Taux : une baisse « très probable » au printemps, avance le gouverneur de la Banque de France

Par latribune.fr  |   |  991  mots
Le gouverneur de la Banque de France estime que la politique monétaire « efficace » de la BCE a désormais permis de « soigner la maladie » de l'inflation. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Interrogé au micro de BFM Business, le gouverneur de la Banque de France s'est montré résolument optimiste. Ce vendredi, François Villeroy de Galhau a estimé « très probable » que l'institution de Francfort effectue ses premières baisses de taux d'intérêt « au printemps ». La veille, la BCE a, une nouvelle fois, joué le statu quo, en maintenant ses taux

 A quelle échéance la BCE va-t-elle, enfin, procéder au desserrement de sa politique monétaire ? Si l'institution de Francfort, elle, se garde bien de donner toute réponse définitive, le gouverneur de la Banque de France, lui, estime « très probable » qu'elle effectue ses premières baisses de taux d'intérêt « au printemps ».

« Il me paraît très probable qu'il y ait une première baisse de taux au printemps », a déclaré François Villeroy de Galhau, lors d'une interview au micro de BFM Business.

Il a toutefois nuancé son propos, précisant « qu'en Europe comme ailleurs, le printemps est une saison qui va d'avril jusqu'au 21 juin. »

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La BCE maintient ses taux

Dans les faits, les déclarations du gouverneur de la Banque de France interviennent au lendemain d'une nouvelle décision de la BCE. Cette dernière a décidé de maintenir son taux sur les dépôts, qui fait référence, à son plus haut historique de 4%, comme depuis octobre.

Interrogée par la presse à l'issue à l'issue de la réunion de son Conseil des gouverneurs, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a estimé que les gouverneurs n'étaient « pas suffisamment confiants » sur « la dynamique des prix » pour entamer une baisse, même si « nous progressons bien vers notre objectif d'inflation ».

Côté calendrier, l'ancienne ministre française continue de se montrer prudente. Elle a en effet fait savoir que son institution en saura « un peu plus en avril », et « beaucoup plus en juin » pour nourrir son tableau de bord économique.

« La maladie » de l'inflation en passe d'être soignée

Selon François Villeroy de Galhau, la discussion entre gouverneurs a été « très convergente » : « Aujourd'hui, autour de la table, (...) il y a un large consensus sur une baisse prochaine de taux », a-t-il rapporté à BFM Business.   

Le gouverneur de la Banque de France estime que la politique monétaire « efficace » de la BCE a désormais permis de « soigner la maladie » de l'inflation. Si bien que la BCE a « de plus en plus confiance » dans le fait « que nous allons ramener l'inflation à 2% d'ici l'an prochain ».

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Il a cependant mis en garde contre « deux écueils » : celui de « la précipitation », qui serait de « baisser les taux trop tôt et risquer de manquer notre cible », et celui de « la crispation », qui consisterait à « agir trop tard et peser sur l'activité ».

« Aujourd'hui, il y a un large consensus pour préférer ce que j'appellerais "le gradualisme", qui est la meilleure façon de s'assurer contre ces deux risques désormais symétriques », a affirmé le gouverneur de la Banque de France.

L'inflation en zone euro, indicateur clé

Après avoir été divisée par trois entre le record de 10,6% atteint en octobre 2022 et l'automne 2023, l'inflation évolue de façon plus hésitante. Elle a ralenti à 2,6% en février, moins qu'anticipé et l'inflation dite sous-jacente, c'est-à-dire sans les prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation, a ralenti à 3,1% en février, toujours bien au-dessus des 2%.

La BCE a abaissé jeudi sa prévision d'inflation pour 2024 en zone euro, la voyant reculer à 2,3% sous l'effet de l'impact plus faible des prix de l'énergie. L'institution s'attend désormais à ce qu'elle atteigne son objectif de 2% en 2025. Cette tendance se reflète sur les prévisions de Bruxelles. Dans sa dernière estimation, publiée le 15 février, la Commission européenne a estimé que l'inflation dans la zone euro sera plus faible qu'attendue cette année, à 2,7%, contre 3,2% anticipés jusqu'ici.

« La baisse des prix des matières premières énergétiques et le ralentissement de la dynamique économique ont placé l'inflation sur une trajectoire descendante plus prononcée que prévu », a expliqué la Commission.

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Une tendance baissière qui se voit en France. Selon les données provisoires publiées la semaine dernière par l'Insee, en février l'inflation y a ralenti à +2,9% sur un an, après +3,1% en janvier. Sur  un mois, entre janvier et février, les prix ont cependant fortement grimpé de 0,8% après -0,2% en janvier.

Ce rebond est dû à la hausse des prix des services, notamment des loyers et des transports, ainsi que de ceux de l'énergie, des produits manufacturés et du tabac, selon l'Insee. Les prix de l'alimentation ont en revanche légèrement diminué sur le mois.

2% d'inflation en France d'ici 2025

Ces derniers chiffres de l'Insee sur l'inflation française vont dans le sens des dernières prévisions du gouverneur de la Banque de France sur le sujet. Dans un entretien accordé à La Tribune Dimanche publiée le 28 janvier, François Villeroy de Galhau envisageait en effet que l'inflation revienne à 2% - l'objectif fixé par les banques centrales, notamment la BCE - d'ici à 2025 au plus tard.

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« Le point haut de l'inflation en France a été atteint en février 2023, à un peu plus de 7%. Elle est redescendue aujourd'hui autour de 4%. C'est encore trop élevé mais, selon nos prévisions, elle passerait sous les 3% avant la fin de ce premier semestre », avait-il prédit. Et d'ajouter qu'« à court terme, la désinflation entraînera une hausse en moyenne du pouvoir d'achat, car les prix augmenteront dorénavant moins vite que les salaires ».

(Avec AFP)