Zone euro : l'inflation se rapproche de la cible des 2%

L'inflation en zone euro poursuit son reflux en février, s'établissant à 2,6% sur un an, soit une baisse de 0,2 point par rapport au mois précédent, révèle Eurostat, ce vendredi. Le chiffre le plus scruté par les marchés financiers et la BCE, celui de l'inflation sous-jacente c'est-à-dire corrigée des prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation, envoie également un signal encourageant.
En février, l'accalmie sur le front de l'inflation est venue principalement d'un moindre renchérissement des prix de l'alimentation.
En février, l'accalmie sur le front de l'inflation est venue principalement d'un moindre renchérissement des prix de l'alimentation. (Crédits : Ralph Orlowski)

[Article publié le vendredi 01 mars 2024 à 12h52 et mis à jour à 13h37] De quoi rassurer la Banque centrale européenne, à sept jours de sa prochaine réunion, et amorcer, enfin, la baisse des taux ? La hausse des prix à la consommation a continué à refluer au mois de février, a annoncé Eurostat, ce vendredi. L'inflation revient en effet à 2,6% sur un an, soit 0,2 point de moins qu'en janvier, grâce à une hausse moins forte des prix alimentaires. Le recul est toutefois un peu moins marqué que ce qui était anticipé par les analystes interrogés par Bloomberg et Factset. Ils tablaient en moyenne sur 2,5%.

Force est de constater que la hausse des prix à la consommation dans les 20 pays partageant la monnaie unique a tout de même été plus que divisée par quatre depuis le record de 10,6% atteint en octobre 2022, lorsque les tarifs de l'énergie flambaient, sur fond de guerre en Ukraine. Le chiffre le plus scruté par les marchés financiers et la BCE, celui de l'inflation sous-jacente c'est-à-dire corrigée des prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation, envoie également un signal encourageant.

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Cet indicateur, jugé plus représentatif, a reculé en février à 3,1%, contre 3,3% en janvier. Les analystes tablaient cependant en moyenne sur un recul plus prononcé à 2,9%.

Des données encourageantes pour la BCE...

En février, l'accalmie sur le front de l'inflation est venue principalement d'un moindre renchérissement des prix de l'alimentation. Ils ont progressé de 4%, contre 5,6% en janvier. Les tarifs des biens industriels ont augmenté de 1,6%, contre 2% le mois précédent, et ceux des services de 3,9%, après 4% en janvier. Enfin, les prix de l'énergie ont poursuivi leur mouvement de baisse mais à un rythme inférieur (-3,7%, après -6,1%).

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Au global, le chiffre de l'inflation se rapproche donc bel et bien de l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne. Or, si la tendance se confirme dans les mois à venir, elle pourrait convaincre l'institution de baisser ses taux d'intérêt.

« Les données de février sur l'inflation semblent être le dernier clou dans le cercueil d'une réduction des taux d'intérêt en avril », a commenté Jack Allen-Reynolds pour Capital Economics.

« La plupart des décideurs de la BCE estiment qu'ils ont besoin de plus de temps pour être convaincus que l'inflation retombera durablement à 2%. Les données de février auront renforcé cette conviction », explique-t-il.

« La persistance de l'inflation sous-jacente, (...) l'incertitude quant à l'évolution des salaires et la confiance dans un rebond économique de la zone euro empêcheront la BCE de réduire ses taux la semaine prochaine », estime de son côté Carsten Brzeski de la banque ING.

« Une baisse ne devrait être à l'ordre du jour qu'en juin », prévoit-il.

Pour rappel, la BCE se réunit début mars. L'institution de Francfort devrait, selon toute attente, maintenir ses taux inchangés. Le principal d'entre eux sur les dépôts campe toujours à son plus haut historique à 4%.

...qui marche tout de même sur des oeufs

Le processus de désinflation en zone euro « devrait se poursuivre ». Toutefois, le Conseil des gouverneurs de l'institution voudra « être sûr qu'il nous permettra d'atteindre durablement notre objectif de 2% » avant de se lancer dans des baisses de taux, a affirmé la présidente de la BCE, Christine Lagarde, devant le Parlement européen, le 26 février dernier.

