Revalorisation du Smic : 1 PME sur 5 affectée par le tassement des salaires

Le tassement des grilles de salaires dû aux hausses récentes répétées du salaire minimum affecte 34% des PME/TPE françaises. La moitié d'entre elles estime même que cela freine leur croissance, selon une étude de Bpifrance Le Lab et Rexecode. Les salariés rémunérés au voisinage du Smic seraient eux aussi impactés puisque leurs augmentations se retrouveraient restreintes ou limitées.
Ce phénomène de tassement n’est toutefois pas nouveau et au contraire dénoncé de longue date par les syndicats.
Ce phénomène de tassement n’est toutefois pas nouveau et au contraire dénoncé de longue date par les syndicats. (Crédits : © Magali Cohen/Hans Lucas via reuters)

Le Smic a été augmenté à de multiples reprises depuis 2022, en raison d'une inflation inédite depuis vingt ans, liée initialement à la guerre en Ukraine. Dernière en date, le 1er janvier dernier : le salaire minimum de croissance a été revalorisé de façon automatique de 1,13 % du fait de la hausse des prix, passant de 1.383,08 euros nets mensuels à 1.398,69 euros, soit une hausse de 15,61 euros nets par mois.

Problème : en étant le seul salaire automatiquement revalorisé, le Smic augmente plus vite que les autres. Et les entreprises n'ont pas toutes pu répercuter ces hausses sur les salaires situés autour de lui, créant un tassement des salaires, comme le souligne le baromètre trimestriel de Bpifrance Le Lab et du centre de recherche macroéconomique Rexecode publié ce mardi 27 février. Cette étude a été réalisée à partir des réponses de 1.016 chefs d'entreprises reçues entre le 5 et le 14 février.

Des augmentations restreintes

49% des entreprises se disent concernées par ce tassement : pour 34%, cela concerne toujours certains ou la plupart de leurs collaborateurs, 15% ayant déjà effectué une revalorisation immédiate.

Lire aussiSalaires : les augmentations resteront contenues cette année

Il ressort aussi de l'étude que plus des deux tiers des dirigeants de TPE/PME (35%) rémunérant des salariés au voisinage du Smic déclarent avoir restreint les augmentations de salaires de ces derniers, ou s'être sentis limités dans ces augmentations. Ce, principalement en raison du manque de marges financières et de hausse du coût du travail en lien avec la perte d'allègements de cotisations patronales.

Frein à la croissance

Au total, 34% des patrons interrogés décrivent des situations de « trappes à bas salaires ». Et 54% d'entre eux, c'est-à-dire 17% des répondants, affirment que cette situation crée un frein à la croissance de leur entreprise. Un frein qu'ils jugent mineur (21%), modéré (19%) ou important (15%).

« Ce résultat n'est pas négligeable », souligne Philippe Mutricy, directeur des Etudes de Bpifrance.

Ce phénomène de tassement n'est toutefois pas nouveau et au contraire dénoncé de longue date par les syndicats. Déjà en octobre dernier, lors de la conférence sociale, ils avaient alerté sur le fait que certains minima de branches sont rattrapés par l'augmentation du Smic. Si bien que les salariés des branches concernés touchent quand même le salaire minimum, mais peuvent y rester plus longtemps en raison de ces grilles défavorables. La Première ministre de l'époque, Élisabeth Borne, avait alors menacé de sanctionner ces branches : faute d'amélioration d'ici juin, elles seront soumises à une baisse des exonérations de cotisations employeur.

Lors de son discours de politique générale début février, l'actuel Premier ministre, Gabriel Attal, s'est aussi exprimé sur le sujet. Pour, dixit, « désmicardiser » la France - une expression qui signifie « répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail, et gagnent toujours plus que ceux qui ne travaillent pas » - il a ciblé comme priorité de faire en sorte que plus aucune branche professionnelle ne se situe sous le Smic. Autrement dit, d'agir sur les revalorisations salariales, par branche. Le chef du gouvernement a promis d'agir « résolument » pour que les branches professionnelles qui continuent à rémunérer en dessous du Smic « remontent ces rémunérations », n'excluant « aucune mesure » pour parvenir à des résultats rapides.

Lire aussi« Desmicardiser » la France : pourquoi certaines grilles salariales sont encore coincées sous le Smic

Rebond attendu cette année

Ce baromètre trimestriel montre par ailleurs une légère amélioration des situations de trésorerie des PME/TPE, des délais de paiement des clients qui se réduisent un peu, et des difficultés d'accès au crédit moindre. En revanche, l'investissement est attendu en net ralentissement cette année : 51% des dirigeants comptent investir (-1 point sur le trimestre), et le solde d'opinion sur les montants investis chute de 7 points.

Les perspectives de demande dégradées préoccupent désormais 45% des dirigeants (+2 points sur le trimestre et +8 sur un an), rejoignant presque les inquiétudes sur le recrutement (47% mais en baisse de six points).

« Le scénario qui prime aujourd'hui, malgré le ralentissement actuel, est celui d'un rebond en cours d'année, notamment grâce au phénomène de désinflation qui s'est installé ces derniers mois », résume Philippe Mutricy.

La hausse générale des prix s'est en effet élevée à +3,1% en janvier après +3,7% en décembre. De quoi confirmer les prédictions de la Banque de France. Son gouverneur, François Villeroy de Galhau, indiquait, en effet, à La Tribune Dimanche du 28 janvier dernier, envisager que l'inflation revienne à 2% - l'objectif fixé par les Banques centrales, notamment la BCE - d'ici à 2025 au plus tard.

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 27/02/2024 à 11:53
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Frein à la croissance et quoi plus ? les chefs d'entreprises peinent à recruter et veulent rogner sur les salaires , cherchez l'erreur .N'ont toujours pas compris qu'un compte d'exploitation ne se ne se limitait à des salaires et charges salariales ...

le 27/02/2024 à 18:20
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Bravo. j'ai compris que vous allez bientôt créer une entreprise et mettre en application vos remarques. Vous nous raconterez je n'en doute pas la belle réussite de votre entreprise dans votre prochain post.

le 27/02/2024 à 22:41
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@tototiti Idx ne fait qu'exposer les principes de bonne gestion d'une entreprise comme on le ferait en Europe du Nord, mais dans les pays latins, les patrons ont souvent tendance à vouloir péter plus haut que leur derrière, comme la grande majorité d...

à écrit le 27/02/2024 à 11:13
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Pendant ce temps : L’hypothèse d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage se confirme de plus en plus. Ce mardi 27 février, sur RTL, Gabriel Attal, le Premier ministre, a promis de «continuer à réformer» afin de «réduire nos déficits». Et ce, e...

à écrit le 27/02/2024 à 11:12
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J'attends des politiciens que des gens qui ne travaillent pas vive de l’assistanat bien qu'ils restent minoritaires mais comment en vouloir sachant que pour pouvoir vivre en France payer sont petit loyé, avoir sa petite voiture, s'offrir une fois par...

le 27/02/2024 à 18:27
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L'entreprise ne crée pas de l'argent magique. Si elle augmente sa masse salariale sans pouvoir faire rentrer plus d'argent dans les caisses, elle ne peut pas augmenter les salaires. Ou alors il lui faut diminuer le nombre de salariés. Sinon elle n'a ...

le 27/02/2024 à 22:13
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@tototiti l'endettement de l'Etat sert justement à gonfler artificiellement notre marché interne et permettre la survie d'entreprises vieillottes ou à très faible valeur ajoutée... Dit autrement, on subventionne l'inefficacité économique et c'est le ...

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