Salaires des fonctionnaires : l'Etat a dépensé près de 14 milliards d'euros en plus depuis 2022

Par latribune.fr  |   |  530  mots
Ces sommes sont mises en avant un mois après que Bercy a annoncé 10 milliards d'euros de coupes dans les dépenses de l'Etat en 2024 (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
Le gouvernement s'en défend, l'Etat a dépensé 13,8 milliards d'euros en mesures salariales depuis 2022 au bénéfice des agents publics, détaille-t-il dans un document présenté aux syndicats de fonctionnaires. Ceux-ci restent guère convaincus, à cinq jours d'un appel à la mobilisation pour les salaires.

Près de 14 milliards d'euros en plus depuis deux ans. C'est le chiffre mis en avant par le gouvernement jeudi 14 mars, à cinq jours d'un appel à la mobilisation pour les salaires des fonctionnaires. Selon un document présenté aux syndicats, 13,8 milliards d'euros en mesures salariales ont été dépensés depuis 2022 au bénéfice des agents publics.

Dans le détail, 9,2 milliards d'euros concernent les augmentations générales des salaires de base (+3,5% en 2022 et +1,5% en 2023). Les relèvements successifs des plus bas salaires ont coûté 1,3 milliard d'euros et la prime exceptionnelle de 300 à 800 euros, octroyée à l'automne 2023 aux agents les moins bien rémunérés, 2,3 milliards d'euros.

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Un milliard d'euros a été déboursé pour contribuer au financement des mutuelles des fonctionnaires (à hauteur de 15 euros par mois depuis 2022 dans la fonction publique d'Etat) et verser la Garantie individuelle du pouvoir d'achat (Gipa, une somme destinée à compenser l'inflation), selon le document du ministère de la Fonction publique.

Aucune augmentation prévue en 2024

Ces sommes sont mises en avant un mois après que le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d'euros de coupes dans les dépenses de l'Etat en 2024. Début mars, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave a porté l'objectif d'économies pour 2025 de 12 à 20 milliards d'euros.

Dans ce contexte budgétaire contraint, Stanislas Guérini écarte à ce stade toute nouvelle augmentation générale en 2024 pour les fonctionnaires. S'il admet que leurs salaires ont progressé moins rapidement que dans le privé ces dernières années, le ministre assure que leur « pouvoir d'achat a moins décroché que ce que j'entends parfois dans le débat public ».

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Les syndicats, de leur côté, se refusent à une « année blanche » en 2024 et appellent les 5,7 millions d'agents publics à se mobiliser mardi. Ils demandent tous une augmentation générale des salaires, via une revalorisation de la valeur du point d'indice et une distribution de points à tous les agents.

Les syndicats quittent la réunion

Une réunion avec le ministre de la Fonction publique était prévue ce jeudi, en amont de la mobilisation du 19 mars. L'enjeu était de « poser des constats » sur l'évolution des rémunérations dans la fonction publique. Mais après avoir lu une déclaration commune dans laquelle ils demandent un diagnostic « objectivé » de l'évolution des rémunérations dans la fonction publique, les syndicats ont quitté la réunion.

Le document qui leur a été présenté « ne saurait constituer une base pour un quelconque diagnostic sur les rémunérations dans la fonction publique compte tenu du choix hautement partial des éléments présentés », jugent la CGT, FO (qui n'a pas assisté à la réunion), la CFDT, l'Unsa, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et la FA-FP.

L'intersyndicale regrette le choix d'un indicateur en particulier, la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), qui a selon l'exécutif augmenté plus que l'inflation ces dernières années.

(Avec AFP)