20% de chômage aux Etats-Unis : vraie menace ou manœuvre politicienne ?

L'impact sur l'emploi pourrait être bien plus marqué aux Etats-Unis, où le chômage partiel n'existe pas. Mais de là à atteindre 33 millions de chômeurs ?

Le chiffre semble alarmiste: aux Etats-Unis, pays du plein emploi depuis des années, le taux de chômage pourrait grimper à 20% en raison de la propagation de l'épidémie de coronavirus. C'est l'avertissement lancé, mardi 18 mars, par Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor, lors d'une rencontre avec des sénateurs républicains pour discuter d'un vaste plan de relance. Un scénario noir, qui dépasse très largement les prévisions des économistes. Et qui pourrait donc n'être qu'un moyen de mettre la pression sur le Congrès.

Promettre le pire

Après avoir longtemps tenté de minimiser le potentiel impact économique de la crise sanitaire, l'administration Trump a changé de ton depuis quelques jours. Lors d'une conférence de presse, mardi, le président américain a même reconnu qu'une récession était possible. La Maison blanche propose désormais de lancer un gigantesque plan de relance, d'un montant compris entre 850 et 1.000 milliards de dollars (entre 780 et 918 milliards d'euros). Celui-ci reposerait notamment sur l'envoi d'un chèque de 1.000 dollars à tous les Américains.

Mais pour mener à bien son projet, Donald Trump doit d'abord obtenir le soutien du Congrès. Au Sénat, la majorité républicaine sait manifester son désaccord avec l'exécutif. La semaine dernière, son scepticisme avait contraint l'administration à abandonner son idée de suspension des charges sociales jusqu'à la fin de l'année. Et il faudra ensuite convaincre les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants. Et qui pourraient être réticents à offrir au locataire de la Maison blanche un cadeau électoral à huit mois des élections présidentielles.

Si l'optimisme semble de vigueur au sein de l'administration Trump, rien ne garantit cependant que les négociations puissent aboutir rapidement. Alors, pour se soustraite à une éventuelle impasse parlementaire, quelle meilleure solution que de promettre le pire ? Et d'en faire peser la responsabilité sur ceux qui n'auraient pas souhaité agir pour l'éviter ? Interrogée par le Financial Times, une porte-parole du Trésor reconnaît d'ailleurs qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse parmi d'autres, celle qui pourrait se réaliser sans aucune intervention.

33 millions de chômeurs ?

Un taux de chômage de 20% serait deux fois supérieur aux 10,2% enregistrés en octobre 2009, à la suite de la crise financière de 2008. Cela représenterait plus de 33 millions de chômeurs dans le pays. En février, le nombre de sans-emploi s'élevait à 5,8 millions, soit 3,5% de la population active. Une telle envolée paraît donc alarmiste: David Wilcox, du Peterson Institute for International Economics, table sur 3,5 millions de demandeurs supplémentaires. L'Organisation internationale du travail (OIT) anticipe, elle, 25 millions d'emplois supprimés au niveau mondial.

Reste que l'impact sur l'emploi pourrait être bien plus marqué aux Etats-Unis qu'en Europe. La législation américaine ne prévoit en effet pas de chômage partiel. Les employés des restaurants fermés, par exemple, doivent s'inscrire aux allocations chômage. Les premiers chiffres régionaux, rapportés par le Financial Times, font ainsi état d'un bond spectaculaire des inscriptions. Dans l'Ohio, par exemple, elles ont été multipliées par 27 en une semaine. Kevin Hassett, ancien économiste de l'administration Trump, prédit ainsi un million de chômeurs supplémentaires en mars.

La question sera alors de savoir quel pourcentage de ces suppressions de postes ne seront que temporaires: pour rouvrir ses portes dans quelques semaines, un restaurant devra réembaucher. Mais comme les pays européens, les Etats-Unis pourraient connaître une contraction marquée de leur activité. Le cabinet Oxford Economics, le plus pessimiste, anticipe que le PIB américain pourrait se contracter de 12% au deuxième trimestre en rythme annualisé, soit un repli de 3% par rapport au trois premiers mois de l'année. De quoi menacer la survie de nombreuses entreprises.

Commentaires 9
à écrit le 20/03/2020 à 14:02
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Ce chiffre de 20% ne fait que transposer ce qui se passe en Europe grâce au confinement, mais qui ne se voit pas grâce aux assurances chômage, à la population américaine. L'enjeu de cette épidémie est la prééminence de l'occident sur l'orient. L'Asie...

à écrit le 19/03/2020 à 17:02
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Ils peuvent aussi laisser faire, les plus vieux et faibles disparaîtront ce qui fera des charges en moins. Darwin , sélection naturelle

à écrit le 19/03/2020 à 13:00
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Il ne va pas faire bon travailler aux Etats-Unis...et ne pas y avoir les moyens de sa couverture sociale en plus... TRUMP n'est pas le sujet.

à écrit le 19/03/2020 à 11:56
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si confinement..... ça va être un jeu de massacre..... cette crise n 'est pas une crise habituelle du capitalisme...... c 'est une crise du modèle, dont le corona virus n 'est que la partie émergée...... et on s aperçoit que l économie réelle.... de...

le 19/03/2020 à 13:29
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Une crise du modèle ? Vous croyez vraiment que les modèles russes, chinois ou vénézuéliens et Corée du nord vont mieux s'en sortir ? Bien que très imparfait, le modèle capitaliste est sans doute celui qui le plus de souplesse pour s'adapter aux cri...

le 19/03/2020 à 15:42
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"l économie réelle.... de production et de service humain" se met à tousser quand un virus devient encombrant, indépendamment de tout "système", même avec du troc ou du pur bénévolat, ça "impacterait" (mot pas français je crois) les gens, le vivant.

à écrit le 19/03/2020 à 11:38
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Notamment celles qui concernent l'avenir. L'incertitude est totale en ce qui concerne l'avenir proche. Quelle sera la durée et l'intensité de l'attaque virale? Les chinois semblent avoir pas trop mal géré le truc, mais quid des USA avec leur syst...

à écrit le 19/03/2020 à 9:55
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Si le taux de chômage augmente aux USA à cause du coronavirus, celà ne durera pas très longtemps: l'economie américaine est resiliente et crée beaucoup d'emploi aussi bien pour trump qui s'en gargarise beaucoup et en fait un propos de campagne de réé...

à écrit le 19/03/2020 à 8:42
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y a bcp de services aux etats unis, alors forcement je pense qu'ils vont tres vite trouver des solutions ' on the fly'

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