Retraites : Macron demande au gouvernement de trouver « la bonne manœuvre »

Par latribune.fr  |   |  793  mots
« Le gouvernement doit lancer une discussion avec les forces sociales, syndicales et patronales, avec les forces politiques », a également déclaré le chef de l'État dans un entretien à BFMTV diffusé jeudi. (Crédits : POOL)
Les débats budgétaires à l'Assemblée s'annoncent musclés. Le gouvernement envisage de faire passer une partie de la réforme des retraites par amendements, au sein du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui doit être présenté en Conseil des ministres lundi. Un biais législatif qui fait débat aux sommets de l'Etat. La présidente de l'Assemblée nationale n'est pas favorable à une réforme par amendements. De son côté, le chef de l'Etat réaffirme qu'à ses yeux, une réforme des retraites en France est une « nécessité ».

La réforme du système de retraites, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, d'abord en 2017 puis en 2022, est revenue à l'agenda. Depuis la rentrée, le gouvernement envoie plusieurs signaux qui indiquent que ce sera bien le cas. Ce jeudi, dans une interview à BFM TV, le président de la République a réaffirmé qu'à ses yeux, une réforme des retraites en France est une « nécessité ».

Pour faire passer sa réforme, Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité de le faire par le biais d'un amendement au projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui doit être présenté en Conseil des ministres lundi. Une méthode, considérée comme « un coup en douce » par certains et qui suscite de vives oppositions, y compris dans les rangs du gouvernement. À commencer par François Bayrou, qui a jeté un pavé dans la mare durant le week-end en se disant « opposé au passage en force ».

Alors que les voix s'élèvent sur cette réforme très sensible, le président Emmanuel Macron a tenté de calmer les esprits, rejetant toute volonté de passer en force. « Le gouvernement doit lancer une discussion avec les forces sociales, syndicales et patronales, avec les forces politiques, et trouver, c'est son travail, avec le Parlement la bonne manœuvre », a-t-il estimé dans un entretien à BFMTV réalisé dans la nuit de mercredi à jeudi, réclamant que la réforme se fasse « de la manière la plus apaisée possible ». « Ils verront comment cela doit cheminer », a-t-il ajouté, assurant ne pas vouloir « préempter » le contenu de la réforme qui correspond, a-t-il rappelé, à « un engagement de campagne ».

La présidente de l'Assemblée opposée au passage par amendement

Pour faire passer sa réforme par amendement, il faudra déjà trouver les bons arguments auprès de la présidente de l'Assemblée nationale. Yaël Braun-Pivet (parti Renaissance) s'est déclarée « pas favorable » à cette méthode. Elle l'a fait savoir ce jeudi au micro de France Info : « les amendements du gouvernement ne doivent pas porter en eux-mêmes une réforme substantielle ». Yaël Braun-Pivet demande à l'exécutif de « prendre le temps de la concertation » et réclame une « réforme globale qui doit paraître équitable à nos concitoyens ».

« Je n'ai jamais été favorable, et c'est une constante chez moi, aux amendements qui portent en eux-mêmes une réforme d'importance parce qu'ils n'ont pas été expertisés par le Conseil d'État, ils n'ont pas fait l'objet d'une étude d'impact, ils n'ont pas été travaillés par les parlementaires en amont au sein de leur commission », a argumenté la présidente de l'Assemblée nationale. D'autant plus que le texte budgétaire, s'il passait par amendements, pourrait passer probablement grâce au recours de l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf motion de censure.

Pour l'instant, le débat reste vif. Mais l'exécutif n'a pas encore tranché, car la voie budgétaire ne permet pas d'aborder certains sujets comme les régimes spéciaux, que le chef de l'Etat s'est engagé à supprimer.

Le CRS demande « une réponse » aux déficits, sans privilégier une mesure d'âge

L'avis du Comité de suivi des retraites (CSR), rendu jeudi, vient toutefois fournir un nouvel argument à l'exécutif pour insister sur les déficits à venir. Une semaine après les sombres projections du Conseil d'orientation des retraites - qui prédit un retour rapide et durable aux déficits - les experts du CSR, chargés de rendre un avis au gouvernement, prennent acte d'un « risque de déséquilibres résiduels significatifs à court et moyen terme » et « recommande de trouver une réponse (à ces) problèmes », au risque de déficits « significatifs » dans un avenir proche, sans toutefois prendre parti pour une mesure d'âge.

Mais trois ans après le long bras de fer contre la dernière tentative de réforme, l'ensemble des syndicats promettent un automne noir si le gouvernement impose une nouvelle réforme des retraites dès cette année. Un avis partagé par une majorité de Français. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, diffusé jeudi, seules 13% des personnes interrogées se disent favorables à une réforme des retraites « en urgence », contre 51% qui demandent « le temps de la concertation et du débat » et 36% qui ne l'estiment pas nécessaire.

(Avec agences)