Avec un rendement astronomique, le gigantesque fonds souverain de la Norvège concrétise un nouveau record

Par latribune.fr  |   |  724  mots
Le plus gros fonds au monde, devant deux fonds chinois, a connu l'an dernier un rendement record de 2.222 milliards de couronnes, soit 197 milliards d'euros. (Crédits : Reuters)
D'une valeur stratosphérique pour le commun des mortels, de plus de 1.395 milliard d'euros, le plus gros fonds au monde a enregistré un rendement record en 2023, dopé grâce aux valeurs technologiques. Alimenté par les revenus pétro-gaziers de la Norvège, le fonds détient des parts dans près de 9.000 entreprises. Grâce à son poids, il en profite pour influencer la gouvernance de certains grands groupes.

Nouveau record pour le fonds souverain de la Norvège. Le plus gros fonds au monde, devant deux fonds chinois, a connu l'an dernier un rendement record de 2.222 milliards de couronnes, soit 197 milliards d'euros, tiré par les valeurs technologiques et la faiblesse de la devise norvégienne, a-t-il expliqué ce mardi. Exprimé en couronnes, ce chiffre concrétise le plus gros rendement annuel jamais affiché par le fonds. Ce dernier a vu sa valeur atteindre 15.765 milliards de couronnes à la fin 2023, soit 1.395,5 milliards d'euros.

« Malgré une inflation élevée et les troubles géopolitiques, le marché boursier a été très solide en 2023, en comparaison avec une année en berne en 2022 », a noté le patron du fonds, Nicolai Tangen, dans un communiqué.

« Les actions technologiques en particulier ont très bien performé », a-t-il noté.

Une bonne nouvelle pour le fonds qui a connu une année noire en 2022 : plus de 1.600 milliards de couronnes de perdues en un an (151 milliards d'euros) à cause de la guerre en Ukraine, l'inflation élevée et la hausse des taux d'intérêt.

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Pour rappel, au troisième trimestre 2023, le fonds souverain de la Norvège avait fait état d'une perte de 374 milliards de couronnes (32 milliards d'euros). Sur trois mois, le fonds avait ainsi dégagé un rendement négatif de 2,1%, voyant sa valeur ressortir à 14.801 milliards de couronnes (1.253 milliards d'euros) fin septembre. Le ou les responsables ? « Les secteurs de la technologie, de l'industrie et de la consommation discrétionnaire (les biens non-essentiels comme le luxe et l'automobile) », avait commenté le chef adjoint du fonds, Trond Grande, en octobre.

Des parts dans près de 9.000 entreprises

Censé faire fructifier les revenus pétro-gaziers de l'Etat norvégien pour financer les dépenses futures du généreux Etat-providence, le fonds est placé majoritairement en actions et en obligations.

Dans le détail, l'énorme bas de laine est investi à 70,9% en actions, une classe d'actifs qui a enregistré un rendement impressionnant de 21,3% l'an dernier. Les placements obligataires - qui représentent 27,1% de ses actifs - ont, eux, affiché un rendement de 6,1% en 2023. Enfin, les investissements dans l'immobilier (1,9% du portefeuille) ont plongé de 12,4%, plombés notamment par les taux d'intérêt élevés.

Le fonds détient des parts parmi 8.859 entreprises à travers le monde. Ce sont notamment les valeurs technologiques, dopées par l'engouement pour l'intelligence artificielle, qui occupent une place croissante. A titre indicatif, elles représentent désormais 22,3% de ses placements boursiers, contre 14,5% en 2019. Reflet de cette tendance, le podium des trois plus gros investissements individuels est formé par Microsoft, Apple et Alphabet, maison-mère de Google.

Outre les performances financières, la valeur du fonds norvégien a été dynamisée, à hauteur de 409 milliards de couronnes, par la faiblesse de la couronne norvégienne par rapport à plusieurs grandes devises.

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Un fonds qui s'engage

A travers ces placements massifs, en volume, le fonds norvégien profite ainsi de son poids pour influencer la gouvernance de certaines entreprises. Il a notamment incité les entreprises dans lesquelles il investit à réduire les rémunérations excessives de leurs dirigeants en 2023 : James Quincey de Coca-Cola, Tim Cook d'Apple et Ramon Laguarta de PepsiCo, selon un rapport interne.

Le fonds fait aussi campagne depuis 2021 pour augmenter le nombre de femmes dans les conseils d'administration des entreprises, ce qui serait directement corrélé à une meilleure gouvernance. Au printemps 2023, il a même annoncé qu'il allait désormais voter contre les nominations exclusivement masculines aux conseils d'administration des entreprises au Japon, où il a beaucoup investi. Jusqu'à présent les nominations qui ne contenaient pas au moins deux femmes dans les conseils d'administration des groupes américains et européens étaient retoquées.

Enfin, bien qu'alimenté par les revenus pétro-gaziers de l'État norvégien, le fonds souverain a fait du climat un de ses chevaux de bataille. Il impose ainsi des exigences en la matière dans les entreprises dans lesquelles il investit. Le fonds a ainsi commencé à investir dans des projets d'énergies renouvelables encore non cotés en Bourse, un segment très marginal où il a gagné 3,7% l'année dernière.

(Avec AFP)