C'est un paradoxe propre aux période d'inflation, comme celle que l'Europe traverse depuis l'après-Covid. Pour que les prix cessent d'augmenter, réduisant le pouvoir d'achat des ménages, il faut, que, dans le même temps, les salaires n'augmentent pas trop vite. Le procédé est pourtant fréquent au sein des entreprises, soucieuses de revaloriser leurs salariés face à l'inflation. Mais s'enclenche alors une potentielle boucle d'hyper inflation dite «prix-salaire » difficilement contrôlable.
Aussi, l'évolution des salaires en Europe est particulièrement observée par les banquiers centraux pour déterminer l'évolution de la politique monétaire. Au cours de la dernière réunion des gouverneurs à Francfort, la BCE a martelé que la croissance des salaires serait le facteur le plus important pour décider, ou non, d'une baisse de taux.
Dans ce contexte, la patronne de la BCE, Christine Lagarde, semble plutôt satisfaite. Les signes de ralentissement de la croissance des salaires observés au quatrième trimestre dans la zone euro sont encourageants mais pas encore suffisants pour donner à la Banque centrale européenne la certitude que l'inflation retournera à sa cible, a déclaré vendredi la présidente de la banque centrale européenne.
« Les chiffres des salaires au quatrième trimestre sont évidemment encourageants », a déclaré Christine Lagarde lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion d'une réunion de l'Eurogroupe à Gand.
« Le Conseil des gouverneurs veut avoir davantage de certitudes que le processus de désinflation que nous observons sera durable et nous amènera à l'objectif de 2% à moyen terme. »
Entre les lignes, il s'agit bien de déterminer si oui ou non la BCE doit amorcer sa détente sur sa politique monétaire et sur les taux. Ce que son homologue américaine, la Fed, a annoncé pour 2024.
Les données sur les salaires au premier trimestre 2024, attendues en mai, seront particulièrement importantes pour la BCE, a ajouté Christine Lagarde.