Pas d'inquiétude. Voilà le mot d'ordre de Bercy. Alors que l'inflation en France est remontée à 3,7% sur un an en décembre, après 3,5% en novembre, selon l'Insee, Bruno Le Maire reste confiant. Lors de ses vœux, prononcés ce lundi, le ministre de l'Économie a de nouveau assuré que la dynamique des prix descendrait sous les 3% sur un an en 2024. « A l'heure où je vous parle, nous sommes sortis de la crise inflationniste et nous serons sous les 3% d'inflation dans le courant du premier semestre 2024. »
Le 21 décembre déjà, le ministre avait assuré, au micro d'Europe 1, que la crise inflationniste est bien « derrière nous », avant d'ajouter que « nous serons sous les 3% d'inflation en 2024 », mais que le niveau d'inflation restera « un peu plus élevé » qu'avant la crise, autour de 2%, en raison notamment du coût de la transition énergétique. « Parce que nous relocalisons des activités, parce que la décarbonation de notre économie coûte cher, il est probable que le niveau d'inflation structurel sera un peu plus élevé que ce qu'il était avant la crise du Covid », avait-il alors précisé.
Un rebond temporaire
Ses estimations sont notamment basées sur les dernières prévisions de l'Insee qui avait anticipé une inflation à 2,6% sur un an en juin prochain. Et ce alors qu'elle anticipe un rebond à 6% en début d'année. Comme la hausse de décembre, cette prévision s'explique par « l'accélération » des prix de l'énergie et des services, pointe l'institut. Les premiers ont ainsi augmenté de 5,6% sur un an en décembre (contre 3,1% en novembre) et les seconds de 3,1% (après 2,8%). Mais cette hausse des prix de l'énergie est essentiellement due à « un effet de base moins favorable », pointait du doigt à La Tribune, l'économiste Jean-François Robin, de chez Natixis.
Principal moteur de l'inflation l'an dernier, les prix de l'alimentation ont, eux, continué à ralentir, avec une hausse de 7,1% en décembre (contre 7,7% en novembre).
De son côté, la Banque de France a prédit que l'inflation atteindrait 5,7% en moyenne annuelle en 2023, puis qu'elle tomberait à 2,5% en 2024, mesurée ici selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), outil permettant la comparaison entre pays européens. L'assagissement des prix, combiné à la progression des salaires réels, redonnera alors un peu d'air aux ménages. Ces derniers verront leur pouvoir d'achat s'accroître et donc, devraient consommer plus (+1,5% en 2024 après +0,7% en 2023), de quoi soutenir davantage la croissance dès l'an prochain.
Accélération de la croissance en 2024
Lors de ses voeux, le ministre s'est aussi montré optimiste sur l'état de l'économie française. « Nous avons eu une croissance positive en 2023 et nous aurons une croissance qui accélérera encore en 2024. »
Là encore, ces chiffres sont basés sur les prévisions de la Banque de France. L'institution a légèrement baissé mardi à 0,8% sa prévision pour l'économie française pour 2023. Elle s'attend ensuite à une accélération graduelle jusqu'en 2026. Cette révision à la baisse par la banque centrale, qui anticipait jusqu'ici une progression de 0,9% du produit intérieur brut (PIB), tient tout de même compte d'un troisième trimestre dans le rouge (-0,1%). Pour rappel, il avait été pénalisé par des investissements et une consommation des ménages sans vigueur. La croissance devrait ensuite accélérer progressivement à 0,9% en 2024, puis 1,3% en 2025 et 1,6% en 2026. « On a une confirmation de notre scénario de désinflation avec reprise graduelle de la croissance », a notamment commenté Olivier Garnier, directeur général des statistiques, des études et de l'international à la Banque de France, en présentant ces nouvelles projections à la presse.
En dehors des questions d'inflation et de croissance, le ministre de l'Économie a prévenu ce lundi que « le plus dur est devant nous » en matière d'économies à réaliser pour rétablir des finances publiques françaises mises à mal par les crises. « Je rappelle que nous devons trouver au minimum 12 milliards d'euros d'économies en 2025. Appelons un chat un chat: le plus dur est devant nous », a-t-il déclaré quelques semaines après le vote du budget 2024 déjà placé sous le signe des économies avec la fin des mesures de soutien exceptionnelles. De quoi préparer les esprits à de futures réformes visant des économies d'argent public comme la réforme de la durée d'indemnisation chômage des seniors promue par Bruno le Maire dans une interview à La Tribune Dimanche du 19 novembre.2024, année du rétablissement des finances publiques selon le ministre