Sécu : contre les déficits, la Cour des comptes appelle à des « réformes vigoureuses »

Par latribune.fr  |   |  500  mots
« Dès 2024, le déficit devrait s'aggraver à nouveau », relève la Cour des comptes, présidée par Pierre Moscovici. (Crédits : Reuters)
Malgré la sortie du Covid et la réforme des retraites, la Sécurité sociale va continuer d'accumuler les dettes à l'avenir d'après la Cour des comptes. Rien que sur les trois prochaines années, plus de 36 milliards de dettes supplémentaires sont attendus, au bas mot. L'institution préconise de mettre en place des « réformes vigoureuses » pour éviter d'alourdir les déficits, notamment dans les dépenses de santé.

Revenue d'un déficit abyssal de presque 40 milliards d'euros en 2020, la Sécurité sociale devrait réduire ses pertes à environ 8 milliards en 2023, selon le dernier budget voté. Quatre années de crise que les Français devront rembourser pendant encore une décennie.

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Reste que le « trou » n'a pas fini de se creuser. « Dès 2024, le déficit devrait s'aggraver à nouveau », relève la Cour des comptes dans un rapport publié ce mercredi 23 mai. L'institution considère qu'il est plombé par une assurance vieillesse « que la réforme des retraites ne devrait pas permettre de rétablir rapidement ». La semaine dernière, l'institution n'a d'ailleurs pas certifié le dernier exercice de la branche famille de la Sécurité sociale en raison d' « erreurs » trop nombreuses dans ses comptes.

Au moins 36 milliards supplémentaires attendus

Rien que sur les trois prochaines années, plus de 36 milliards de dettes supplémentaires sont ainsi attendus. Voire davantage encore si les hypothèses « optimistes » du gouvernement en matière de croissance et d'emploi ne se concrétisent pas.

Le risque de dérapage est d'autant plus probable que les dépenses de santé sont censées progresser moins vite que l'inflation cette année et l'an prochain, « ce qui implique un effort financier inédit » à rebours des largesses déployées face à la crise sanitaire.

Pour la Cour des comptes, « des réformes plus vigoureuses (sont) indispensables ». Elle rappelle ses propositions récentes visant certains secteurs comme l'imagerie médicale et la radiothérapie, où elle préconise une meilleure maîtrise des dépenses et des tarifs.

Réformes « vigoureuses » et « indispensables »

Elle suggère aussi de revoir l'organisation du Samu, avec le « rapprochement » des centres d'appels existants dans chaque département et le recours accru aux ambulances sans médecin. L'Assurance maladie va d'ailleurs diminuer sa prise en charge des transports sanitaires non urgents de 65% à environ 50%, selon un décret publié le week-end dernier au Journal officiel. Et ce afin de compenser la mise en place de la gratuité des « transports sanitaires urgents », depuis le 1er janvier.

La fraude aux prestations sociales est également dans le collimateur de la Cour des comptes. Elle préconise « un changement d'échelle » nécessaire pour enfin récupérer « plusieurs milliards d'euros » - même si l'ampleur des malversations reste incertaine. Le gouvernement a justement lancé cette semaine un nouveau plan national de lutte contre le travail illégal, à l'origine de 6 milliards d'euros de manque à gagner en 2021 dans les caisses de la Sécurité sociale et de l'assurance chômage.

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La Cour pointe par ailleurs deux angles morts de la réforme des retraites, en demandant un « ajustement » des pensions de réversion et des droits familiaux, ainsi qu'une « modernisation » du régime spécial des marins, jugé « obsolète et inéquitable ».

(Avec AFP)