une nouvelle fois défendu la réforme des retraites qui assurera la pérennité « d'un des piliers de notre modèle social ». Le gouvernement compte sur l'adoption au Sénat de la réforme d'ici dimanche.

Le Sénat s'apprête à examiner l'article 6, encore 2.460 amendements à voter d'ici à dimanche minuit

La chambre haute reprendra la discussion mardi à 14h30 en examinant l'article 6 de la réforme, a annoncé le président Gérard Larcher. « Il nous reste 2.460 amendements à examiner » d'ici dimanche minuit.

Les sénateurs avaient auparavant longuement débattu autour des propositions de la gauche pour financer le système des retraites comme alternative au relèvement de l'âge de départ de 62 à 64 ans prévu par le gouvernement. Toutes ont été rejetées. « En gros, vous dites aux Français, travaillez deux ans de plus parce qu'il faut protéger les revenus financiers des entreprises, les revenus du patrimoine, ceux des milliardaires, les dividendes, les superprofits, la flat tax et les fonds de pension », s'est emporté le sénateur communiste Pierre Laurent. « Nous avions les députés playmobil lors du précédent mandat à l'Assemblée, nous avons donc maintenant des sénateurs playmobil », s'est agacé l'écologiste Thomas Dossus, reprochant à la majorité de droite de ne pas accepter le moindre amendement de la gauche.

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal s'est opposé à toutes les propositions de la gauche, assurant qu'elles mettaient en danger l'emploi. Il a notamment refusé de taxer des profits des entreprises qui servent à « investir, créer de l'emploi et dynamiser les territoires ».

(Avec AFP)

Commentaires 16
à écrit le 08/03/2023 à 10:18
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l’imbécillité de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes...

à écrit le 07/03/2023 à 19:16
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La rue, elle a élu un Parlement pour faire les lois en juin 2022. Elle doit obéir aux lois votées par le Parlement, qui la représente. Et qui la représente bien. Sinon, on est dans un système fasciste ou prérévolutionnaire : c’est ça que veulent tou...

le 07/03/2023 à 20:31
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La rue n a pas élu le sénat …que le petit jesus retourne chez ses ventres à choux ou chez le Vicomte du parc à gugus et ventrus aviné..

le 07/03/2023 à 20:36
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C est votre choix .. il doit pas être très physique …qui ne peut s appliquer à la majorité qui subit un job plus que de l avoir choisi ..porter des charges, des malades , se lever à 4h 30 du matin pour aller bosser à l extérieur c est bien diff que d...

le 08/03/2023 à 6:51
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@Choix : Ce n'est pas parce qu'on n'a pas choisi son job, qu'on n'est pas capable de le faire jusqu'à 64 ans. Arrêtez de vous cacher sous de faux prétextes, la plupart des français n'ont pas des métiers pénibles, reconnaissez le. Quand au fait que de...

à écrit le 07/03/2023 à 12:00
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Les grands gagnants de la réforme, à savoir les retraités actuels, sont majoritaires dans l'électorat. Rien ne changera tant que la démographie ne permettra pas de liquider cette génération de pillards. Reste à savoir dans quel état sera le pays qua...

le 07/03/2023 à 12:36
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@Asimon Vous avez peut-être raison..ou pas. Vous le saurez quand vous arriverez à l'âge de la retraite. Je vous encourage à conserver précieusement vos commentaires pour les relire dans...10 ans?

le 07/03/2023 à 15:18
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Commentaire indigne. Je ne suis pas à la retraite mais pour ceux qui y sont, la grande majorité n'avait pas de voiture à vingt ans, pas de TV (en noir et blanc pour ceux qui avaient l'ORTF), pas d'ordi, pas de portable, pas de Tik Tok et autre twitte...

le 07/03/2023 à 17:21
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@ABC "la grande majorité n'avait pas de voiture à vingt ans, pas de TV (en noir et blanc pour ceux qui avaient l'ORTF), pas d'ordi, pas de portable, pas de Tik Tok et autre twitter." Certes ,mais ils se sont vite rattrapés ensuite jusqu'à aujo...

à écrit le 07/03/2023 à 9:11
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Mes valises sont prêtes direction Portugal RAS LE BOL LA FRANCE !!!!!!!!!!!!!!

le 07/03/2023 à 11:07
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Et n'oubliez pas de dire à la sécu que vous renoncez à la retraite car vous ne voulez plus aucun rapport avec la France

le 07/03/2023 à 20:29
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En carton dans ce cas.

à écrit le 07/03/2023 à 9:10
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les petroliers devraient organiser un comite central pour y prendre des mesures qui vont dans le sens de la cgt, a savoir la fin des investissements en france, et la mise au rebut au fil de l'eau des installations ( avec vente a lyondebasel, dans qqu...

le 07/03/2023 à 13:37
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C'est ce qui est entrain de se passer. On verra combien il restera de raffineries en France dans 10 ans.

à écrit le 07/03/2023 à 9:02
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Mais elle l'est déjà à l'arrêt, cette France où on travaille moins qu'ailleurs (35 h), où l'on produit du déficit abyssal, où l'on ne produit presque plus rien de ce que l'on consomme (agricole et industriel) hormis des régles et des fonctionnaires, ...

le 07/03/2023 à 10:39
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La France se reformera seulement quand elle n'aura plus l'argent pour consommer les biens produits par les autres. Cela arrivera seulement quand notre dette (qui finance des dépenses courantes et pas de l'investissement) ne trouvera plus de preneurs....

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