Retraites  : la droite sénatoriale passe à la vitesse supérieure, la gauche dénonce « un acte de faiblesse »

La majorité sénatoriale de droite a donné un gros coup d'accélérateur dans la nuit de mardi à mercredi à l'examen de l'article 7 qu recule l'âge de départ à la retraite à 64 ans. Elle a utilisé un point de règlement pour faire passer à la trappe une première série d'amendements portés par la gauche, qui dénonce une « attaque contre la démocratie ». Les syndicats demandent quant à eux à être reçus en urgence par Emmanuel Macron.
Les débats sur l'article 7 reprendront ce mercredi, la majorité sénatoriale a pour objectif d'aller jusqu'au bout du texte et au vote final d'ici la date butoir de dimanche minuit.
Les débats sur l'article 7 reprendront ce mercredi, la majorité sénatoriale a pour objectif d'aller jusqu'au bout du texte et au vote final d'ici la date butoir de dimanche minuit. (Crédits : Reuters)

La majorité sénatoriale de droite met le turbo. Elle a utilisé un article du règlement pour faire passer à la trappe une première série d'amendements portés par la gauche visant à la suppression de l'article 7, qui recule l'âge de départ à la retraite à 64 ans.

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La « clôture des débats », prévue par l'article 38 du règlement et votée à main levée, peut s'appliquer aux prises de parole sur article, aux explications de vote sur l'amendement ou sur un article, ou encore aux explications de vote sur l'ensemble d'un texte.

« Ce n'est pas digne du Sénat, un scandale, honte à vous »

« Ce recours à cette procédure est un acte de faiblesse de la part de la droite sénatoriale », a réagi la présidente du groupe CRCE à majorité communiste Eliane Assassi, dénonçant « un coup de force », « une attaque contre la démocratie et les droits du Parlement ». « Ce n'est pas digne du Sénat », a-t-elle affirmé. « Un scandale, honte à vous », a renchéri le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner.

« Un jour historique de mobilisation, sur l'article 7, le plus important, vous décidez de bâillonner le Parlement, de censurer le Sénat », a encore accusé le président du groupe écologiste Guillaume Gontard.

« L'obstruction est au Parlement ce qu'est la désertion à un soldat »

« Ça fait 5 jours et 5 nuits que nous avons affaire à une obstruction », a plaidé pour sa part Bruno Retailleau, président du groupe LR, pour qui « l'obstruction est au Parlement ce qu'est la désertion à un soldat ».

« Nous avons eu sur cet article en l'état 124 interventions, je considère que les exigences de clarté et de sincérité ont été respectées », a déclaré le président du Sénat Gérard Larcher (LR).

Le Sénat a dans la foulée rejeté les quelque 70 amendements déposés par la gauche demandant la suppression de l'article 7. Après trois suspensions de séance, le Sénat a ensuite voté à 3H30 du matin, en l'absence des trois groupes de gauche, un amendement de « réécriture » de cet article proposé par le LR René-Paul Savary, qui n'en modifie pas le fond. Mais son adoption a fait « tomber » plus de 1.100 amendements. « Il nous restera un débat riche sur cet article 7 » a assuré le rapporteur, 75 amendements restant à examiner.

La gauche a bien tenté de contre-attaquer en présentant une épaisse liasse de sous-amendements, qui ont été déclarés « irrecevables ». Les débats sur l'article 7 reprendront mercredi après-midi. La majorité sénatoriale a pour objectif d'aller jusqu'au bout du texte et au vote final d'ici la date butoir de dimanche minuit.

« La porte de l'exécutif est toujours restée ouverte »

 Ces débats nocturnes sont intervenus après une journée de mobilisation « historique » selon le qualificatif utilisé par les syndicats. La police a décompté 1,28 million de manifestants et la CGT 3,5 millions, contre respectivement 1,27 million et 2,5 millions pour le 31 janvier. L'intersyndicale avance « plus de 3 millions » de manifestants. Des records ont été battus dans villes moyennes comme à Brest où 30.000 manifestants ont été recensés.

Fort de ce succès, les syndicats ont demandé à être reçus « en urgence » par Emmanuel Macron. « La porte de l'exécutif est toujours restée ouverte. C'est ce qu'a notamment rappelé le président de la République dans ses expressions récentes sur la réforme des retraites » lors de ses visites au marché de Rungis ou au Salon de l'agriculture, a dit l'entourage du chef de l'Etat interrogé sur cette requête de l'intersyndicale au terme d'une journée de mobilisation record contre la réforme.

Le chef de l'Etat avait reçu à déjeuner en juin, après sa réélection, les représentants des principaux syndicats, à l'exception du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui avait décliné l'invitation. Le calendrier de la réforme des retraites avait notamment été au menu de la rencontre.

Mais depuis le lancement des concertations sur ce projet très contesté, ce sont la Première ministre Elisabeth Borne et le ministre du Travail Olivier Dussopt qui ont mené le dialogue avec les partenaires sociaux.

L'intersyndicale appelle à la mobilisation le 11 mars et, la semaine prochaine, le jour de la commission mixte paritaire, lorsque sénateurs et députés se réuniront pour tenter de trouver un accord sur la réforme des retraites. Ils ont rappelé leur soutien aux mobilisations prévues ce 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes et à l'appel spécifique des organisations de jeunesse le 9. A Paris, le métro fonctionne toujours en mode dégradé.

Commentaires 3
à écrit le 08/03/2023 à 11:21
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Plus on avance et moins c'est légitime ! Sauf pour la finance !;-)

à écrit le 08/03/2023 à 10:15
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Avez-vous écouté sur France Inter mardi 07 février entre 08 et 09h cette intervention qui évoquait l’imbécillité de la suppression (démagogie électorale de Macron) de la taxe d'habitation (-20 milliards d'euros de recettes pour L’État et les communes...

le 08/03/2023 à 16:25
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Je crois que vous oubliez un petit détail : les ménages qui profitent le plus de cette annulation de la taxe d'habitation sont les ménages à faible revenu qui louent leur logement. Tout comme la suppression de la taxe audio-visuelle... Pour les prop...

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