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Interrogée au micro de la chaîne américaine CNN fin janvier, l'ex-directrice générale du FMI avait indiqué que le prochain mouvement de taux sera une baisse. Il existe un « large » accord au sein de l'organe de décision de la BCE pour que la prochaine décision « si nous avons le choix entre augmenter et réduire, sera de les réduire ».

« Il peut y avoir plusieurs pauses mais le prochain mouvement se fera à la baisse », avait-elle ajouté.

Outre-Atlantique, les avis au sein de la Réserve fédérale américaine (Fed) divergent. Plusieurs responsables plaident en faveur d'une baisse des taux, parfois dès l'été. La semaine passée, trois gouverneurs de la Fed ont, eux, continué à plaider pour la patience avant de commencer à baisser les taux, l'un d'eux avertissant même qu'il veut observer encore « au moins quelques mois supplémentaires » de chiffres de l'inflation.

« J'aimerais avoir une plus grande confiance dans le fait que l'inflation converge vers 2% avant de commencer à réduire le taux directeur », avait alors insisté Christopher Waller.

Ces propos successifs avaient fait déchanter les marchés. Et pour cause les investisseurs rêvaient à une première baisse dès la prochaine réunion de la Fed, les 19 et 20 mars. Désormais, ils tablent majoritairement sur la réunion de mi-juin, selon l'estimation de CME Group. La réunion suivante se tiendra fin juillet.

Le taux de chômage en zone euro recule

L'indicateur a reculé de 0,1 point en janvier à 6,4% de la population active, son plus bas niveau historique malgré une conjoncture économique morose, selon des données publiées ce vendredi par Eurostat. Le chiffre de décembre avait initialement été évalué à 6,4%, mais a été revu en hausse à 6,5%. L'indicateur est au plus bas depuis que l'office européen des statistiques a commencé à compiler cette série en avril 1998 pour les pays ayant adopté la monnaie unique.

En glissement annuel, le taux de chômage a baissé de 0,2 point en janvier. Ces chiffres témoignent d'une résistance du marché de l'emploi face à la stagnation économique en Europe depuis un an et demi. Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de personnes sans emploi s'est élevé à 6% en janvier, stable par rapport au mois précédent et en recul de 0,1 point sur un an.

Le chômage a nettement baissé en Europe depuis la mi-2021, grâce à la forte reprise économique post-Covid qui a succédé à une récession historique. Malgré une stagnation de l'activité économique dans la zone euro à partir de fin 2022, alimentée par les conséquences de la guerre en Ukraine et la flambée de l'inflation, il a poursuivi son recul avant de se stabiliser depuis le printemps 2023 à un niveau inédit en un quart de siècle.

Quelque 13,14 millions d'hommes et de femmes étaient au chômage en janvier au sein des vingt-sept Etats membres de l'UE, dont 11,01 millions parmi les vingt pays partageant la monnaie unique. Le taux de chômage s'établit à 7,5% en France, contre 3,1% en Allemagne, selon les données harmonisées d'Eurostat. Les taux les plus faibles de l'UE ont été enregistrés à Malte (2,6%), en Pologne (2,9%) et en République tchèque (3%). Les plus élevés ont été relevés en Espagne (11,6%) et en Grèce (10,4%).

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/03/2024 à 13:07
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[Le chiffre le plus scruté par les marchés financiers et la BCE, celui de l'inflation sous-jacente c'est-à-dire corrigée des prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation] Ben oui, c'est ce qui rend le dernier kilomètre le plus long.

à écrit le 01/03/2024 à 13:01
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Bonjour, sans joué au vilain petit canard, la France nous sommes bien loins de cette objectif... d'ailleurs avec la hausse de l'électricité, des produits de santé et de l'alimentation en général, l'inflation de devrait pas réduire en France... Honte ...

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