Sécu : 6 milliards d'euros d'« erreurs » en 2022 dans les comptes de la branche famille

Entre des versements indus et des prestations « non versées à tort », la branche famille de la Sécurité sociale a passé près de six milliards d'euros par pertes et profits en 2022, selon la Cour des comptes. L'institution a du coup refusé de certifier le dernier exercice et appelle à des « efforts ». La Caisse nationale d'allocations familiales, « d'accord » avec les chiffres avancés, a répondu que des actions sont justement « déjà engagées ».
Cette somme d' « erreurs », qui « représente 7,6% du montant des prestations » versées l'an dernier, est définitivement perdue, a souligné la Cour des comptes.
Cette somme d' « erreurs », qui « représente 7,6% du montant des prestations » versées l'an dernier, est définitivement perdue, a souligné la Cour des comptes. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

La sentence sans appel. Le montant des « erreurs » comptables de la branche famille de la Sécurité sociale et de son bras armé, la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf), a de nouveau augmenté en 2022. Il a ainsi atteint 5,8 milliards d'euros, d'après les chiffres de la Cour des comptes publiés ce mercredi 17 mai.

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Cette somme regroupe à la fois les montants versés à tort et ceux qui auraient dû être payés aux assurés. Elle recouvre aussi en partie celui de la fraude, estimée à 2,8 milliards en 2021 par la Cnaf, qui ne mettra à jour cette évaluation que l'an prochain.

Près de 6 milliards définitivement perdus

Cette somme d' « erreurs », qui « représente 7,6% du montant des prestations » versées l'an dernier, est définitivement perdue pour la Sécu ou pour certains demandeurs du RSA, de la prime d'activité ou des aides au logement. Car les déclarations inexactes remontant à plus de 24 mois « ne seront jamais régularisées », souligne la Cour des comptes.

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Jugeant ce montant « beaucoup trop élevé » et déplorant l'absence « d'actions de redressement de la situation à court terme », l'institution « refuse de certifier les comptes » et « appelle la Cnaf à amplifier ses efforts ».

Le directeur de la Cnaf ne conteste pas cette décision. Au contraire. « On est d'accord sur les chiffres », a déclaré Nicolas Grivel à l'AFP. Il explique la situation par « un système de prestations hyper-complexe » et une succession d'événements (Covid, réforme des APL...) qui « ont fait exploser les indicateurs d'erreurs ».

Des actions « sont déjà engagées », a-t-il ajouté, avec de premiers résultats sur le « ciblage des contrôles » et la lutte contre la fraude. La mise en place progressive de la « solidarité à la source », avec notamment une « pré-déclaration des ressources », doit permettre à terme de « diminuer sensiblement le risque » d'erreurs, selon lui.

3,8 milliards d'euros d'erreur pour l'Assurance maladie

Les autres branches de la Sécu s'en sortent mieux, avec une validation sous réserve. L'Assurance maladie affiche tout de même un taux d'erreur de l'ordre de 10% sur les remboursements de frais de santé et les arrêts de travail, pour un total d'environ 3,8 milliards d'euros.

La Cour salue cependant des « progrès » dans la détection des fraudes. Plusieurs études ciblées (infirmiers, médecins généralistes, kinés...) ont ainsi permis d'aboutir à une fourchette de 0,9 à 1,3 milliard d'euros récupérés, sur un périmètre pas encore exhaustif.

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L'Assurance vieillesse évalue pour sa part le « préjudice des fraudes » à seulement 200 millions d'euros, résultat « à considérer avec précaution » selon la Cour. Celle-ci relève par ailleurs qu'un nouveau retraité sur sept touche toujours une pension « affectée d'au moins une erreur » de calcul.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 18/05/2023 à 10:55
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7,6 % d'erreur ! N'importe quel chef d'entreprise serait viré pour moins que ça. Pourquoi n'y-t-il aucune sanction contre l'équipe de direction ? Quelles ont les mesures correctives mises en place ? Quid du contrôle interne ? Quid du recours à des au...

à écrit le 18/05/2023 à 7:03
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6 milliards par ici, 4 milliards par là. Qui profite ? Qui ferme les yeux ? Depuis combien de temps ?

à écrit le 17/05/2023 à 19:04
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Et qui gère la SECU depuis JUPPE? Bercy, bien sur avec la bénédiction de nos parlementaires!

le 02/11/2023 à 15:04
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non, la sécu est gérée par les syndicats, l'etat est seulement garant, c'est a dire qu'il doit mettre des sous s'il en manque, et vous remarquerez qu'il en manque chaque année,,comprenne qui veut,,,

à écrit le 17/05/2023 à 15:39
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Et ils sont passés où SVP ces six milliards ? C'est pas un peu laxiste cette gestion ? On croit rêver devant tant d'incompétence affichée !

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