6,6 millions de chômeurs supplémentaires en une semaine aux Etats-Unis, nouveau record

Par Jérôme Marin  |   |  617  mots
(Crédits : STEPHEN YANG)
Ce chiffre s'ajoute aux 3,3 millions de nouvelles demandes d'allocations chômage enregistrées la semaine précédente. Des économistes redoutent un taux de chômage supérieur à 30%.

6,65 millions de nouvelles demandes d'allocations chômage en une semaine. C'est du jamais vu pour l'économie américaine, touchée de plein fouet par la propagation rapide de l'épidémie de coronavirus. Ce chiffre est à comparer aux 3,3 millions d'inscriptions réalisées la semaine précédente, qui constituaient déjà à l'époque un record historique. Le précédent remontait à octobre 1982, au plus fort de la récession consécutive au second choc pétrolier (695.000 demandes).

Le bond du nombre de demandeurs d'emplois s'explique par l'arrêt d'une partie de l'économie américaine, stoppée nette par la progression rapide de l'épidémie de coronavirus aux Etats-Unis. Et par la multiplication des mesures de confinement, qui concerne désormais 96% de la population, et de fermeture des commerces non essentiels dans de nombreux Etats. Or, aucun dispositif de chômage partiel n'est inclus dans la législation américaine. Les employés des restaurants fermés, par exemple, qui ont perdu leur travail ou été placés en congés sans solde, doivent s'inscrire aux allocations chômage.

Ces mauvais chiffres ne seront cependant pas pris en compte dans les statistiques officielles du département du Travail, qui seront publiées ce vendredi. Car celles-ci s'arrêtent au 14 mars, soit avant le début des principales mesures de confinement. Les économistes misent, en moyenne, sur 10.000 emplois en moins. Mercredi, le cabinet ADP a fait état de la destruction de 27.000 postes dans le secteur privé sur cette même période. Il s'agit de la première contraction de l'emploi privé en dix ans.

Un taux de chômage de 32% ?

Depuis plusieurs semaines, les économistes cherchent à quantifier l'impact à court terme de la crise actuelle. Et leurs avis divergents fortement. JPMorgan tablent, par exemple, sur un taux de chômage de 8,5% au plus fort de la crise, quand Goldman Sachs prédit un taux maximal de 15%. La Réserve fédérale de Saint-Louis est encore plus pessimiste: elle redoute 47 millions d'emplois supprimés aux Etats-Unis, ce qui se traduira par un taux de chômage de 32%. En février, celui-ci n'était que de 3,5%.

La question est de savoir quel pourcentage de ces suppressions de postes ne seront que temporaires: pour rouvrir ses portes dans quelques semaines, un restaurant devra réembaucher. Mais comme les pays européens, les Etats-Unis pourraient aussi connaître une contraction marquée de leur activité. Les économistes de Goldman Sachs, parmi les plus pessimistes, anticipent que le PIB américain pourrait se contracter de 34% au deuxième trimestre en rythme annualisé. De quoi menacer la survie de nombreuses entreprises.

Plan de relance

Pour y faire face, le Congrès américain a adopté fin mars un plan de relance, lui-aussi, d'une ampleur inédite: 2.000 milliards de dollars. Celui-ci prévoit notamment d'allonger à quatre mois la période d'indemnisation du chômage, tout en augmentant le montant versé aux demandeurs d'emplois. Autre mesure: l'envoi de chèque aux familles. Jusqu'à 1.200 dollars pour les adultes gagnant moins de 99.000 dollars par an, et 500 dollars supplémentaires par enfant. Un moyen de soutenir la consommation, espère les parlementaires.

Le texte inclut également 367 milliards de dollars de prêts pour les petites entreprises. Ces prêts n'auront pas à être remboursés si le bénéficiaire ne licencie pas ses salariés pendant la période de crise. En outre, 500 milliards de dollars supplémentaires seront alloués aux secteurs touchés de plein fouet par l'épidémie de coronavirus, comme les compagnies aériennes, les groupes hôteliers ou les croisiéristes. Pas forcément suffisant, estiment les économistes, alors que personne ne sait quand redémarrera véritablement l'activité.