Soulagement, après avoir connu un regain en décembre, l'inflation redescend fortement en janvier

Par latribune.fr  |   |  1181  mots
La hausse des prix s'est nettement adoucie à 3,1% sur un an en janvier, en France. (Crédits : Reuters)
L'inflation a nettement ralenti en France en janvier, à 3,1% sur un an contre 3,7% en décembre, selon une première estimation publiée ce mercredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Voilà une bonne nouvelle pour le portefeuille des ménages français. Alors que la crainte d'un rebond temporaire se faisait de plus en plus grande après les 3,7% d'inflation sur un an de décembre ayant suivi les 3,4% de novembre, finalement, la hausse des prix s'est nettement adoucie à 3,1% en janvier, en France. Sur un mois, les prix à la consommation diminueraient légèrement en janvier (-0,2% en janvier par rapport à décembre, contre +0,1% en décembre).

A noter, indicateur de référence pour les comparaisons entre pays européens, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a augmenté de 3,4% en janvier, en net recul par rapport au mois de décembre (+4,1%).

Cette baisse de l'inflation serait le résultat, selon l'Insee, du ralentissement des prix de l'énergie, de l'alimentation et des produits manufacturés sur un an, et malgré l'accélération des prix des services et du tabac.

Les prix de l'énergie ont ainsi progressé de seulement 1,8% en janvier 2024 par rapport à janvier 2023, alors qu'ils augmentaient encore de 5,7% sur un an au mois de décembre. L'inflation reste plus vigoureuse sur les prix des produits alimentaires, à 5,7% sur un an en janvier, mais demeure là-encore moins élevée qu'en décembre, où les mêmes prix progressaient de 7,2%. Cette baisse est en revanche moins perceptible sur la catégorie des produits frais, pour laquelle l'inflation reste élevée, à +8,3% en janvier 2024 par rapport à janvier 2023, contre +8,8% en décembre.

Déjà faible le mois dernier, l'inflation sur les produits manufacturés a encore été divisée par deux sur un an en janvier, à +0,7%.  A l'inverse, les prix des services ont très légèrement accéléré en janvier, en progression de 3,2% sur un an, contre 3,1% en décembre. Le seul indice qui a fortement progressé est celui des prix du tabac, en hausse de 16,8% par rapport à janvier 2023, alors qu'il avait progressé de 9,8% sur un an en décembre.

Bercy et la Banque de France confiants

Si les chiffres de décembre ont paru inquiétants, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire est resté confiant.

« Je me suis engagé à ce que l'inflation décroisse rapidement au début de l'année 2024. Ce sera le cas: les engagements que je prends, je les tiens », a prévenu mercredi matin le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, interrogé sur CNews et Europe 1 juste, avant la publication officielle des résultats.  Lors de ses vœux, prononcés début janvier, le ministre a de nouveau assuré que la dynamique des prix descendrait sous les 3% sur un an en 2024. « A l'heure où je vous parle, nous sommes sortis de la crise inflationniste et nous serons sous les 3% d'inflation dans le courant du premier semestre 2024. »

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Dans une interview accordée à La Tribune dimanche, le 28 janvier, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau s'est aussi montré optimiste.

« Nous sommes sur la bonne voie. Le point haut de l'inflation en France a été atteint en février 2023, à un peu plus de 7 %. Elle est redescendue aujourd'hui autour de 4 %. C'est encore trop élevé mais, selon nos prévisions, elle passerait sous les 3 % avant la fin de ce premier semestre. Et nous nous engageons, sauf choc, à ce que l'inflation revienne à 2 % - ce qui est notre objectif - d'ici à 2025 au plus tard », a-t-il affirmé

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Tout comme la Banque de France, dans ses dernières prévisions publiées mi-décembre, l'Insee s'attend à une baisse de l'inflation à 2,6% sur un an en juin prochain.

Une inflation qui plombe la croissance

Ces perspectives encourageantes seront notamment bienvenues par les ménages et les entreprises françaises. Et pour cause, la France a enregistré une croissance de 0,9% l'an dernier, contre une hausse de 2,5% en 2022, a annoncé l'Insee mardi.

Après avoir subi des problématiques d'offre, les entreprises doivent faire face à des carnets de commandes en berne. Et les défaillances ont commencé à rebondir en 2023. À l'origine de cette baisse de consommation : les Français continuent de se serrer la ceinture pour finir les fins de mois. Une vaste enquête menée par la Banque de France et le Credoc auprès de 3.000 ménages vient renforcer ce constat.

« Il y a un contexte général anxiogène et un sentiment accru de difficultés. 38% des personnes ont dit qu'ils avaient été dans le rouge au cours des douze derniers mois »,  a déclaré Mark Béguery, directeur des particuliers de la Banque de France lors d'un point presse le 22 janvier.

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Pour 2024, les prévisions de croissance diffèrent entre celles du gouvernement (1,4%) et celles des économistes. Dans son interview à La Tribune dimanche, François Villeroy de Galhau la prévoyait plutôt autour de 0,9%, avec pour 2024 le retour de la consommation des ménages. L'appétit pour les achats importants remontait en effet fortement lors de la dernière enquête de l'Insee sur le moral de ces derniers, tout en restant à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme.

Avec le coup de froid sur l'inflation, une baisse des taux à venir?

Ces nouveaux chiffres pourraient aussi influencer la politique de la Banque centrale européenne s'ils étaient confirmés au niveau de toute la zone euro.

Alors que l'économie européenne s'enlise dans une stagnation, le scénario d'une baisse des taux directeurs, de nature à relancer la croissance de l'activité, se confirme. Une semaine après avoir maintenu une nouvelle fois les taux inchangés, Christine Lagarde, la présidente de la BCE a assuré ce mardi sur la chaîne américaine CNN que la prochaine évolution des taux serait une baisse. « Il peut y avoir plusieurs pauses mais le prochain mouvement se fera à la baisse », a-t-elle déclaré, en précisant que les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) étaient sur la même ligne « Si nous avons le choix entre augmenter et réduire, ce sera de les réduire », a-t-elle ajouté.

Pour rappel, après 10 hausses consécutives pour ralentir l'inflation qui s'était envolée après le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, la BCE a enchaîné trois pauses consécutives concernant la variation de son principal taux d'intérêt, actuellement à un niveau record de 4%, atteint après une succession. Des pauses justifiées par le ralentissement de l'inflation en zone euro qui se dirige progressivement vers l'objectif de 2%, synonyme de stabilité des prix. De 10% l'an dernière, la hausse des prix a nettement ralenti depuis. En décembre, elle n'était plus que de 2,9%. « Nous sommes sur une tendance désinflationniste, cela ne fait aucun doute », a estimé Christine Lagarde, « mais nous devons être plus avancés dans le processus pour avoir confiance ».

(Avec AFP)