Etats-Unis : après avoir reculé ces derniers mois, l'inflation signe son retour

Après plusieurs mois de baisse, l'inflation est repartie à la hausse en décembre aux Etats-Unis. Le prix des logements, thème central dans la prochaine élection présidentielle de novembre, tire le taux vers le haut.
Selon le département américain du Travail, en décembre, les prix à la consommation ont augmenté de 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre.
Selon le département américain du Travail, en décembre, les prix à la consommation ont augmenté de 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre. (Crédits : BRIAN SNYDER)

En pleine campagne présidentielle américaine, ce chiffre est surveillé comme le lait sur le feu. D'après les derniers chiffres du département américain du Travail, l'inflation est repartie à la hausse en décembre aux Etats-Unis, alors qu'elle était en recul depuis plusieurs mois. En cause notamment les prix des logements, un thème jugé central dans l'élection de novembre mais aussi dans les primaires républicaines qui démarrent lundi prochain.

Selon l'indice CPI publié ce jeudi, et sur lequel sont indexées les retraites, les prix à la consommation ont augmenté de 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre. C'est plus qu'attendu, les analystes prévoyant un léger rebond, à 3,2%, selon le consensus de Market Watch. Sur un mois seulement, la hausse s'est également accélérée, à 0,3% contre 0,1% le mois précédent.

Les prix des logements ont « continué d'augmenter en décembre, contribuant pour plus de la moitié à la hausse mensuelle », a expliqué le département du Travail dans son communiqué. Cependant, si l'on retire les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, l'inflation dite sous-jacente ralentit, à 3,9% sur un an contre 4% en novembre. Elle reste aussi stable sur un mois, à 0,3%.

Dans la foulée de la publication de ces chiffres, la Bourse de New York a ouvert en hausse ce jeudi, sans prendre en compte, pour le moment, ce nouveau taux d'inflation. Dans les premiers échanges, le Dow Jones engrangeait 0,24%, l'indice Nasdaq glanait 0,40% et l'indice élargi S&P 500 s'appréciait de 0,25%.

Maîtrise de l'inflation toujours possible

L'inflation avait pourtant ralenti à l'automne. Les prix élevés depuis plus de deux ans, et la difficulté qu'ont de nombreux ménages à remplir leur caddie au supermarché ou à se loger, restent un handicap pour le président Joe Biden. La hausse des prix avait atteint 9,1% sur un an en juin 2022, du jamais vu depuis 1981. Continuer à faire baisser l'inflation, sans provoquer de récession ni faire grimper le taux de chômage, semble désormais à portée de main.

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« Nous profitons d'un atterrissage en douceur », a martelé ce lundi la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, en marge d'un déplacement à Vienna (Etat de Virginie). L'année 2024 devrait aussi être marquée par une baisse des taux d'intérêt, qui devrait permettre aux consommateurs d'emprunter plus facilement, un mode d'achat dont les Américains sont friands, et pas uniquement pour acheter des maisons ou des voitures.

Enjeu de campagne

L'opposition républicaine, qui entame lundi ses primaires pour l'investiture - avec Donald Trump comme favori - accuse régulièrement Joe Biden d'avoir alimenté l'inflation, en adoptant de vastes dépenses destinées à relancer l'activité économique après la crise provoquée par le Covid-19.

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L'ancien président républicain Donald Trump avait fait de son bilan en la matière l'un de ses principaux arguments lors de la campagne de 2020. Joe Biden, lui aussi candidat à sa réélection, a hérité d'une situation largement dégradée par la crise liée au Covid. Il martèle à l'envi que l'actuelle bonne santé économique du pays « n'est pas le fruit du hasard », mais le résultat de sa politique économique.

Dans la foulée de la publication de ces chiffres, Joe Biden a d'ailleurs déclaré qu'il « restait beaucoup à faire afin de faire baisser les coûts pour les familles et les travailleurs américains ». « Ne vous méprenez pas: les républicains extrémistes n'ont aucun projet visant à baisser le coût de la vie des ménages, aucun », a par ailleurs affirmé le président démocrate, bien conscient que les prix toujours élevés aux Etats-Unis sont, avec son âge, le principal handicap dans sa campagne pour un second mandat.

La banque centrale américaine maître du jeu

Face à la hausse des prix, c'est pourtant la banque centrale américaine (Fed), plus que la Maison Blanche, qui a les cartes en main. Elle a donc relevé ses taux depuis mars 2022, pour renchérir le coût du crédit, et ainsi décourager la consommation.

« Les données sur l'inflation des six derniers mois indiquent que les mesures (...) ont eu l'effet escompté, à savoir un meilleur équilibre entre l'offre et la demande », a salué lundi de cette semaine, Michelle Bowman, une gouverneure de la Fed, alertant cependant sur les nombreux risques qui persistent.

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La Fed a, lors de sa dernière réunion mi-décembre, maintenu les taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, et signalé des baisses attendues pour 2024. La mesure de l'inflation privilégiée par la Fed, l'indice PCE, est tombée en novembre dernier au plus bas depuis début 2021, à 2,6% sur un an. Les chiffres de décembre seront publiés le 26 janvier prochain.

(Avec AFP)

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