Vers une croissance sans emplois ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  464  mots
La France perdrait encore 13.000 emplois dans le secteur marchand au premier semestre
La France perdrait encore 13.000 emplois marchands au premier semestre mais en gagnerait 23.000 dans le secteur non marchand. La baisse du chômage n'est pas encore à l'ordre du jour avec un taux de chômage qui atteindrait 10,2% à la fin juin. Du jamais vu depuis 1997.

Certes, il y a un frémissement sur la croissance. Mais, dans un premier temps, l'emploi ne suivra pas, si l'on en croit la dernière note de conjoncture de l'Insee. Début 2015, la France continuerait même à perdre des emplois marchands (-18.000 au premier trimestre), avant sans doute d'en gagner au deuxième trimestre (5.000). Le solde resterait donc négatif au premier semestre comme il l'était en 2014 (-74.000) et en 2013 (- 66.000). Toutefois, l'Insee remarque que le solde négatif de 13.000 postes lors des six premiers mois de l'année 2015 serait moins marqué que celui enregistré en 2014 (- 37.00 en moyenne par semestre). Et ce, d'après l'Insee, grâce à la légère accélération de l'activité (l'acquis de croissance serait de 0,8% à la mi- année) cumulée avec les effets du pacte de responsabilité (baisses des cotisations et des impôts des entreprises) et ceux du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE). Le tout permettrait de créer (ou sauvegarder) 40.000 emplois au premier semestre 2015. A noter que l'intérim, considéré comme un indicateur avancé de l'emploi, augmenterait légèrement au premier trimestre (+ 8.000 au premier au premier semestre après + 2.000 au second semestre 2014).

Par grand secteur, l'Insee estime que si le tertiaire va créer des emplois, il y aurait 21.000 poste détruits dans l'industrie et également -  21.00 et dans la construction. Si, cette fois, on se focalise sur le secteur non marchand, le nombre d'emplois augmenterait au premier semestre de 23.000 essentiellement du fait des emplois aidés, après avoir déjà connu une hausse de 65.000 en 2014 (dont 49.000 contrats aidés). La loi de finances 2015 a prévu 320.000 entrées dans des dispositifs de contrats aidés non marchands, sur le seul premier semestre, près de 200.000 seraient déjà enregistrés.

Le taux de chômage à un niveau record de 10,2%

Il n'en reste pas moins que tous ces efforts ne parviendront pas - encore - à inverser la courbe du chômage. A la fin de l'année dernière, en France métropolitaine, le taux de chômage s'établissait à 10% (10,4% en incluant les Dom), soit 0,1 point de plus qu'à la fin du troisième trimestre. Sur l'ensemble de l'année 2014, il y a eu 123.000 chômeurs de plus. Or, selon l'Insee, le taux de chômage va augmenter de nouveau de 0,2 point pour s'établir à 10,2% à la mi-juin en France métropolitaine (10,6% en incluant les Dom), son plus haut niveau depuis 1997. La raison en est simple : la croissance est trop faible pour créer assez d'emplois afin d'absorber la progression de la population active. De fait, il y aurait 64.000 personnes en plus sur le marché du travail au premier semestre 2015 après, déjà, une progression de... 160.000 en 2014. La baisse du chômage attendra donc sans doute 2016.