Retraites : Philippe cajole la CFDT, en attendant la réunion de vendredi à Matignon

Par AFP  |   |  872  mots
Photo d'illustration. CFDT et Unsa ont annoncé, ce mardi, qu'ils souhaitaient le retrait de l'âge pivot d'ici vendredi. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Alors que s'ouvre, ce mardi, un nouveau round de concertations entre gouvernement et organisations syndicales, CFDT et Unsa ont annoncé qu'ils souhaitaient le retrait de l'âge pivot d'ici vendredi, jour où doit se tenir une nouvelle réunion pour essayer de trouver une sortie de crise.

Un pas vers la CFDT: après avoir ouvert, ce mardi, un nouveau round de concertations sur la réforme des retraites, Édouard Philippe a annoncé que les partenaires sociaux se retrouveraient vendredi à Matignon pour discuter de la conférence de financement proposée par Laurent Berger pour sortir d'un conflit social enlisé.

"L'idée est bonne mais nous devons nous mettre d'accord sur le mandat de cette conférence de financement, sur le délai qui lui sera accordé pour aboutir ou dégager des solutions consensuelles", a déclaré le Premier ministre, au 34e jour consécutif de grève.

Il venait de présider une réunion avec syndicats et patronat au ministère du Travail, rue de Grenelle, dans la salle même où se sont tenues les négociations dites des "Accords de Grenelle" fin mai 1968.

L'âge pivot, limite infranchissable pour la CFDT

Le chef du gouvernement a ainsi répondu favorablement à Laurent Berger, le numéro un de la CFDT. Ce dernier avait plaidé, dimanche, pour l'organisation d'une "conférence de financement" du système de retraite distincte du projet de loi en préparation, le premier syndicat français restant opposé à l'instauration d'un âge pivot pour inciter les Français à travailler plus longtemps dès 2022.

Mais à son arrivée rue de Grenelle, Laurent Berger a répliqué que l'âge pivot, "qui ne semblait plus être un totem maintenant", devait être d'abord "enlevé du projet de loi" pour espérer sortir du conflit. CFDT et Unsa ont annoncé, ce mardi, qu'ils souhaitaient le retrait de l'âge pivot d'ici vendredi.

Invité de RTL mardi matin, Édouard Philippe s'est redit "ferme sur l'objectif: nous allons faire un système universel" de retraite par points, "et donc nous allons supprimer les régimes spéciaux". De même, "l'équilibre du système doit être garanti", "mais je suis ouvert sur la façon dont on peut y arriver", a-t-il enchaîné.

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Toutefois, "il faut que chacun bouge un peu", a-t-il réaffirmé. Et le gouvernement n'entend pas décaler son projet de loi: il sera présenté en Conseil des ministres le 24 janvier et examiné par l'Assemblée à partir du 17 février.

Des syndicats divisés

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), comme l'Unsa, a salué "une ouverture" du gouvernement. Le Medef s'est dit "partant" pour la conférence de financement à condition qu'elle livre ses conclusions avant la fin des débats au Parlement et que le gouvernement dise combien la réforme va coûter.

Sans surprise, le Premier ministre n'a pas convaincu les syndicats les plus hostiles à la réforme.

"Le seul signe d'ouverture qu'on aurait voulu entendre, c'est 'on arrête tout, et on met de l'argent pour financer la Sécurité sociale'", a répliqué le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

"Il n'y a rien de neuf", a réagi François Hommeril (CFE-CGC). "Le Premier ministre répète qu'il faut du temps, alors nous lui faisons une proposition: arrêter le processus législatif pour pouvoir aller au fond des dossiers", a dit Michel Beaugas (FO).

Des concessions ont déjà été faites par l'exécutif à de nombreux corps de métier, comme les policiers, les danseurs de l'Opéra, les marins, les pilotes... "L'universalité n'est pas l'unicité, il y a des situations exceptionnelles", a justifié le secrétaire d'État chargé des retraites, Laurent Pietraszewski.

Mais le gouvernement a jusqu'alors échoué à faire cesser la grève illimitée à la RATP comme à la SNCF, la plus longue depuis la création de la compagnie de chemins de fer en 1938.

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Le conflit a occasionné 600 millions d'euros de manque à gagner pour la SNCF (hors dédommagements des voyageurs), selon le groupe ferroviaire.

Grève SNCF: très légère hausse

La direction de la SNCF a fait état d'une très légère hausse du taux de grévistes, à 6,6%, avec plus d'un tiers des conducteurs en grève.

La circulation des trains reste "perturbée" avec 3 TGV sur 4 mais seulement un Transilien sur deux. Aucune ligne de métro n'est totalement fermée mais le service assuré par la RATP est partiel.

Après avoir maintenu le mouvement pendant les fêtes, la CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires, et la FSU organisent deux nouvelles journées de manifestations et de grèves jeudi et samedi. "La CFDT sera mobilisée en région le [samedi] 11", a fait savoir de son côté Laurent Berger. La CFE-CGC appelle uniquement à descendre dans la rue.

La mobilisation se poursuit dans d'autres secteurs que les transports, en particulier dans les raffineries, que la CGT de la chimie a appelé à bloquer jusqu'à vendredi. "Toutes les raffineries de France métropolitaine continuent à produire et cinq raffineries sur sept connaissent des difficultés temporaires dans leurs expéditions", selon le ministère de la Transition écologique.

Par Jérémy Marot, Aurélie Carabin, avec les bureaux régionaux de l'AFP.