3,3 millions de chômeurs supplémentaires en une semaine : du jamais vu aux Etats-Unis

Par Jérôme Marin  |   |  509  mots
(Crédits : Lucy Nicholson)
Le bond du nombre de demandeurs d'emplois s'explique par l'arrêt d'une partie de l'économie américaine, stoppée nette par la progression rapide de l'épidémie de coronavirus.

C'est un chiffre d'une ampleur inédite: la semaine dernière, 3,3 millions d'Américains ont effectué une demande d'allocations chômage. Ce chiffre est à comparé aux 281.000 inscriptions effectuées la semaine précédente. Et au précédent record de 695.000 demandes, enregistrées en octobre 1982, au plus fort de la récession consécutive au second choc pétrolier.

Le bond du nombre de demandeurs d'emplois s'explique par l'arrêt d'une partie de l'économie américaine, stoppée nette par la progression rapide de l'épidémie de coronavirus aux Etats-Unis. Et par la multiplication des mesures de confinement et de fermeture des commerces non essentiels dans de nombreux Etats, notamment à New York et en Californie. Or, aucun dispositif de chômage partiel n'est inclus dans la législation américaine. Les employés des restaurants fermés, par exemple, qui ont perdu leur travail ou été placés en congés sans solde, doivent s'inscrire aux allocations chômage.

Chiffres sous-estimés ?

Aussi mauvais soient-ils, ces chiffres pourraient en outre être sous-estimés, préviennent plusieurs économistes. "Les lignes téléphoniques se sont bloquées et les sites internet effondrés lorsque les gens se sont inscrits. Des millions d'autres déposeront leurs demandes dans les semaines à venir", souligne la banque ING dans une note publiée en amont des chiffres.

La question est de savoir quel pourcentage de ces suppressions de postes ne seront que temporaires: pour rouvrir ses portes dans quelques semaines, un restaurant devra réembaucher. Mais comme les pays européens, les Etats-Unis pourraient aussi connaître une contraction marquée de leur activité. Le cabinet Oxford Economics, le plus pessimiste, anticipe que le PIB américain pourrait se contracter de 12% au deuxième trimestre en rythme annualisé, soit un repli de 3% par rapport au trois premiers mois de l'année. De quoi menacer la survie de nombreuses entreprises.

Plan de relance

Pour y faire face, le Congrès américain est en passe de voter un plan de relance, lui-aussi, d'une ampleur inédite: 2.000 milliards de dollars. Celui-ci prévoit notamment d'allonger à quatre mois la période d'indemnisation du chômage, tout en augmentant le montant versé aux demandeurs d'emplois. Autre mesure: l'envoi de chèque aux familles. Jusqu'à 1.200 dollars pour les adultes gagnant moins de 99.000 dollars par an, et 500 dollars supplémentaires par enfant. Un moyen de soutenir la consommation, espère les parlementaires.

Le projet de loi, qui pourrait être promulgué d'ici à la fin de la semaine, inclut également 367 milliards de dollars de prêts pour les petites entreprises. Ces prêts n'auront pas à être remboursés si le bénéficiaire ne licencie pas ses salariés pendant la période de crise. En outre, 500 milliards de dollars supplémentaires seront alloués aux secteurs touchés de plein fouet par l'épidémie de coronavirus, comme les compagnies aériennes, les groupes hôteliers ou les croisiéristes. Pas forcément suffisant, estiment les économistes, alors que personne ne sait quand redémarrera véritablement l'activité.