
Pour sortir de contestation des Gilets jaunes, en 2019, Emmanuel Macron avait lancé un grand débat. Cette fois, pour tourner la page du conflit sur la réforme des retraites, le chef de l'État planche sur une grande loi, qui pourrait être adoptée dès l'été prochain et qu'il souhaite nommer « Plein emploi ». Le locataire de l'Elysée a prévu de la confier à Olivier Dussopt, le ministre du Travail, aujourd'hui en première ligne pour défendre la réforme des retraites.
« Ce texte serait une façon d'ouvrir une nouvelle séquence, notamment avec les syndicats, plus constructive, plus positive... puisque nous pourrions reprendre nombre de leurs aspirations », plaide un conseiller ministériel. Des dispositions autour du rapport au travail sont notamment prévues.
De nouvelles règles pour éviter les licenciements de seniors
L'une des principales critiques adressées à la réforme des retraites concerne le faible maintien des seniors dans l'emploi. En allongeant de deux ans l'âge de départ à la retraite, reste à savoir si les entreprises vont jouer le jeu. Alors que l'index senior prévu dans la réforme laisse les syndicats et le patronat dubitatifs, le gouvernement réfléchit à d'autres dispositifs. Notamment pour éviter que les employeurs ne licencient les quinquagénaires et sexagénaires.
Ce dossier, contrairement à d'autres -comme les femmes par exemple-, Elisabeth Borne le suit de près. La Première ministre s'est souvent dit choquée par les multiples plans de départs proposés aux seniors, après le Covid, notamment dans les grandes entreprises. Aussi, dans le projet de loi "Plein emploi", elle souhaite augmenter les indemnités à verser pour les ruptures conventionnelles proposées aux salariés de plus de 55 ans de façon importante, afin de les dissuader.
Une banque du temps chère à la CFDT
Depuis plus de vingt ans, la CFDT plaide pour une meilleure gestion du temps tout au long de la carrière. Le syndicat réformiste propose une banque du temps, qui pourrait prendre la forme d'un compte épargne temps universel, inspiré du compte épargne temps, comme de nombreuses entreprises en connaissent, souvent les plus grandes. Longtemps, ce sujet n'a pas fait mouche. Si le gouvernement s'y intéresse aujourd'hui, c'est parce qu'il cherche à calmer le jeu avec Laurent Berger, après la bataille des retraites. Aussi, pourrait-il généraliser ce dispositif à tous les salariés, - fonctionnaires, indépendants etc...- , dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille... Ce compte épargne temps aurait la particularité d'être doté de la portabilité : autrement dit, en changeant de société, l'individu le conserverait.
La semaine des quatre jours
Faire 36 heures en quatre jours ! C'est l'expérimentation menée par Gabriel Attal, le ministre des comptes publics, dans les services de l'Urssaf Picardie. Plusieurs pays en Europe multiplient ce type d'initiatives. Alors que les syndicats se plaignent que la question du rapport au travail et des nouvelles attentes des salariés ne soient pas abordées à l'occasion de la réforme des retraites, le gouvernement espère rattraper le coup avec ce genre de propositions.
De la même façon, afin de faire passer la pilule concernant la perte d'avantages dans la réforme, en raison des trimestres maternités pour les femmes actives, le gouvernement entend lancer à l'occasion de cette loi, une conférence autour du travail des femmes et des progressions de carrière. L'idée d'une réflexion autour du renforcement d'un service de la petite enfance, pour aider les femmes à gérer plus facilement leur vie professionnelle sera aussi prévue.
Et des mesures aussi pour le patronat
Côté patronat, les demandes concernent surtout des mesures visant à alléger les normes et les contraintes administratives. La CPME milite notamment pour une simplification drastique de la banque de données économiques et sociales. « Ce projet de loi s'appellera Plein emploi, donc tout ce qui pourra aller dans le sens de la compétitivité des entreprises, et favoriser les embauches aura sa place dans ce texte », répond un conseiller proche du dossier.
Dans ce texte, Elisabeth Borne a aussi promis de reprendre tel quel l'accord trouvé entre patronat et syndicats, le 10 février, relatif au partage de la valeur au sein de l'entreprise.
Cette loi « Plein emploi » reste un pari politique risqué
Reste que ce contre-feu ne sera sûrement pas si facile à actionner pour le gouvernement. A l'issue de la manifestation, le mardi 7 mars, Laurent Berger, le leader de la CFDT, l'assurait sur France 5 : « Ne croyez pas qu'après les retraites, fin mars, on va revenir gentiment à la table, comme si de rien n'était. Les salariés, ils ne vont pas effacer comme ça avec l'ardoise magique, en disant c'est fini...». C'est pourtant le pari risqué que fait le gouvernement.
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